vendredi 28 février 2025

Bienvenue à la librairie Hyunam

4 de couv' :
Elle est entrée dans sa librairie. Elle se sentait bien ; son coeur se réjouissait, son corps entier se détendait, elle s'abandonnait au plaisir de retrouver son lieu de travail. La journée commençait.
Quand certains ont imaginé le paradis comme une bibliothèque, d'autres choisiront sans hésiter une librairie. En garnissant les rayonnages de sa nouvelle librairie, Yeong-ju y met tout son coeur, comme si elle essayait, avec les livres, de renouer avec une amie perdue de vue depuis sa jeunesse. Elle répond aux demandes des lecteurs, même les plus surprenantes, elle cherche un livre pour dégeler le coeur et glisse parfois dans les volumes de petites notes de la taille d'une paume, qu'elle conclut par "ce roman m'adonné ce plaisir".
Elle découvre aussi le plaisir d'organiser des rencontres avec des écrivains, d'animer un club de lecture, d'accueillir un atelier d'écriture, de conseiller des livres avec la joie d'éteindre souvent des chagrins avec une heure de lecture. La librairie devient rapidement le coeur battant du petit quartier de Hyunam où se nouent des amitiés, des interrogations sincères sur le sens de la vie et le pouvoir des livres.
Il y a à ses côtés le barista Min-jun, qui trie les grains de café comme les mauvaises pensées, Jimi la torréfactrice passionnée, sans compter les habitués qui ont élu domicile parmi les livres, comme Jeong-seo qui tricote des éponges en forme de pain de mie entre les bibliothèques.
Une belle déclaration d'amour à la librairie.


C'est quand même amusant de constater le nombre de romans sur des librairies qui existent. Ou les bibliothèques. Après celui sur les mémoires d'un marque-page, j'adorerais en lire un sur un livre emprunté à la bibliothèque... Attendez, n'existe-t-il pas déjà un roman sur un livre qui passe de mains en mains ? A creuser...

C'est justement à cause du thème que je l'ai emprunté à la bibliothèque. Ce roman a connu un énorme succès en Corée, ce n'est qu'au fil de la lecture que j'ai fini par comprendre pourquoi.

Si l'écriture n'a rien de particulier, le fait est qu'on se sent bien, dans cette librairie, ou plutôt ce roman. Petit à petit, se constitue un groupe d'habitués, ou plutôt d'amis. L'empathie est discrète mais réelle et chacun apporte aux autres ce qui leur manquait. Chacun observe et conseille les autres avec bienveillance et franchise. Ce cercle s'étend progressivement et si les réseaux sociaux sont mentionnés (époque oblige), ils sont loin de prendre beaucoup ni toute la place.
Chacun influence positivement les autres, surtout au moment de faire des choix de vie. Ou réaliser ce qui est pour eux le plus important.

Mais ce n'est pas le plus important de ce roman. Ce sont surtout les différentes réflexions des uns et des autres sur le sens de la vie, la place et le sens du travail pour chacun dans ce pays, et la recherche du bonheur qui en font toute sa richesse. Et dans un pays où visiblement, se donner à fond dans le travail dès le plus jeune âge (beaucoup de compétition visiblement dès l'école) est la norme. Visiblement, les mentalités changent, et les nouvelles générations (entendez par là moins de quarante ans) commencent à ne plus vouloir d'une vie basée uniquement sur le travail et l'argent à gagner.
Je pense que c'est l'une des raisons les plus importantes du succès de ce roman.

En tout cas, si une telle librairie existe, j'apprécierais grandement de la visiter...
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vendredi 21 février 2025

Les Mémés, tome 5 - Punks à chiens

4 de couv' :
God save the Mémés !
Huguette, Paulette et Lucette remettent le couvert !
Pressque en phase avec leur temps, elle portent un regard plein d'humour sur le monde qui les entoure : le coiffeur, le supermarché, le bout de la rue... leur vaste univers, quoi ! Et sans fausse pudeur, loin de là..
Une recette à base d'énergie, d'une pointe de cynisme et d'une grande rasade de bonne humeur.
A consommer sans modération.


