vendredi 23 mai 2025

Marzi

4 de couv' :

Petite carpe

En Pologne, on dit que les enfants comme les poissons n'ont pas de voix.
En attendant de me faire entendre, j'essaye de prouver aux autres mon existence.
Mais le plus souvent, on ne me voit que quand je fais une bêtise...












Sur la terre comme au ciel

Alors les cris dans le vide-ordures, ce serait aussi un péché ?
Notons peut-être... Regarde, j'en ai vingt maintenant !
Et moi treize !
Invente un autre, ça porte malheur !
Tu crois que Dieu nous pardonnera ?
Vingt péchés, c'est beaucoup...
Si tu les regrettes et promets de ne jamais en refaire, c'est gagné !
Tu veux qu'il te pardonne ou pas ?
Oui mais oh, qu'est-ce qu'on va faire maintenant ?








Rezystor

La ville est tellement silencieuse et noire qu'elle paraît hostile et malveillante à faire peur.
Et dehors, quelque part dans la nuit, il y a mon papa.
Avec son vélo.
Il ne devrait plus travailler et pourtant il n'est toujours pas rentré.
Mais il n'est pas seul.
Avec lui, il y a d'autres papas avec des vélos.










Le bruit des villes

Mais qu'est-ce que tu fais là ?
J'attends les vaches...
Les vaches ?!?
Ça fait plus d'une heure qu'elles sont rentrées, ta tante est en train de les traire !
Elle se demandait où tu étais passée ?!











Pas de liberté sans solidarité

On crie ensemble avec beaucoup de vigueur : Solidarnosc !
Cest amusant de protester. Quand on est si nombreux, c'est tout de suite plus convaincant ! Precz z komuna ! À bas le communisme !

Ça deviendrait plus sérieux si à la maison il y avait autant de monde pour me soutenir : Precz z jajecznica ! À bas les oeufs brouillés !
Solidarnosc !!
Un rêve.







Tout va mieux...

Des sacs de riz, de farine, de sucre, du café, du thé, des shampoings, des savons, des lessives, des "budyns", des "kisiels" par milliers !

- Mais si elle avait déjà dix kilos de riz ou vingt kilos de sucre, pourquoi en achetait-elle encore ?
- Oh, tu sais, on pensait que rien n'allait changer, que la situation allait empirer. Elle faisait des stocks.









Nouvelle vague

- Cet été, le syndicat de mon usine peut envoyer les enfants d'ouvriers en colonie de vacances.
Soit au bord de la Baltique, soit dans les Tatras.
Je ne connais pas la mer, tu irais la voir pour moi, comme ça.

- Envoie-là à la montagne. Sinon elle va se noyer et on aura des soucis.












C'est suite à une newsletter de ma librairie de BD préférée que j'ai... Emprunté cette série de bandes dessinées à la bibliothèque.
Il y a beaucoup à lire dans cette BD. Beaucoup de textes et finalement pas autant de dialogues que dans d'autres donc attendez-vous à avoir un heure de lecture pour chaque tome. Pour ma part, j'en ai lu un par jour, la série m'a fait une semaine.

Le sujet, la vie d'une petite polonaise avant, pendant et après la chute du mur de Berlin me paraissait intéressant à plusieurs points de vue : pour commencer, parce qu'on peut lire tous les livres et articles que l'on veut sur cette période, rien ne vaut le témoignage (ou roman) d'une personne qui vous fait vivre une période historique de l'intérieur.
Ensuite, de façon plus égoïste, parce que Marzi et moi sommes de la même génération et si nous n'avons pas le même âge, seules quelques petites années nous séparent. En plus, nous sommes toutes deux enfants uniques.
J'ai bien aimé, entre autres, comparer ses souvenirs aux miens, chacune de notre côté du rideau de fer.

Elle est attachante, Marzi, avec ses beaux yeux grand ouverts sur le monde. Comme tous les enfants, elle regarde, observe, découvre, s'interroge sur ce qui l'entoure. Elle décrit un quotidien compliqué, parfois difficile, mais il y a les copains, les cousins, des moments de petites joies et et de petits bonheurs.
Il s'agit d'une vision d'enfant mais si elle ne connaît ou ne comprend pas toujours tout, elle est loin d'être bête et son regard neuf sur le monde n'en fait que davantage le mettre en relief dans les moindres détails.

