L'oeuvre de Jim Harrison danse, galope, tangue vers le large, embrasse l'infini d'un continent sans limites. Julip rassemble trois récits. Avec Chien Brun, d'abord, qui continue à crapahuter vers d'introuvables chimères en nous servant une nouvelle rasade de confessions impudiques, avec Philip Caulkins, un prof de 50 ans qui a le tort d'aimer Ezra Pound et qui sera chassé de son université. La troisième nouvelle raconte la pitoyable odyssée d'une délurée de 20 ans, Julip, qui trimbale son "joli morceau de cul" de bars en motels, cette Zazie aux semelles de vent ne semble pas avoir d'autres pénates que son vieux break Subaru.
Né sous le signe du coyote, Jim Harrison ne s'apprivoise pas par ces temps de sieste prolongée, il nous remet debout et nous offre bien plus qu'une tranche d'exotisme : une cure de sauvagerie.
Contrairement à ce qui est dit dans le quatrième de couverture, les nouvelles apparaissent, par personnage, dans cet ordre : Julip, Chien Brun, Philip Caulkins.
J'ai particulièrement apprécié cette lecture, autant pour les histoires, les personnages, que l'écriture.
Chacun à sa manière, les personnages sont un peu naïfs, un peu grotesques - sans tomber cependant dans la caricature, ce qui n'a pas dû être un exercice facile pour l'auteur - certains les trouveront peut-être crispants de par leurs défauts, moi je les trouve terriblement attachants.
Malgré l'adversité, malgré sa solitude, chacun arrive, bon an mal an, à avancer dans sa vie. Une solitude toute relative d'ailleurs car au fil de chaque histoire, nous découvrons qu'ils sont tous entourés de gens qui les aiment, les entourent, tentent de les protéger des aléas de la vie. Et surtout d'eux-mêmes et des problèmes qu'ils se créent...
Trois belles histoires, servies par une langue ô combien magnifique. Et en particulier pour la dernière, un plaisir réel pour les lecteurs de se plonger dans les descriptions de si beaux paysages. On en oublierait presque l'histoire, tiens.
Et dire que je n'étais pas plus enthousiaste que cela à l'idée de le lire... Il me motive encore plus d'en lire d'autres de cet auteur.
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