lundi 30 décembre 2024

Journal d'un marque-page

4 de couv' :
Ce journal a pour auteur l'un de ces fidèles compagnons de lecture que sont les marque-pages. Acquis par la douce Flore lors d'une visite au musée Gustave Moreau, notre signet va connaître les enchantements et les états d'âme d'un sujet soumis à la volonté de sa lectrice.
Des pages glacées de l'annuaire au mille-feuille de Guerre et Paix, ses tribulations littéraires nous offrent un miroir inattendu dans lequel chacun pourra contempler, comme pour la première fois, le sentiment amoureux qu'il entretient avec les livres, et se pardonner d'être un lecteur versatile, parfois paresseux, souvent exclusif, pourvu qu'il n'en soit jamais rassasié.

Difficile d'être lecteur ou lectrice et de ne pas se laisser tenter par un roman en rapport avec les livres : bibliothèque, librairie, et maintenant marque-page. Je ne verrai plus les miens du même oeil à présent...

Notre narrateur est donc un marque-page acheté à la boutique du musée Gustave Moreau. Déjà parfaitement érudit, d'un phrasé et aux références littéraires parfaits, avoir l'indiscrétion de lire son journal est pur bonheur et amusement.

Mais pas que : le lecteur se retrouve en lui et ses réflexions sur les lectures qui lui sont imposées (et forcément fragmentées, ne pouvant lire l'ouvrage qu'aux pages qu'il est censé marquer, d'où une certaine frustration). J'ai adoré le passage où il étrille certains ouvrages philosophiques, en particulier "L'être et le néant" de Sartre, sur lequel j'ai tant peiné en terminale (pas longtemps, je pense que le prof de philo avait compris qu'il avait été là un peu trop ambitieux pour les philosophes en herbe que nous étions).

Sa découverte de la vie en dehors des livres nous fait voyager comme lui au gré des destinations de sa propriétaire, là encore avec bonheur (et ravissement).

Ses atermoiements sur son statut de signet (objet ne pouvant se déplacer par lui-même) et son devenir reviennent un peu trop souvent à mon goût. Mais ce livre étant une fine observation des lecteurs, de leurs goûts, de leur plaisir (ou pas) de lire, ainsi que celle du monde de l'édition et des différents formats des livres et des autres signets, bref du monde des livres dans leur ensemble, que l'on fait abstraction de ce défaut. Sans compter les multiples et plaisantes références littéraires (je dois reconnaître que j'ai dû chercher sur Internet celle de la toute fin).

Lecture sympathique, douce, érudite et agréable de cette fin d'année.
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dimanche 29 décembre 2024

La panthère des neiges (beau livre)

4 de couv' :
"Il y a une bête au Tibet que je poursuis depuis six ans, dit Munier.
Elle vit sur les plateaux. Il faut de mongues approches pour l'apercevoir.
J'y retourne cet hiver, viens avec moi.
- Qui est-ce ?
- La panthère des neiges, dit-il.
- Je pensais qu'elle avait disparu, dis-je.
- C'est ce qu'elle fait croire."


Certes, j'avais déjà lu ce livre en 2020, dont je me suis fait offrir cette version par la suite, ne résistant pas à ce bel ouvrage et surtout ses photos.

L'ensemble se complète admirablement bien, et je dois reconnaître que les magnifiques photos de Vincent Munier m'ont d'autant mieux fait apprécier le texte de Sylvain Tesson.

Si le talent de ce dernier pour décrire - les paysages ou la moindre partielle de choses, personnes ou animaux observés - n'est plus à louer, je dois avouer qu'il est parfois frustrant de se contenter de descriptions. Au cours des lectures de ses récits de voyage, on a envie de "voir" ce qu'il a vu et si évidemment on ne va pas se précipiter sur place le livre en main, le fait de ressortir ses livres en version illustrée avec les photos du voyage, quand ce n'est pas en film, est une excellente initiative (et très lucrative pour l'éditeur, oui je sais, je ne suis pas naïve).