Et puis elle grandi sous nos yeux, sa compréhension et son observation du monde évolue  avec elle. Mais la série ne parle pas que de la situation en Pologne, elle parle surtout de son enfance à travers les mille et un petit détails qui font sa vie. A travers elle on apprend la vie quotidienne et culturelle de ce pays à cette époque.

Et si la fin du rideau de fer, accueilli avec enthousiasme, n'apporte pas l'euphorie attendue (il va falloir s'adapter...), c'est quand même sur de belles vacances d'été et un bel espoir que s'achève la série.

Une belle réussite que cette bande dessinée, vraiment.
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samedi 17 mai 2025

La couleur de l'eau


4 de couv' :
"Enfant, je n'ai jamais su d'où venait ma mère." Arrivé à l'âge adulte, James McBride interroge celle qui l'a élevé et dont la peau est tellement plus claire que la sienne. Il découvre l'histoire cachée de Ruth, fille d'un rabbin polonais qui a bravé tous les interdits pour épouser un noir protestant en 1942. Reniée par sa famille, Ruth élève James et ses onze frères et soeurs dans la précarité, le chaos et la joie. Pour elle, peu importe la couleur de peau. Seul compte l'avenir de ses enfants. Ils feront des études, et ainsi choisiront leur vie. Tressant leurs souvenirs, James McBride raconte, plein d'amour et de fierté, une femme forte et secrète, lucide et naïve, imperméable aux préjugés : sa mère.


Inutile de dire que, en dehors du résumé, c'est la couverture de ce livre qui m'a attiré l'oeil et donné l'envie de le découvrir.

Si son contenu est un peu différent de ce que à quoi je m'attendais - une histoire joyeuse, drôle, enlevée - je suis loin d'être déçue tellement ce l ivre déborde de positif, et d'énergie. Lumineux est le terme que j'emploierais au final.

La vie de la mère de l'auteur est semée de noirceur et d'épreuves, mais elle a toujours su faire face. Parfois à sa manière, toute personnelle, mais toujours avec détermination et énergie. Quand on voit tout ce qu'elle a dû subir et affronter, on se dit que beaucoup auraient laissé tomber et se seraient laissé abattre, mais non. Cela n'a fait que renforcer sa détermination.

Sur le roman en lui-même, l'écriture est tendre - le regard de l'auteur pour sa mère - énergique et efficace (comme sa maman).
J'ai beaucoup aimé le fait que les chapitres alternent sa voix et celle de sa mère, chacun en complément de l'autre. Sa voix à lui retrace ses souvenirs d'enfants et donc sa vision d'enfant puis d'adolescent (on n'est pas fin à cet âge, et l'auteur cumule parfois les bourdes et les problèmes !). Celle de sa mère est plus froide, plus désabusée peut-être, pudique parfois, mais derrière se dévoile tout l'amour porté à sa famille et sa volonté de vivre sa vie comme elle l'entend, quoi qu'il arrive.

En cette période de fête des mères, un bel hommage de l'auteur à sa maman.
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dimanche 11 mai 2025

Saint Johnson

4 de couv' :
On l'a surnommé saint Johnson, par admiration, par dérision - parce qu'il ne vit et ne jure que par la loi. Wayt Johnson, propriétaire du saloon Golden Girl et marshal d'une bourgade de l'Arizona, n'a qu'un idéal : celui de faire régner la paix et l'ordre.
Rêvant de devenir shérif, il doit commencer par faire la police au sein de sa propre famille : son frère Jim, qu'il protège envers et contre tout, se laisse embarquer dans une attaque de diligence. Tandis qu'une querelle légendaire éclate entre deux clans, les Johnson et les Northrup...
Un western sobre, efficace et haletant - la première approche romanesque de la célébrissime fusillade d'OK Corral qui inspirera tans de film -, mais aussi une prise de position très en avance sur son temps au sujet du contrôle des armes à feu dans un pays qui est encore loin d'avoir réglé la question.


De cet auteur j'ai déjà lu il y a (déjà ?) 5 ans, "Terreur apache". je savait donc que cet auteur fait dans le western le plus classiques qui de nos jours (mais pas au moment de la partition de ses livres), pourraient paraître assez caricatural d'une certaine époque, tout en restant étrangement un témoignage de cette époque et d'une certaine mentalité parfois hélas bien actuelle...

