dimanche 6 avril 2025

Le châtiment des goyaves

4 de couv' :
Voici sept histoires orientales, sept histoires de rêveurs, d'idéalistes, d'hommes et de femmes singuliers qui tracent leur destinée à contre-courant du modèle culturel dominant.
Sur les rives du Nil, un vieux saoudien souhaite reconstruire la villa mythique de son enfance alors qu'une jeune pasionaria s'insurge sur la place Tahir. En Arabie, Khaled l'ingénu rêve de pureté sous le goyavier tandis que les femmes rêvent de liberté. Aux contreforts du Yémen, une villageoise découvre un étrange visage dans les ruines du palais de la reine de Saba. Dans un Irak en feu, Hakem, un historien éguptien, part sur les traces d'une ancienne secte adoratrice du diable, les Yézidis.
Ces "fils de la lune" prennent vie et nous transportent dans un Orient effervescent, porté par des élans contradictoires, déchiré entre tradition et modernité. D'un réalisme teinté d'étrangeté, les nouvelles de Carine Fernandez nous invitent à sa rencontre.


Même si je lis très peu de nouvelles, je dois reconnaître que je me suis délectée de chaque histoire de ce livre.

En dehors de son écriture, somptueuse, Carine Fernandez a un réel talent de conteuse qui nous transporte dans chaque histoire. Nous nous laissons guider, appréciant chaque phrase, chaque mot.

Une belle réussite, vraiment.
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vendredi 4 avril 2025

Deux ou trois choses dont je suis sûre

4 de couv' :
Autrice de Peau, recueil d'essai devenu culte, Dorothy Allison a grandi dans le sud des États-Unis, dans un contexte de misère sociale et de violences familiales et sexuelles. Dans Deux ou trois choses dont je suis sûre, elle raconte les femmes de sa famille - mères, soeurs, cousines, filles et tantes -, rendant hommage à leur force, leur humour, leur beauté et surtout leur détermination obstinée face au quotidien qui les accable. Illustré de photographies de sa collection personnelle, ce livre montre à quel point les petites histoires d'une génération peuvent acquérir le statut de légende pour les générations suivantes.
Un ouvrage om la vision singulière de Dorothy Allison s'exprime avec beaucoup d'humour et d'émotion.


C'est un peu par hasard que je suis tombée sur ce livre de Dorothy Allison, dont j'avais déjà lu, il y a plusieurs années (bien avant ce blog) "L'histoire de Bone", "Retour à Cayro" et "Peau". Ce fut donc une bonne surprise, et surtout un extrême plaisir de retrouver l'excellentissime écriture de cette autrice.

Je saurai gré à la traductrice d'avoir expliqué ses choix de traduction : un parti pris féministe un peu en décalage avec les règles habituellement établies. Je dois avouer avoir un peu fait la grimace en lisant la note de traduction, mais au final, la lecture en est restée d'autant plus fluide. Et finalement logique, vu l'autrice, et vu le contexte. J'ai eu un petit peu de mal seulement avec "quelque chose" accordé (pardon, accordée) au féminin et non au masculin mais uniquement par manque d'habitude ou pour mieux dire, par habitude tenace du masculin. C'est pourtant tellement plus logique ainsi, "chose" étant un mot féminin...

Apparté : notez que j'avais du mal avec le mot "autrice" au départ, qui n'est pourtant pas pire que "actrice". Maintenant que je sais que ce mot existait avant (qu'on ne laisse plus les femmes écrire...), je trouve logique de l'employer à nouveau. Du coup, "auteure", que j'ai longtemps utilisé faute de mieux, me paraît un non-sens... Fin d'apparté.

Ce n'est qu'en fin de livre, mais cela ne m'a pas surprise, que l'on apprend que le texte original avait été écrit à l'origine pour une représentation théâtrale. Il a ensuite été remanié, mais au cours de la lecture j'avais l'impression qu'il avait été écrit pour être dit, pas seulement lu. J'imagine très bien un monologue sur scène, ponctué ou pour mieux dire illustré avec la projection des photos intégrées dans le livre.

