dimanche 29 juin 2025

Haikus

4 de couv' :
Si Sôseki le romancier est de longue date traduit et commenté chez nous, une part plus secrète et à la fois plus familière de son oeuvre nous est encore inconnue. Sôseki a écrit plus de 2500 haikus, de sa jeunesse aux dernières années de sa vie : moments de grâce, libérés de l'étouffante pression de la vie réelle, où l'esprit fait halte au seuil d'un poème, dans une intense plénitude.
"Affranchis de la question de leur qualité littéraire, ils ont à mes yeux une valeur inestimable, puisqu'ils sont pour moi le souvenir e la paix de mon coeur... Simplement, je serais heureux si les sentiments qui m'habitaient alors et me faisaient vivre résonnaient, avec le moins de décalage possible, dans le coeur du lecteur."

Ce livre est un vrai petit bijou. Non seulement par la qualité de le sélection des haikus rassemblés ici, mais aussi par les illustrations dont la plus grande partie est de Sôseki lui-même (et quand ce n'est pas le cas, ce sont les calligraphies qui les accompagnent qui sont de la main de l'auteur).

Une belle initiation aux haïkus - car la première partie est très pédagogique et très abordable pour les non-inités -, à cet auteur, et à cette partie de la culture japonaise.

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vendredi 27 juin 2025

L'homme qui fouettait les enfants

4 de couv' :
Il a crié "Fils" et il lui a tiré dessus en plein tribunal. Puis le vieux Brady a demandé que le shérif lui laisse deux heures, et il est parti. Si tout le monde connaît les faits ici, à Bayonne, en Louisiane, ils sont peu nombreux à pouvoir les expliquer. Sauf peut-être les vieux du salon de coiffure qui passent leur journée à discuter... Eux connaissent Brady, l'homme qui fouettait les enfants, et savent bien pourquoi il agissait ainsi autrefois. Pour eux tout est clair, mais il faudra que le narrateur, jeune reporter au journal local, passe la journée à les écouter pour comprendre. Et pour que se dessine leportrait d'un homme au passé et à la personnalité complexes, et d'une communauté noire, confrontée depuis toujours aux mêmes difficultés... Un récit plein de verve et d'humanité.


Si j'ai moins accroché à ce livre - car commencé un soir où j'étais fatiguée et l'ai reposé au bout de trois pages pour dormir, puis lu de façon hachée pour les mêmes raisons - ce n'est dû qu'à moi et non à la qualité d'écriture de l'auteur.

Chronique d'un épisode marquant d'une petite ville du sud des États-Unis, ce court roman recèle toute une galerie de personnages hauts en couleurs, en particulier dans le salon de coiffure. Deux personnages - jeunes ceux-là - se substituent au lecteur : le journaliste, et un autre homme, de passage dans la ville. Le journaliste se contente d'observer, tandis que l'autre homme, lui, trépigne d'impatience en se demandant où veulent en venir les anciens qui parlent de Brady et retracent, à travers lui et sa vie, celle de la ville et implicitement, de toute une société.

Comme toujours avec Ernest J. Gaines, un texte court mais fort, autant par ce qui est écrit que par ce qui est mis entre les lignes.
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dimanche 22 juin 2025

Charaf ou l'honneur

4 de couv' :
Charaf ("honneur" en arabe), un jeune égyptien d'une vingtaine d'années, traîne son désoeuvrement dans une rue commerçante du centre-ville du Caire, haut lieu d'une société de consommation à laquelle il n'a pas accès. Devant une salle de cinéma, un étranger lui offre une place et l'invite, après le film, à poursuivre la soirée chez lui. Charaf accepte mais, quand son hôte lui fait des avances, il le frappe d'une bouteille de whisky et le tue accidentellement. Condamné à une lourde peine de prison, Charaf a pour voisin de cellule le Dr Ramzi, pharmacien copte qui, après une tentative en politique, fit carrière dans une multinationale pharmaceutique avant d'être victime, en raison de sa probité et de son patriotisme, d'une machination l'impliquant dans une affaire de corruption.
Avec le style incisif qu'on lui connaît, où le document s'insère comme une pièce à conviction dans la trame du récit, Sonallah Ibrahim dresse le terrifiant tableau d'une Egypte livrée corps et âme au capitalisme sauvage. Aucun de ses personnages ne peut contrôler sa destinée, nu Ramzi, l'ancien militant nassérien, ni Charaf, le pur produit du sadatisme. Si l'un est réduit à hurler de vaines proclamations depuis sa cellule disciplinaire, l'autre n'a de chance de s'en sortir qu'en perdant "l'honneur" qui lui a valu de se retrouver en prison.