Je en peux pas dire que j'ai franchement aimé ce roman. J'a vraiment eu l'impression de "voir" un western et c'est un cinéma que je n'apprécie vraiment pas. Ainsi, comme pour les film, je n'aime pas le fait qu'il n'y ait que des hommes au premier plan de l'histoire. Cette ville ne semble peuplée que d'hommes, que ce soit dans les rues, les commerces, les demeures familiales. Ce n'est que vers la fin du roman que sont évoquées les épouses (et les enfants), et encore de manière franchement anecdotiques. Les seuls personnages féminins évoqués régulièrement sont la défunte (enfin, il me semble) mère de nos héros, une mexicaine plus ou moins petite amie d'un des frères Johnson qui s'avèrera sur la fin être une prostituée, et sa mère maquerelle (fugace apparition, mais comme elle a droit à quelques dialogues...). Super, hein ?

Je dois avouer que j'ai eu du mal a-à comprendre les motivations des uns et des autres. Il faut dire que l'auteur nous met de plein pied dans un moment de vie des frères Johnson et leur entourage proche. Il ne s'embarrasse pas de descriptions de la ville, de présentation des personnages. Dès le premier chapitre, on passe d'un personnage à l'autre sans savoir les liens entre eux. Comme si on était un voyageur débarquant dans cette ville sans en rien connaître. Déstabilisant, intéressante approche, mais pas insurmontable.

Non, ce qui m'a dérangée est que je ne comprends pas les motivations des uns et des autres. Les antagonismes des uns et des autres, oui, mais le besoin de se chercher querelles à tout bout de champs, au point de sortir les armes ? Honnêtement, je trouve ça tellement débile que j'avais l'impression d'être dans une querelle de cour d'école, les armes en plus...

Sinon, j'ai apprécié le fait que, comme je le disais précédemment, on entre de plein pied dans l'histoire sans réelle description, prologue, explication du contexte. J'aime assez ce genre de procédé. Les différents chapitres du livre sont parfois de courtes séquences, dans le fil conducteur du livre, au point que j'ai fini par me demander s'il n'était pas sorti sous forme de feuilleton, comme ça se faisait à une époque (le livre est sorti dans les années 1930).

Donc sentiments mitigés pour ce roman, pas sûr que j'en lise d'autres de cet auteur.
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vendredi 9 mai 2025

L'odeur des clémentines grillées

4 de couv' :
Après un burn-out, Haewon quitte Séoul pour regagner son village natal perdu dans les montagnes. Elle y retrouve par hasard Eun-seop, un ancien camarade de classe qui gère désormais la librairie Goodnight, où il a créé un club de lecture. Rapidement, la jeune femme se fait une place parmi ses membres chaleureux et retrouve goût à la vie. Un quotidien dont la douceur sera bientôt troublée par une vague de froid sans précédent. Et la neige aura beau recouvrir le paysage, les secrets du passé comme les sentiments ne tarderont pas à refaire surface...

Je dois avouer que j'ai acheté ce livre autant pour le titre que pour la couverture.

Si l'écriture n'est pas exceptionnelle, l'histoire m'a particulièrement plue. Même si elle se passe en hiver et que la sensation de froid n'est pas ce que je préfère (dis celle qui est tellement fan de "Dans les forêts de Sibérie"  de Sylvain Tesson qu'elle possède ce livre dans tous les formats possibles et imaginables, film et audiobook inclus....), j'ai vraiment aimé cette impression de cocon rendue dans ce livre.

Je ne dirais pas que le personnage central est en burn-out, mais plutôt qu'elle est en perte de sens de sa vie et que revenir dans son village natal lui permet de reprendre place dans sa vie, se réconcilier avec une partie de son passé, et se construire un nouvel avenir. Repartir sur de bons rails, en sorte.
C'est aussi une jolie histoire d'amour, d'amitié, de complexité des liens familiaux.

Une jolie réussite que ce livre, entamé sans trop savoir à quoi m'attendre, une bonne surprise.

Mais si on pouvait me dire pourquoi, une fois de plus, on voit un chat en couverture alors que le seul animal domestique cité dans le livre est un chien...
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