4 de couv' :
L'Afrique n'a pas de secrets pour Queenie. Enfant, élevée à la dure dans les Midlands, elle a vu un noir à l'exposition de l'Empire britannique, et lui a même serré la main.
Maintenant adulte, son mari n'étant pas rentré des Indes où il servait dans la Royal Air Force, elle accueille deux locataires venus de Jamaïque : Gilbert, qui a lui aussi porté l"uniforme bleu de la RAF, et sa femme Hortense. Le couple subit, bon gré mal gré, le racisme ordinaire : dans l'Angleterre de l'immédiat après-guerre, ces ressortissants de la couronne britannique ne passent pas inaperçus. Gilbert surmonte les humiliations grâce à son esprit gouailleur. Hortense, quant à elle, toujours soucieuse de son élégance, est choquée par la misère ambiante, loin de ce qu'elle avait imaginé à l'ombre des manguiers.
Ce roman à quatre voix explore les rêves et désillusions des immigrés caribéens. Non sans évoquer la Jamaïque de l'entre-deux-guerres, une île fascinante dont l'exotisme offre un contraste saisissant avec l'Angleterre.
J'ai déjà goûté la marmelade, la meilleure que j'ai jamais dégustée (et à propos, avec un couvercle à ouverture vraiment facile : si les industriels français pouvaient en prendre de la graine pour tous les bocaux se trouvant dans le commerce, je leur en serais réellement reconnaissante). Je n'ai pas encore goûté la moutarde ni le thé, mais s'ils sont du même acabit... Mmmmmm !
Donc ma kube sitôt déballée, je me suis précipitée sur l'un des romans proposés.
Avant même de l'ouvrir, j'ai adoré ce livre des Editions Petit Quai Voltaire pour son format, la qualité et la douceur de papier. Habituée des livres de poche, j'avais un peu oublié ce qu'est un livre au papier de belle qualité et bien blanc, surtout. Ça paraît idiot à dire, mais il est vrai que plus le livre est beau et agréable au toucher, meilleure est la lecture.
En dehors de cet aspect pratique, force est de constater que j'ai vraiment aimé ce roman choral d'une subtilité et d'un humour qui frôlent la perfection. Les souvenirs des uns et des autres, l'âpreté de leurs situations et vécus respectifs, la réalité de leurs quotidien s'imbriquent petit à petit pour former un magnifique tableau d'ensemble ainsi qu'une étude féroce et humoristique de la société anglaise d'après-guerre.
Si le titre original, "Small Island", est probablement à double sens, le titre français, si différent, prend pleinement son sens à la fin du livre. Mais je regrette qu'il donne l'impression, avant lecture, d'une rencontre et le début d'une amitié entre les deux femmes, ce qui m'a un peu frustrée toute une partie de la lecture, mais ce sera mon seul bémol.
Cependant, l'écriture est tellement agréable (pour info, il s'agit ici d'une nouvelle traduction pour cette édition) qu'on finit par se laisser porter par elle et l'histoire en oubliant vite cet a priori.
Ce fut donc une lecture délectable, instructive, avec une conclusion que ni moi (surtout pas moi) ni les personnages n'avions vu venir.
Une belle réussite !
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