Car l'autrice ne se contente pas de parler de sa vie, de sa famille. Dans ce court ouvrage (114 pages), beaucoup de thèmes sont abordés : la condition sociale des plus pauvres des États-Unis, la condition féminine, ces schémas perpétuellement reproduit par certaines familles, l'homosexualité, le viol, la violence intra-familiale, la pauvreté... Et le courage de fuir sa condition (quel que soit le moyen employé) ou de rester pour l'affronter.
Mais, toujours, la tête haute. Car c'est en effet un bel hommage rendu aux femmes de sa famille.

Très beau texte, et tellement fort, écrit avec intelligence.
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lundi 31 mars 2025

48 indices sur la disparition de ma soeur

4 de couv' :
Qu'est-il arrivé à Marguerite Fulmer ? Le 11 avril 1991, la jeune artiste à qui tout réussit a quitté la demeure familiale, pour ne jamais revenir. Sans laisser la moindre explication, juste une chambre en désordre. Vingt-deux ans plus tard, sa soeur Georgene, mouton noir de la famille, entreprend de traquer en quarante-huit chapitres les maigres indices susceptibles d'élucider cette disparition : à commencer par une "robe-nuisette" Dior en soir blanche abandonnée sur le sol...
Peu à peu, Georgene résout une partie de l'énigme mais reste confrontée aux questions lancinantes : Marguerite s'est-elle enfuie pour échapper à l'un de ses soupirants ? A-t-elle été la victime d'un tueur en série local ? Ou assassinée par son mentor et collègue, le peintre Elke, qui a exploité sa mort dans une collection de tableaux macabres ? Mais les ruminations de la cadette révèlent aussi son caractère jaloux et instable. Serait-elle à l'origine de l'irréparable ?
Récit fragmenté où Joyce Carol Oates démontre une fois encore un art du suspense inégalé, 48 indices sur la disparition de ma soeur dresse les portraits kaléidoscopiques d'une femme, dont la mémoire est honorée de tous, et de sa soeur élevée à l'ombre d'une idole trop vite façonnée. Un jeu de piste délicieusement féroce.


Une fois de plus, la plume ô combien exquise et incisive de l'autrice nous transporte dans les méandres de l'esprit humain.
Comme la narratrice, le lecteur se pose d'innombrables questions sur ce qui a pu arriver à sa soeur, et, je crois bien, encore plus qu'elle. Chaque avancée, chaque nouveau détail apporté suscite d'autres interrogations... et perplexité.

Au-delà ce cela, face à cette disparition c'est aussi la réaction de toute une société qui est ici passée subtilement à la loupe, sous le regard de la narratrice. La police, les média, la famille et les proches eux-mêmes n'y échappent pas.
Certains faits de société tels les agressions, les disparitions, les meurtres de femmes sont subtilement évoqués, sans apporter aucune lourdeur.
Certaines considérations sur l'art et différentes conceptions du féminisme aussi.

Comme souvent avec Joyce Carol Oates, la narratrice est pour le moins... troublante. Sa façon de voir les choses, d'y réagir, mus par non seulement son caractère et l'amour porté à sa soeur - largement mâtiné de jalousie - vont provoquer chez elle des actions et réactions qu'elle-même ne semble avoir anticipés.
Et l'écriture habile de l'autrice ne nous permet pas toujours de savoir la part de réel et d'imaginaire de certaines scènes. La narratrice elle-même s'interroge.