Quel bonheur pour moi de retrouver mes chères Mémés, aussi trash que tendres (si, si je vous jure, de vraies Mams Goudig ou Mams Goz à la sauce rock n' roll) qui m'ont procurés de bons éclats de rire salvateurs lors d'une semaine de travail bien chargée.

Des situations improbables mais tellement bien amenées, une façon décalée de voir la vie, ne pas s'en laisser compter et rester moderne autant que possible, des chutes hilarantes tellement on ne s'y attend pas : vraiment, à chaque tome qui passe, l'auteur sait se renouveler et ne nous lasse pas, pour notre plus grande hilarité !

Yes, Mémé is not dead ! Bravo !

mardi 18 février 2025

Une femme debout

4 de couv' :
République dominicaine, 1963. Sonia Pierre voit le jour à Lecheria, dans un batey, un campement de coupeurs de canne à sucre. Consciente du traitement inhumain réservé à ces travailleurs, elle organise, à treize ans, une grève pour faire valoir leurs droits. Rare habitante du batey à suivre des études, elle deviendra avocate et consacrera son existence à combattre l'injustice.
Cette vie de lutte pour les droits humains fera d'elle une grande figure féministe, distinguée par de nombreuses récompenses, pressentie pour le prix Nobel de la pais. Mais si sa riche existence la mène à croiser les grands de ce monde, elle ne s'éloigne jamais des siens, parfois au péril de sa santé et de sa sécurité, tant son courage et son intégrité dérangent...


Comme on peut s'en douter, déambulant dans ma librairie préférée, c'est cette couverture qui m'a attiré l'oeil et en voyant le nom de l'autrice, je n'ai guère hésité avant de tendre la main pour lire la quatrième de couverture et ajouter ce livre à ma pile d'achats du jour (ou plutôt du mois, c'est déjà bien suffisant).

Si j'ai renoué avec plaisir avec l'écriture de l'autrice, je suis un peu plus mitigée sur le contenu du livre : je trouve que cette biographie, réel hommage à Sonia Pierre, survole un peu ce qui en aurait dû en être davantage le centre, à savoir son action, de façon concrète.

L'autrice retrace très bien le parcours de ses parents et ce qui les a amenés d'Haïti à la République Dominicaine, leur installation là-bas, tout ce qui fait qu'ils ne peuvent en repartir, les conditions de vie, les premières années de Sonia Pierre jusqu'à la fin de ses études...
Puis on fait un bon dans le temps douze ans plus tard, quand elle a déjà tout mis en place en créant le MUHDA.
Cette partie là m'a vraiment manqué. J'aurais vraiment voulu savoir comment elle a mis tout cela en place, les moyens, l'énergie déployée, les contacts pris, les difficultés surmontées, des tout débuts jusqu'à cette reconnaissance internationale.
De cela, rien.

Rien non plus, ou si peu, de sa vie de femme. On sait qu'elle rencontre son mari pendant ses études, leur mariage est évoqué, ainsi que le fait qu'ils ont eu des enfants, mais ce n'est qu'à la toute fin qu'on apprend qu'elle a eu deux filles. Là encore, j'aurais aimé en savoir un peu plus et surtout comment elle a pu articuler son métier, son association, avec sa vie personnelle, et aussi comment elle arrivait à en vivre.

J'imagine bien que cela manque essentiellement car ce livre a été écrit bien après le décès de Sonia Pierre et qu'il est difficile d'écrire une biographie d'une telle figure contemporaine sans pouvoir en parler directement avec la personne. J'ai l'impression que l'autrice n'a pu que se baser sur les articles de presse.