J'ai découvert cet auteur l'année dernière avec "Warda", qui m'avait donné envie de lire ses autres romans et j'en avais acheté deux, dont celui-ci.

J'aime beaucoup l'écriture de cet auteur qui m'a fait immédiatement plonger dans l'histoire de ce Candide qui découvre la vie, la prison, la vie en prison.
Le propos de ce livre n'est pas spécialement ou pour mieux dire pas seulement, la vie en prison. Mais à travers le parcours de chaque détenu, c'est tout une peinture de l'Egypte qui est décrite ici. Un humour subtil et grinçant, où personne ne sort indemne, que ce soit la population et la société égyptienne, leur gouvernants et... les pays occidentaux et surtout les multinationales, qui semblent aux manettes du monde.
A ce sujet, se rappeler deux choses : l'auteur est communiste donc de parti pris mais il faut bien dire qu'il n'a pas tort sur la partie politique et économique du texte (partie deux, qui sont les écrits du Dr Ramzi) et surtout que ce livre est paru en 1997 (1999 pour l'édition française). Et bien qu'il ait déjà presque trente ans, ce texte est désespérément d'actualité...

Si la partie deux m'a un peu agacée, non par son contenu car j'y retrouve pas mal de mes opinions (quoique l'auteur aille bien plus loin dans son analyse et ses critiques, orientation politique et origines obligent), mais plutôt parce qu'elle m'a donnée l'impression sur le moment que le roman était un prétexte pour l'auteur d'y livrer son plaidoyer sur un sujet qui lui tenait à coeur.
J'ai probablement tort, mais j'ai ressenti un décalage par rapport au reste du texte qui m'a un peu dérangée. Certes, il s'agit du texte d'un personnage dans celui du roman donc il est normal qu'il y ait décalage, mais même si maintenant que je l'ai fini, je le trouve logique, sur le moment cela m'a moins plu.

Globalement, j'ai bien aimé cette lecture qui m'a donné d'en apprendre plus sur cette partie du monde.
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samedi 7 juin 2025

Les films de Clint Eastwood

4 de couv' :
Lancé dans les années soixante par Sergio Leone comme protagoniste de la célèbre "trilogie du dollar", Clint Eastwood s'est transformé d'abord en une icône du policier d'action, puis en un réalisateur sensible, au talent éclectique, jusqu'à devenir l'un des hommes de cinéma les plus populaire et les plus aimés de la critique et du public.
Cet ouvrage trace de lui un portrait complet, en parcourant entièrement sa vie et sa carrière.


Vous vous doutez bien que ce livre n'a pas été choisi par hasard et que c'est en digne fan de Clint Eastwood que je me suis procurée ce livre.

Des films d'Eastwood, je connaissais mieux ceux des vingt dernières années (avec une prédilection pour "Sur la route de Madison", "Lettres d'Iwo Jima", "Gran Torino"...). Plus jeune, j'adorais la série des Inspecteur Harry - paraît-il d'après mon homme que j'ai "un caractère de mec" - un peu moins maintenant car je trouve que certains ont mal vieilli... ou c'est moi qui ai changé...

La maison d'édition de ce livre est spécialisée dans les livres sur l'art dont le cinéma. L'édition que je possède est la première de ce livre, publié en 2010, ce livre s'arrête donc au dernier film en date pas encore sorti ni traduit en français à l'époque (Hereafter, soit "Au-delà").
Une réédition de ce livre est sortie le mois dernier, j'en déduis qu'il s'agit d'une version réactualisée et avec un peu de chance, les multiples fautes de frappe et les quelques paragraphes en double auront été corrigées...

Ce livre est très bien fait. Et si les premières pages sont plutôt destinées un public relativement cinéphile, il reste plaisant et intéressant à lire. S'ensuit une biographie de l'acteur-réalisateur-producteur, puis les films par ordre chronologique : titre (avec date, titre original, nom du réalisateur), résumé technique, distribution et personnages, résumé, descriptif ou anecdotes sur le tournage et différentes critiques sorties à l'époque. Le tout agrémenté de photos de chaque film, ou prises sur le plateau lors du tournage (direction d'acteur, oeil rivé à la caméra, etc.).