Et la fin, forme d'apaisement de cette âme tourmentée est aussi logique que surprenante.
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jeudi 27 mars 2025

Le café des au revoir

4 de couv' :
Savourer le présent jusqu'à la dernière goutte : c'est ce que propose le café des au revoir.
"Je voulais que tu saches que mon bonheur, c'est à toi que je le dois". Ce sont les paroles de Monji, décidé à tout dire à sa femme plongée dans le coma. Comme lui, ceux qui fréquentent le café Funiculi Funicula espèrent y réparer le passé. Une tasse de café leur permettra de voyager dans le temps et d'adresser à l'absent le message d'amour qu'ils n'ont pas su formuler à l'époque. Ainsi, Hikari, qui se sent coupable de n'avoir pas répondu à la demande en mariage de son petit ami, disparu depuis ; Michiko, hantée par le souvenir de son père qu'elle a rejeté ; Sunao, qui pleure son chien adoré... Sauront-ils dire au revoir à leurs aimés et, ce faisant, se réconcilier avec eux-mêmes ? Car pour honorer la mémoire des absents, il faut d'abord trouver la paix en soi.
Initiée avec Tant que le café est encore chaude, la suite d'une série au succès international, un roman plein de poésie et d'émotion.


Pour ceux qui n'auraient pas suivi, petite session de rattrapage ici, , et encore .

Il faut être honnête : arrivé au quatrième tome de cette série dont on connaît bien à présent tous les principes, il n'y a plus le plaisir de la découverte du début, et il est difficile pour l'auteur de renouveler les histoires.

Cependant, la magie opère encore et c'est avec plaisir que j'ai retrouvé cette "série doudou" avec laquelle j'ai démarré ce printemps.

Par contre, si quelqu'un pouvait me dire pourquoi on voit des chats sur la couverture, alors qu'il n'y en a pas dans l'histoire...
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mardi 25 mars 2025

Soeur Calvaire

4 de couv' :
Soeur Justine, religieuse dans un monastère espagnol, mène une double vie en tant qu'exorciste sous le nom de Soeur Calvaire, combattant les forces du mal avec l'aide de sa chienne Natas. Lors d'une mission, Justine rencontre Salomon Saba, un charismatique exorciste musulman. Bien que méfiants l'un envers l'autre, ils collaborent pour vaincre un puissant démon.
(...)*


Entre le petit Pape Pie 3,14 et Soeur Marie-Thérèse, j'ai décidément quelque chose avec les personnages religieux en BD. Ou ce sont les auteurs de BD...

Histoire intéressante, bien construite bien que le sujet ne soit pas si original. Les auteurs ont cependant dépoussiéré le thème de l'exorcisme, les personnages usant aussi bien de moyens traditionnels que des technologies modernes. Si les supérieurs de soeur Calvaire sont un peu plus âgés qu'elle, notre héroïne doit avoir tout au plis entre 20 et 25 ans, tout comme Salomon. Difficile de leur donner un âge tant leurs traits (graphismes inspirés des mangas visiblement) semblent presque enfantins.
Les dessins et couleurs rendent le tout plaisant à lire et à relire, tout en inspirant une bouffée de fraîcheur à ce type d'histoire.
Quant aux personnages, le sérieux (pas trop rigoriste cependant) de Soeur Calvaire se complète bien avec la nonchalance assumée de Salomon, qui reprend vite son sérieux quand il est question de son travail. Et renforce l'humour de l'album.

Sympathique lecture, à suivre.


*J'ai volontairement tronqué le texte de quatrième de couverture, la suite dévoilant quasiment tout de l'histoire. (encore...)


dimanche 23 mars 2025

Vikings dans la brume - Tome 3 - Même pas morts

4 de couv' :
C'est la rentrée pour Reidolf, le redoutable chef Viking, et sa bande de bras cassés ! Quand on raid, on ne compte pas et les voici partis à la conquête de nouveaux butins.
Mais même chez les vikings, la famille, c'est sacré, et lorsqu'un chef concurrent a l'outrecuidance d'enlever  des membres du clan de Reidolf, ce dernier va montrer de quel bois il se chauffe !
Entre crise de foi et crise de rire, les frères Lupano nous livrent un 3e tome hilarant !


Difficile avec une série de réussir à garder le même niveau de qualité et à ravir toujours autant ses lecteurs. Et bien pari réussi !