Et en ces temps d'hiver, rien de plus approprié qu'un livre se déroulant dans un pays de neige, le meilleur livre qu'on puisse trouver en ces fêtes de fin d'année. Bulle de douceur, beau texte, superbes photos, ma meilleure idée de lecture de décembre.
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samedi 28 décembre 2024

Contes pour jeunes filles intrépides des quatre coins du monde

4 de couv' :
Oubliez les princesses apeurées, les jeunes filles pauvres qui cherchent un mari fortuné, les orphelines courbant sous le joug d'une marâtre, les épouses soumises : les héroïnes dont Praline Gay-Para a rassemblé les histoires ont en commun leur ingéniosité, leur indépendance, leur courage, leur audace. Jeunes ou plus âgés, filles de roi, de tisserand, de bûcheron ou de mendiant, elles prennent en main leur destinée et accordent le monde et la vie à leurs rêves. Leurs aventures nous font voyager dans le monde entier, de la Sibérie au Soudant, de la Corée à l'Arménie.
Praline Gay-Para choisit des contes avec amour,  se les approprie, les interprète, les modifie si l'envier ou le besoin s'en font sentir, et les raconte avec verve et talent... perpétuant à l'écrit une tradition orale millénaire. Au lecteur du XXIe siècle, à son tour, de s'en emparer !


Qui dit période de Noël, dit lectures de Noël et assimilées.  Quoi de mieux donc qu'un livre de contes ?

Alors, 24 contes en 171 pages, cela donne forcément de courtes histoires, ce qui donne envie de les développer davantage tant parfois elles paraissent résumées, mais quel bonheur de les lire, de les découvrir surtout ! Quiconque a un peu de curiosité  culturelle ne peut qu'aimer passer d'un pays, voire d'un continent à l'autre à la rencontre de chaque histoire.

Les héroïnes sont audacieuses, drôles, malignes, courageuses et on prend réellement plaisir à suivre leurs pérégrinations.

Chaque histoire est un vrai petit bonbon de bonheur à savourer avec gourmandise, je réitèrerai l'expérience, l'autrice n'étant pas à son coup d'essai sur les contes.

A savourer sans modération !
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vendredi 27 décembre 2024

Les recettes des dames de Fenley

4 de couv' :
Angleterre, 1942. La résistance féminine s'organise... Derrière les fourneaux !
Prenez des femmes déterminées, des prisonniers de guerre et des hommes malveillants, ajoutez quelques recettes excentriques, saupoudrez d'une bonne dose d'humour typiquement british... Après le succès de la La Chorale des dames de Chilbury, Jennifer Ryan nous ouvre l'arrière-cuisine de la Seconde Guerre mondiale : un régal !
Épuisée par le conflit, ravagée par le Blitz, confrontée à une terrible pénurie alimentaire, l'Angleterre de Chruchill invite les ménagères à participer à un concours de cuisine via les ondes de la BBC. La gagnante deviendra la première femme à coanimer une émission radiophonique.
Lancées à corps perdu dans la compétition, quatre participantes vont révéler des trésors d'habileté et de ruse. Car l'enjeu est de taille, et ce concours, qui avait pour but de resserrer la communauté, risque de la diviser...


Autant j'avais aimé La Chorale des dames de Chilbury, autant ce roman-ci m'a un peu déçue.

Il est clair que l'autrice reprend les mêmes ficelles que dans le roman précédent. A propos, il ne s'agit pas d'une série de livres, bien que tous (il y a un troisième livre) parlent de femmes dans une période donnée de la seconde guerre mondiale.

Je n'ai pas accroché du tout à l'écriture, que j'ai trouvé assez mauvaise, surtout au début du livre. Les personnages sont assez marqués et du coup un peu trop caricaturaux. L'histoire est assez convenue, parfois mièvre.
Le plus sympa, ce sont les recettes qui ponctuent chaque chapitre, même si je dois dire que j'eusse aimé qu'on convertisse ou explique à quoi correspond "une tasse", qui certes est un système de mesure classique en Angleterre, mais pas ici. je dois reconnaître que j'ai sauté la plupart des recettes. Merci à l'autrice d'avoir précisé en fin de livre qu'elles ont vraiment existé !