Cinéphiles ou non, les fans d'Eastwood s'y retrouveront. Pour ma part, j'ai appris beaucoup de choses sur le réalisateur t suis assez épatée de tout le travail accompli depuis tant d'années.

Un vrai beau livre, très pédagogique, et à la portée de tous.
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vendredi 23 mai 2025

Marzi

4 de couv' :

Petite carpe

En Pologne, on dit que les enfants comme les poissons n'ont pas de voix.
En attendant de me faire entendre, j'essaye de prouver aux autres mon existence.
Mais le plus souvent, on ne me voit que quand je fais une bêtise...












Sur la terre comme au ciel

Alors les cris dans le vide-ordures, ce serait aussi un péché ?
Notons peut-être... Regarde, j'en ai vingt maintenant !
Et moi treize !
Invente un autre, ça porte malheur !
Tu crois que Dieu nous pardonnera ?
Vingt péchés, c'est beaucoup...
Si tu les regrettes et promets de ne jamais en refaire, c'est gagné !
Tu veux qu'il te pardonne ou pas ?
Oui mais oh, qu'est-ce qu'on va faire maintenant ?








Rezystor

La ville est tellement silencieuse et noire qu'elle paraît hostile et malveillante à faire peur.
Et dehors, quelque part dans la nuit, il y a mon papa.
Avec son vélo.
Il ne devrait plus travailler et pourtant il n'est toujours pas rentré.
Mais il n'est pas seul.
Avec lui, il y a d'autres papas avec des vélos.










Le bruit des villes

Mais qu'est-ce que tu fais là ?
J'attends les vaches...
Les vaches ?!?
Ça fait plus d'une heure qu'elles sont rentrées, ta tante est en train de les traire !
Elle se demandait où tu étais passée ?!











Pas de liberté sans solidarité

On crie ensemble avec beaucoup de vigueur : Solidarnosc !
Cest amusant de protester. Quand on est si nombreux, c'est tout de suite plus convaincant ! Precz z komuna ! À bas le communisme !

Ça deviendrait plus sérieux si à la maison il y avait autant de monde pour me soutenir : Precz z jajecznica ! À bas les oeufs brouillés !
Solidarnosc !!
Un rêve.







Tout va mieux...

Des sacs de riz, de farine, de sucre, du café, du thé, des shampoings, des savons, des lessives, des "budyns", des "kisiels" par milliers !

- Mais si elle avait déjà dix kilos de riz ou vingt kilos de sucre, pourquoi en achetait-elle encore ?
- Oh, tu sais, on pensait que rien n'allait changer, que la situation allait empirer. Elle faisait des stocks.









Nouvelle vague

- Cet été, le syndicat de mon usine peut envoyer les enfants d'ouvriers en colonie de vacances.
Soit au bord de la Baltique, soit dans les Tatras.
Je ne connais pas la mer, tu irais la voir pour moi, comme ça.

- Envoie-là à la montagne. Sinon elle va se noyer et on aura des soucis.












C'est suite à une newsletter de ma librairie de BD préférée que j'ai... Emprunté cette série de bandes dessinées à la bibliothèque.
Il y a beaucoup à lire dans cette BD. Beaucoup de textes et finalement pas autant de dialogues que dans d'autres donc attendez-vous à avoir un heure de lecture pour chaque tome. Pour ma part, j'en ai lu un par jour, la série m'a fait une semaine.

Le sujet, la vie d'une petite polonaise avant, pendant et après la chute du mur de Berlin me paraissait intéressant à plusieurs points de vue : pour commencer, parce qu'on peut lire tous les livres et articles que l'on veut sur cette période, rien ne vaut le témoignage (ou roman) d'une personne qui vous fait vivre une période historique de l'intérieur.
Ensuite, de façon plus égoïste, parce que Marzi et moi sommes de la même génération et si nous n'avons pas le même âge, seules quelques petites années nous séparent. En plus, nous sommes toutes deux enfants uniques.
J'ai bien aimé, entre autres, comparer ses souvenirs aux miens, chacune de notre côté du rideau de fer.

Elle est attachante, Marzi, avec ses beaux yeux grand ouverts sur le monde. Comme tous les enfants, elle regarde, observe, découvre, s'interroge sur ce qui l'entoure. Elle décrit un quotidien compliqué, parfois difficile, mais il y a les copains, les cousins, des moments de petites joies et et de petits bonheurs.
Il s'agit d'une vision d'enfant mais si elle ne connaît ou ne comprend pas toujours tout, elle est loin d'être bête et son regard neuf sur le monde n'en fait que davantage le mettre en relief dans les moindres détails.