Les tribulations, désillusions et le côté un peu blasé par moment de toute la troupe n'ont fait que décupler mon hilarité.

Et j'ai (re)découvert l'origine des plus grandes légendes de ce monde (à quoi ça tient, parfois...).

Vivement le tome 4 !
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vendredi 21 mars 2025

Loin de chez moi

4 de couv' :
"Sur une route du Donbass, nous venons d'essuyer un tir d'obus. C'est un miracle que nous soyons en vie. Nous roulons, pied au plancher, pour échapper à une nouvelle attaque. Mon téléphone sonne. Il est dans la poche de mon gilet pare-balles. Impossible de ne pas répondre. C'est l'un de mes fils.
Je décroche. Il s'agit d'un problème de cuisson de riz. J'explique ma méthode. Je ne parle pas trop fort, j'ai peur que les membres de mon équipe me prennent pour une folle. Mais ce soir, le riz sera bon à la maison."
Rien ne prédisposait Maryse Burgot, fille d'agriculteurs bretons, à sillonner le monde au péril de sa vie. Les directs et les reportages de cette évadée de son milieu d'origine sont, depuis les années 1990, des rendez-vous incontournables des téléspectateurs de France 2. Avec sa voix singulière et son approche de l'information, elle s'est définitivement installée dans nos salons le soir à 20 heures.
Des Balkans à l'Ukraine en passant par l'Afghanistan, l'Irak, la Syrie et le conflit israélo-palestinien, Maryse Burgot a couvert les plus grands conflits de notre époque. Correspondante de France Télévisions à Londres, puis à Washington, pour concilier ses aspirations familiales et professionnelles, Maryse Burgot montre aussi l'espoir qui résiste au coeur des catastrophes et nous fait vivrele grand reportage dans son versant le plus noble.


Si j'ai apprécié cette lecture, j'ai été un peu frustrée car je m'attendais à ce que soit davantage décrit le parcours de l'autrice : ce qui 'a amenée à suivre cette voie, un peu de ses études, et surtout ses tout premiers postes. Cela n'est hélas que tout juste évoqué.

Qui plus est, le récit n'est pas tout à fait chronologique, du moins au départ, ce qui au final n'est pas si dérangeant et est finalement assez cohérent.
Est particulièrement intéressant le parallèle entre sa vie personnelle et sa vie professionnelle, montrant à quel point ce métier rend difficile la possibilité de concilier les deux... De son point de vue visiblement, car ses enfants n'ont pas l'air de lui reprocher ses absences, et semblent au contraire étonnés de son inquiétude à ce sujet.

Chaque chapitre retrace un évènement marquant dans le monde, certains plus dramatiques que d'autres. Ce livre m'a permis de (re)découvrir un certain nombre de contextes géopolitiques qui trouvent leur aboutissement actuellement. Et donc mieux comprendre le contexte actuel.

Agréable à lire, ce témoignage est aussi intéressant qu'instructif.
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vendredi 7 mars 2025

L'énigme de Turnglass




2 (ou 3) d'couv' :
Angleterre, 1881.
Simeon Lee, un jeune médecin, se rend sur l'île de Ray chez son oncle, Oliver Hawes. Ce dernier, gravement malade, est persuadé d'avoir été empoisonné. Peu de temps après son arrivée à Turnglass, l'unique maison de l'île, Siméon fait une découverte des plus étranges : dans un coin de la bibliothèque se trouve une cage de verre, dans laquelle est enfermée une femme. Quel secret cache-t-elle ? La vérité se trouve peut-être dans le journal intime d'Oliver qui raconte une histoire très différente selon le sens dans lequel on le lit...