Mais : j'avais envie d'une lecture légère et j'ai fini par me prendre au jeu.
Oui, on se doute que les difficultés rencontrées vont être surmontées, certains passages se voulant des coups de théâtre sont tellement évidents dans ce type de livre qu'on s'y attend, voire qu'on les espère et on n'est pas déçus, et tout est bien qui finit bien (bon à la fin du livre, on est toujours en 1942, hein, la guerre est loin d'être terminée...).

Juste la lecture qu'il me fallait en ce moment, une vraie lecture de Noël (qui se passe en été, mais évitons de s'attarder sur les détails...).
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jeudi 26 décembre 2024

Justice de rue

4 de couv' :
Smokey Dalton retrouve dans un hôtel sordide celle qu'il considère comme sa nièce, la jeune Lacey, treize ans. Elle a été violée et battue. Dalton n'aura plus alors qu'un objectif en tête : démanteler un réseau de prostitution et d'esclavage qui sévit depuis des années...


Et voici le dernier tome de la série "Smokey Dalton" (ou du moins le dernier en date, sait-on jamais, l'autrice est peut-être en train de  nous concocter la suite... ?).

Cette enquête est pour Smokey la plus personnelle, où, oscillant entre devoir familial, colère vengeresse et besoin de justice, il lui faudra trouver la meilleure solution sans trébucher et tomber du mauvais côté. Et comme toujours, préserver sa couverture et celle de son fils adoptif.

Une enquête un peu différente des autres (bien qu'elles soient chacune uniques en leur genre), plus axée encore sur la famille qu'il s'est créée et les amis qui l'entourent. Une fin originale, peut-être un peu trop facile ? Une conclusion où pointe l'espoir.

Mais une très bonne enquête de ce cher Smokey.
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dimanche 22 décembre 2024

La péninsule aux 24 saisons

4 de couv' :
Dans un paysage de mer et de falaises d'une beauté paisible bien loin de Tôkyô, une femme en désaccord avec le monde entreprend la redécouverte d'elle-même et passe des jours heureux d'une grande douceur.
En compagnie de son chat, elle fera durant douze mois l'apprentissage des vingt-quatre saisons d'une année japonaise. A la manière d'un jardinier observant scrupuleusement son almanach, elle se laisse purifier par le vent, pt"pare des confitures de fraises des bois, compose des haïkus dans l'attente des lucioles de l'été, sillonne la forêt, attentive aux présences invisibles, et regarde la neige danser.
Vingt-quatre saisons, c'est le temps qu'il faut pour une renaissance, pour laisser se déployer un sensuel amour de la vie.


Douceur est le maître mot de ce livre. On se trouve dans une bulle, un cocon, presque en vacances, dans cette péninsule. Et si tous les personnages vaquent à leurs occupations (désherbage, coupe de bambou, récolte du miel, préparation de bocaux en tout genre pour ne citer que ceux que j'ai le plus retenu), nous lecteurs restons confortablement installé à observer avec eux les changements de saison.

Car il s'agit ici beaucoup d'observer, avec curiosité, parfois amusement, ce qui nous entoure, de s'approprier et respecter une nature et un climat qui nous sont nouveaux, et d'apprécier et être reconnaissant pour les mille et un petits bonheurs que nous apportent la vie. Rien de mieux que cette péninsule pour se retrouver.

L'autrice ne dépeint pas une nature et un lieu idyllique, au contraire. Mériter son coin de paradis signifie beaucoup de travail et d'entretien. Et ce lieu, humains obligent, comporte sa part d'ombre contrebalançant ce qui semblerait trop parfait, voire mièvre, mais rétablissant aussi un équilibre, et faisant d'autant mieux apprécier le beau.

Et nous recentrer vers ce qui fait l'essentiel de notre vie. La narratrice en fera un choix de vie.

Mon seul regret dans ce livre est de ne pas l'avoir conservé pour la toute fin de l'année, que  j'aurais ainsi terminée en beauté. 

Mon meilleur souvenir de lecture de cette année.
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