Et puis elle grandi sous nos yeux, sa compréhension et son observation du monde évolue  avec elle. Mais la série ne parle pas que de la situation en Pologne, elle parle surtout de son enfance à travers les mille et un petit détails qui font sa vie. A travers elle on apprend la vie quotidienne et culturelle de ce pays à cette époque.

Et si la fin du rideau de fer, accueilli avec enthousiasme, n'apporte pas l'euphorie attendue (il va falloir s'adapter...), c'est quand même sur de belles vacances d'été et un bel espoir que s'achève la série.

Une belle réussite que cette bande dessinée, vraiment.
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samedi 17 mai 2025

La couleur de l'eau


4 de couv' :
"Enfant, je n'ai jamais su d'où venait ma mère." Arrivé à l'âge adulte, James McBride interroge celle qui l'a élevé et dont la peau est tellement plus claire que la sienne. Il découvre l'histoire cachée de Ruth, fille d'un rabbin polonais qui a bravé tous les interdits pour épouser un noir protestant en 1942. Reniée par sa famille, Ruth élève James et ses onze frères et soeurs dans la précarité, le chaos et la joie. Pour elle, peu importe la couleur de peau. Seul compte l'avenir de ses enfants. Ils feront des études, et ainsi choisiront leur vie. Tressant leurs souvenirs, James McBride raconte, plein d'amour et de fierté, une femme forte et secrète, lucide et naïve, imperméable aux préjugés : sa mère.


Inutile de dire que, en dehors du résumé, c'est la couverture de ce livre qui m'a attiré l'oeil et donné l'envie de le découvrir.

Si son contenu est un peu différent de ce que à quoi je m'attendais - une histoire joyeuse, drôle, enlevée - je suis loin d'être déçue tellement ce l ivre déborde de positif, et d'énergie. Lumineux est le terme que j'emploierais au final.

La vie de la mère de l'auteur est semée de noirceur et d'épreuves, mais elle a toujours su faire face. Parfois à sa manière, toute personnelle, mais toujours avec détermination et énergie. Quand on voit tout ce qu'elle a dû subir et affronter, on se dit que beaucoup auraient laissé tomber et se seraient laissé abattre, mais non. Cela n'a fait que renforcer sa détermination.

Sur le roman en lui-même, l'écriture est tendre - le regard de l'auteur pour sa mère - énergique et efficace (comme sa maman).
J'ai beaucoup aimé le fait que les chapitres alternent sa voix et celle de sa mère, chacun en complément de l'autre. Sa voix à lui retrace ses souvenirs d'enfants et donc sa vision d'enfant puis d'adolescent (on n'est pas fin à cet âge, et l'auteur cumule parfois les bourdes et les problèmes !). Celle de sa mère est plus froide, plus désabusée peut-être, pudique parfois, mais derrière se dévoile tout l'amour porté à sa famille et sa volonté de vivre sa vie comme elle l'entend, quoi qu'il arrive.

En cette période de fête des mères, un bel hommage de l'auteur à sa maman.
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dimanche 11 mai 2025

Saint Johnson

4 de couv' :
On l'a surnommé saint Johnson, par admiration, par dérision - parce qu'il ne vit et ne jure que par la loi. Wayt Johnson, propriétaire du saloon Golden Girl et marshal d'une bourgade de l'Arizona, n'a qu'un idéal : celui de faire régner la paix et l'ordre.
Rêvant de devenir shérif, il doit commencer par faire la police au sein de sa propre famille : son frère Jim, qu'il protège envers et contre tout, se laisse embarquer dans une attaque de diligence. Tandis qu'une querelle légendaire éclate entre deux clans, les Johnson et les Northrup...
Un western sobre, efficace et haletant - la première approche romanesque de la célébrissime fusillade d'OK Corral qui inspirera tans de film -, mais aussi une prise de position très en avance sur son temps au sujet du contrôle des armes à feu dans un pays qui est encore loin d'avoir réglé la question.


De cet auteur j'ai déjà lu il y a (déjà ?) 5 ans, "Terreur apache". je savait donc que cet auteur fait dans le western le plus classiques qui de nos jours (mais pas au moment de la partition de ses livres), pourraient paraître assez caricatural d'une certaine époque, tout en restant étrangement un témoignage de cette époque et d'une certaine mentalité parfois hélas bien actuelle...