3 (ou 2) d'couv' :
Californie, 1939.
Oliver Tooke, écrivain et fils du gouverneur de l'État, est retrouvé mort. La police conclut à un suicide. Mais cette hypothèse ne convainc pas son ami Ken Kourian, qui décide d'enquêter et découvre de nombreux éléments troublants dans le passé de cette célèbre famille. Pour déterrer la vérité, Ken devra déchiffrer les indices cachés dans le dernier ouvrage d'Oliver, un roman tête-bêche intitulé l'énigme de Turnglass, dont le héros est un jeune médecin appelé Simeon Lee...










C'est vraiment l'originalité de ce livre qui m'a fait l'emprunter à la bibliothèque. En partie parce que les deux histoires sont imprimées tête-bêche (particularité de certains romans du XIXe siècle comme expliqué dans le livre) et surtout parce que les deux histoires sont censées se compléter, voire se répondre. Du moins le croyais-je.

L'écriture est assez agréable et m'a happée dès les premières lignes. L'auteur réussit, pour chaque histoire, à rendre une atmosphère d'époque et une écriture typique de chaque époque où chaque histoire se situe.
La partie se déroulant dans le XIXe siècle fait bien ressentir l'idée qu'on se fait de l'époque et pour l'ambiance, de certains romans que je qualifierai de "gothiques". L'autre partie m'a fait penser à Gatsby le Magnifique, bien que ne se déroulant pas tout à fait à la même époque.
De ce côté, c'est plutôt une réussite, surtout dans les débuts de chaque histoire.

Mais je trouve que les deux histoires ne remplissent pas totalement leurs promesses. Il y a des maladresses, et l'auteur pousse parfois un peu loin certains aspects des histoires, un peu trop extraordinaires pour être crédibles. Du coup trop invraisemblables (la cage de verre par exemple) pour qu'on y adhère totalement.
Et il manque certains détails. Pour rester sur l'exemple de la cage en verre, pourquoi l'idée d'une telle construction, comment a-t-elle été fabriquée ? La découvrant, notre jeune héros n'a quasiment pas de réaction, comme s'il était normal de trouver cela dans une maison. Tiens, une cage en verre dans la bibliothèque, comme c'est original. Quelqu'un enfermé dedans, ah bon, tiens.
Evidemment, il demande des explications mais quand même...

Contrairement à ce qui en est attendu, s'il est normal que chaque histoire soit différente, elles ne se répondent pas vraiment et ne s'imbriquent pas l'une dans l'autre, ne se complètent pas vraiment.
Dans le genre, j'ai déjà lu, et beaucoup mieux : Le soldat et le gramophone, de Sasa Stanisic. Là, les deux parties du roman se complétaient parfaitement, répondant l'une à l'autre et peu importe par quelle partie on commençait la lecture du roman, car l'auteur l'a construit avec intelligence et cohérence. Un vrai plaisir pour le lecteur de suivre les deux histoires et les voir se compléter, peu importe dans quel sens on prend le livre.

Ici, les énigmes font parfois place à des révélations qui tombent un peu comme un cheveu sur la soupe et avec une pointe trop de sensationnalisme.
Et chaque histoire se termine en eau de boudin, comme inachevée, ce qui est dommage car chacune aurait besoin d'une conclusion "propre".

Lecture distrayante mais sans plus. Dommage.
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vendredi 28 février 2025