Ce qui ne veut pas dire que cette biographie est ratée, au contraire. J'exprime juste ici une certaine frustration apparue à la lecture du livre. De plus, la biographie est un peu romancée (mais là je pense que faute de matière suffisante, l'autrice a dû faire ce choix), ce dont je me méfie comme pour toute biographie. Certains aspects de sa vie, en étant romancés, ont été modifiés, ce que je ne trouve pas vraiment utile.
Je regrette aussi que l'autrice ne nous évoque ses choix d'écriture qu'en postface, et non en préface.

Cependant, ce livre est aussi une réussite. En mettant en lumière une personne hors du commun, qu'à ma grande honte je ne connaissais pas, et son action.
Et surtout en mettant en lumière la façon franchement minable dont on été traités les travailleurs des bateys, comment ils ont été exploités, le manque de reconnaissance de ce pays qui ne les a pas accueillis mais exploités, et la façon dont encore de nos jours ils sont considérés.

Et rien que pour ça, l'autrice a parfaitement rendu hommage à Sonia Pierre et son travail de toute une vie, preuve qu'il se perpétue.
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samedi 15 février 2025

La proie

4 de couv' :
Au Cap, Benny Griessel et Vaughn Cupido, de la brigade des Hawks, sont confrontés à un crime déconcertant : le corps d'un ancien membre de leurs services, devenu consultant en protection personnelle, a été balancé par une fenêtre du Rovos, le train le plus luxueux du monde. Le dossier est pourri, rien ne colle et pourtant, en haut lieu, on fait pression sur eux pour qu'ils lâchent l'enquête.
À Bordeaux, Daniel Darret, ancien combattant de la branche militaire de l'ANC, mène une vie modeste et clandestine, hanté par la crainte que son passé ne le rattrape. Voeu pieux : par une belle journée d'août, un ancien camarade vient lui demander de reprendre du service. La situation déplorable du pays justifie un attentat. Darret, qui cède à contrecoeur, est aussitôt embarqué, via Paris et Amsterdam, dans la mission la plus dangereuse qu'on lui ait jamais confiée. Traqué par les Russes comme par les services secrets sud-africains, il ne lâchera pas sa proie pour autant...


Ce fut un véritable plaisir que de renouer avec une enquête de Griessel et Cupido, même plaisir qu'avec les premières enquêtes de la série.
Même si nos deux comparses ont - tout comme moi - vieilli, et que les nouvelles technologies sont passées par là (ce qui est intéressant pour moi et tout autre lecteur de ma génération et donc celle des personnages, c'est cette impression de vieillir ensemble),  et que l'espoir d'une nouvelle Afrique du Sud a fait place à une amère désillusion, l'un des thèmes centraux de ce roman, on retrouve l'excellente recette de l'auteur pour cette série de polar, recette qu'il arrive toujours à renouveler.
En y ajoutant un vieil ingrédient : quel bonheur ce fut pour moi de comprendre qui se cachait derrière l'identité de Daniel Darret !

Le fait que ce polar raconte deux histoires en parallèle qui, bien que très différentes, on se doute qu'elle vont se retrouver à la toute fin, ajoute à la tension.
D'autant qu'elles se jouent sur deux pays, l'Afrique du Sud et la France (Deon Meyer est un amoureux de Bordeaux et de la France et ça se voit) et donc deux continents, ce qui fait qu'on se demande avec bonheur, et sans doute aucun, comment l'auteur va retomber sur ces pattes (et nous avec).

Je vais me répéter, mais comme toujours Deon Meyer nous a concocté un scénario impeccable, parfaitement maîtrisé, les deux histoires en parallèle faisant mutuellement augmenter la tension jusqu'au dénouement,  haletant, où ce n'est quasiment qu'à la toute dernière page (hors épilogue) où on va savoir ce qui va arriver. Tirera ou ne tirera pas ?

Et surtout la question la plus importante, qui va tarauder Griessel tout au long de l'histoire : dira-t-elle oui ou non ? Son stress devient vite le nôtre tellement on s'est attaché au personnage ces dernières années, en lui souhaitant de connaître enfin le bonheur.

Pour connaître les réponses à ces questions, vous savez quoi faire...
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