Je en peux pas dire que j'ai franchement aimé ce roman. J'a vraiment eu l'impression de "voir" un western et c'est un cinéma que je n'apprécie vraiment pas. Ainsi, comme pour les film, je n'aime pas le fait qu'il n'y ait que des hommes au premier plan de l'histoire. Cette ville ne semble peuplée que d'hommes, que ce soit dans les rues, les commerces, les demeures familiales. Ce n'est que vers la fin du roman que sont évoquées les épouses (et les enfants), et encore de manière franchement anecdotiques. Les seuls personnages féminins évoqués régulièrement sont la défunte (enfin, il me semble) mère de nos héros, une mexicaine plus ou moins petite amie d'un des frères Johnson qui s'avèrera sur la fin être une prostituée, et sa mère maquerelle (fugace apparition, mais comme elle a droit à quelques dialogues...). Super, hein ?

Je dois avouer que j'ai eu du mal a-à comprendre les motivations des uns et des autres. Il faut dire que l'auteur nous met de plein pied dans un moment de vie des frères Johnson et leur entourage proche. Il ne s'embarrasse pas de descriptions de la ville, de présentation des personnages. Dès le premier chapitre, on passe d'un personnage à l'autre sans savoir les liens entre eux. Comme si on était un voyageur débarquant dans cette ville sans en rien connaître. Déstabilisant, intéressante approche, mais pas insurmontable.

Non, ce qui m'a dérangée est que je ne comprends pas les motivations des uns et des autres. Les antagonismes des uns et des autres, oui, mais le besoin de se chercher querelles à tout bout de champs, au point de sortir les armes ? Honnêtement, je trouve ça tellement débile que j'avais l'impression d'être dans une querelle de cour d'école, les armes en plus...

Sinon, j'ai apprécié le fait que, comme je le disais précédemment, on entre de plein pied dans l'histoire sans réelle description, prologue, explication du contexte. J'aime assez ce genre de procédé. Les différents chapitres du livre sont parfois de courtes séquences, dans le fil conducteur du livre, au point que j'ai fini par me demander s'il n'était pas sorti sous forme de feuilleton, comme ça se faisait à une époque (le livre est sorti dans les années 1930).

Donc sentiments mitigés pour ce roman, pas sûr que j'en lise d'autres de cet auteur.
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vendredi 9 mai 2025

L'odeur des clémentines grillées

4 de couv' :
Après un burn-out, Haewon quitte Séoul pour regagner son village natal perdu dans les montagnes. Elle y retrouve par hasard Eun-seop, un ancien camarade de classe qui gère désormais la librairie Goodnight, où il a créé un club de lecture. Rapidement, la jeune femme se fait une place parmi ses membres chaleureux et retrouve goût à la vie. Un quotidien dont la douceur sera bientôt troublée par une vague de froid sans précédent. Et la neige aura beau recouvrir le paysage, les secrets du passé comme les sentiments ne tarderont pas à refaire surface...

Je dois avouer que j'ai acheté ce livre autant pour le titre que pour la couverture.

Si l'écriture n'est pas exceptionnelle, l'histoire m'a particulièrement plue. Même si elle se passe en hiver et que la sensation de froid n'est pas ce que je préfère (dis celle qui est tellement fan de "Dans les forêts de Sibérie"  de Sylvain Tesson qu'elle possède ce livre dans tous les formats possibles et imaginables, film et audiobook inclus....), j'ai vraiment aimé cette impression de cocon rendue dans ce livre.

Je ne dirais pas que le personnage central est en burn-out, mais plutôt qu'elle est en perte de sens de sa vie et que revenir dans son village natal lui permet de reprendre place dans sa vie, se réconcilier avec une partie de son passé, et se construire un nouvel avenir. Repartir sur de bons rails, en sorte.
C'est aussi une jolie histoire d'amour, d'amitié, de complexité des liens familiaux.

Une jolie réussite que ce livre, entamé sans trop savoir à quoi m'attendre, une bonne surprise.