Bienvenue à la librairie Hyunam

4 de couv' :
Elle est entrée dans sa librairie. Elle se sentait bien ; son coeur se réjouissait, son corps entier se détendait, elle s'abandonnait au plaisir de retrouver son lieu de travail. La journée commençait.
Quand certains ont imaginé le paradis comme une bibliothèque, d'autres choisiront sans hésiter une librairie. En garnissant les rayonnages de sa nouvelle librairie, Yeong-ju y met tout son coeur, comme si elle essayait, avec les livres, de renouer avec une amie perdue de vue depuis sa jeunesse. Elle répond aux demandes des lecteurs, même les plus surprenantes, elle cherche un livre pour dégeler le coeur et glisse parfois dans les volumes de petites notes de la taille d'une paume, qu'elle conclut par "ce roman m'adonné ce plaisir".
Elle découvre aussi le plaisir d'organiser des rencontres avec des écrivains, d'animer un club de lecture, d'accueillir un atelier d'écriture, de conseiller des livres avec la joie d'éteindre souvent des chagrins avec une heure de lecture. La librairie devient rapidement le coeur battant du petit quartier de Hyunam où se nouent des amitiés, des interrogations sincères sur le sens de la vie et le pouvoir des livres.
Il y a à ses côtés le barista Min-jun, qui trie les grains de café comme les mauvaises pensées, Jimi la torréfactrice passionnée, sans compter les habitués qui ont élu domicile parmi les livres, comme Jeong-seo qui tricote des éponges en forme de pain de mie entre les bibliothèques.
Une belle déclaration d'amour à la librairie.


C'est quand même amusant de constater le nombre de romans sur des librairies qui existent. Ou les bibliothèques. Après celui sur les mémoires d'un marque-page, j'adorerais en lire un sur un livre emprunté à la bibliothèque... Attendez, n'existe-t-il pas déjà un roman sur un livre qui passe de mains en mains ? A creuser...

C'est justement à cause du thème que je l'ai emprunté à la bibliothèque. Ce roman a connu un énorme succès en Corée, ce n'est qu'au fil de la lecture que j'ai fini par comprendre pourquoi.

Si l'écriture n'a rien de particulier, le fait est qu'on se sent bien, dans cette librairie, ou plutôt ce roman. Petit à petit, se constitue un groupe d'habitués, ou plutôt d'amis. L'empathie est discrète mais réelle et chacun apporte aux autres ce qui leur manquait. Chacun observe et conseille les autres avec bienveillance et franchise. Ce cercle s'étend progressivement et si les réseaux sociaux sont mentionnés (époque oblige), ils sont loin de prendre beaucoup ni toute la place.
Chacun influence positivement les autres, surtout au moment de faire des choix de vie. Ou réaliser ce qui est pour eux le plus important.

Mais ce n'est pas le plus important de ce roman. Ce sont surtout les différentes réflexions des uns et des autres sur le sens de la vie, la place et le sens du travail pour chacun dans ce pays, et la recherche du bonheur qui en font toute sa richesse. Et dans un pays où visiblement, se donner à fond dans le travail dès le plus jeune âge (beaucoup de compétition visiblement dès l'école) est la norme. Visiblement, les mentalités changent, et les nouvelles générations (entendez par là moins de quarante ans) commencent à ne plus vouloir d'une vie basée uniquement sur le travail et l'argent à gagner.
Je pense que c'est l'une des raisons les plus importantes du succès de ce roman.

En tout cas, si une telle librairie existe, j'apprécierais grandement de la visiter...
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vendredi 21 février 2025

Les Mémés, tome 5 - Punks à chiens

4 de couv' :
God save the Mémés !
Huguette, Paulette et Lucette remettent le couvert !
Pressque en phase avec leur temps, elle portent un regard plein d'humour sur le monde qui les entoure : le coiffeur, le supermarché, le bout de la rue... leur vaste univers, quoi ! Et sans fausse pudeur, loin de là..
Une recette à base d'énergie, d'une pointe de cynisme et d'une grande rasade de bonne humeur.
A consommer sans modération.


Quel bonheur pour moi de retrouver mes chères Mémés, aussi trash que tendres (si, si je vous jure, de vraies Mams Goudig ou Mams Goz à la sauce rock n' roll) qui m'ont procurés de bons éclats de rire salvateurs lors d'une semaine de travail bien chargée.

Des situations improbables mais tellement bien amenées, une façon décalée de voir la vie, ne pas s'en laisser compter et rester moderne autant que possible, des chutes hilarantes tellement on ne s'y attend pas : vraiment, à chaque tome qui passe, l'auteur sait se renouveler et ne nous lasse pas, pour notre plus grande hilarité !

Yes, Mémé is not dead ! Bravo !