Mais si on pouvait me dire pourquoi, une fois de plus, on voit un chat en couverture alors que le seul animal domestique cité dans le livre est un chien...
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dimanche 6 avril 2025

Le châtiment des goyaves

4 de couv' :
Voici sept histoires orientales, sept histoires de rêveurs, d'idéalistes, d'hommes et de femmes singuliers qui tracent leur destinée à contre-courant du modèle culturel dominant.
Sur les rives du Nil, un vieux saoudien souhaite reconstruire la villa mythique de son enfance alors qu'une jeune pasionaria s'insurge sur la place Tahir. En Arabie, Khaled l'ingénu rêve de pureté sous le goyavier tandis que les femmes rêvent de liberté. Aux contreforts du Yémen, une villageoise découvre un étrange visage dans les ruines du palais de la reine de Saba. Dans un Irak en feu, Hakem, un historien éguptien, part sur les traces d'une ancienne secte adoratrice du diable, les Yézidis.
Ces "fils de la lune" prennent vie et nous transportent dans un Orient effervescent, porté par des élans contradictoires, déchiré entre tradition et modernité. D'un réalisme teinté d'étrangeté, les nouvelles de Carine Fernandez nous invitent à sa rencontre.


Même si je lis très peu de nouvelles, je dois reconnaître que je me suis délectée de chaque histoire de ce livre.

En dehors de son écriture, somptueuse, Carine Fernandez a un réel talent de conteuse qui nous transporte dans chaque histoire. Nous nous laissons guider, appréciant chaque phrase, chaque mot.

Une belle réussite, vraiment.
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vendredi 4 avril 2025

Deux ou trois choses dont je suis sûre

4 de couv' :
Autrice de Peau, recueil d'essai devenu culte, Dorothy Allison a grandi dans le sud des États-Unis, dans un contexte de misère sociale et de violences familiales et sexuelles. Dans Deux ou trois choses dont je suis sûre, elle raconte les femmes de sa famille - mères, soeurs, cousines, filles et tantes -, rendant hommage à leur force, leur humour, leur beauté et surtout leur détermination obstinée face au quotidien qui les accable. Illustré de photographies de sa collection personnelle, ce livre montre à quel point les petites histoires d'une génération peuvent acquérir le statut de légende pour les générations suivantes.
Un ouvrage om la vision singulière de Dorothy Allison s'exprime avec beaucoup d'humour et d'émotion.


C'est un peu par hasard que je suis tombée sur ce livre de Dorothy Allison, dont j'avais déjà lu, il y a plusieurs années (bien avant ce blog) "L'histoire de Bone", "Retour à Cayro" et "Peau". Ce fut donc une bonne surprise, et surtout un extrême plaisir de retrouver l'excellentissime écriture de cette autrice.

Je saurai gré à la traductrice d'avoir expliqué ses choix de traduction : un parti pris féministe un peu en décalage avec les règles habituellement établies. Je dois avouer avoir un peu fait la grimace en lisant la note de traduction, mais au final, la lecture en est restée d'autant plus fluide. Et finalement logique, vu l'autrice, et vu le contexte. J'ai eu un petit peu de mal seulement avec "quelque chose" accordé (pardon, accordée) au féminin et non au masculin mais uniquement par manque d'habitude ou pour mieux dire, par habitude tenace du masculin. C'est pourtant tellement plus logique ainsi, "chose" étant un mot féminin...

Apparté : notez que j'avais du mal avec le mot "autrice" au départ, qui n'est pourtant pas pire que "actrice". Maintenant que je sais que ce mot existait avant (qu'on ne laisse plus les femmes écrire...), je trouve logique de l'employer à nouveau. Du coup, "auteure", que j'ai longtemps utilisé faute de mieux, me paraît un non-sens... Fin d'apparté.

Ce n'est qu'en fin de livre, mais cela ne m'a pas surprise, que l'on apprend que le texte original avait été écrit à l'origine pour une représentation théâtrale. Il a ensuite été remanié, mais au cours de la lecture j'avais l'impression qu'il avait été écrit pour être dit, pas seulement lu. J'imagine très bien un monologue sur scène, ponctué ou pour mieux dire illustré avec la projection des photos intégrées dans le livre.

Car l'autrice ne se contente pas de parler de sa vie, de sa famille. Dans ce court ouvrage (114 pages), beaucoup de thèmes sont abordés : la condition sociale des plus pauvres des États-Unis, la condition féminine, ces schémas perpétuellement reproduit par certaines familles, l'homosexualité, le viol, la violence intra-familiale, la pauvreté... Et le courage de fuir sa condition (quel que soit le moyen employé) ou de rester pour l'affronter.
Mais, toujours, la tête haute. Car c'est en effet un bel hommage rendu aux femmes de sa famille.

Très beau texte, et tellement fort, écrit avec intelligence.
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