vendredi 5 décembre 2025

Hamlet

4 de couv' :
Hamlet est le plus ancien représentant de l'âme moderne, du romantisme, de nos névroses contemporaines, autant de choses auxquelles Shakespeare ne songeait pas et qui n'avaient pas encore de nom. Voltaire voyait le prince du Danemark comme "un sauvage ivre". Mais qui est vraiment ce jeune homme faible et emporté, mélancolique et violent, rêveur et brutal, raisonnable et fou, poète exquis, féroce et tendre ? Un enfant heureux de vivre qui croyait à l'amitié et à la bonté des hommes, et qu'une terrible révélation va anéantir...

J'avais tant "Tout est bien qui finit bien" que je m'étais promis de lire d'autres oeuvres de Shakespeare.

J'entends toujours encenser Hamlet (entre autres), je me suis donc laissée tenter par celle-ci.

Et bien ce fut une déception. Je n'ai pas accroché aux personnages, pour moi l'histoire a parfois trainé en longueur et même si l'intrigue est évidemment bien menée, certaines situations m'ont parues invraisemblables pour ne pas dire grotesques (l'un des personnages en tue un autre par erreur et continue sa discussion avec un troisième comme si de rien n'était ? Sans compter la scène finale, même si je m'y attendais un peu).

Ce qui n'a pas arrangé les choses, - et là je suis la seule coupable - c'est que je me suis évertuée à lire chaque note de bas de page, dont la plupart m'étaient finalement inutiles. J'aurais mieux fait de laisser tomber ces notes, plutôt destinées à des élèves étudiant l'oeuvre.
Pour certaines, j'avais compris de moi-même ce qu'il en était, pour d'autres, j'aurais préféré un signe de reconnaissance faisant comprendre, sans l'expliquer systématiquement que telle indication scénique a été ajoutée à l'oeuvre originale (par un astérisque par exemple).
Je reconnais que je me suis moi-même haché et donc gâché la lecture. Je ne ferai pas la même erreur la prochaine fois.

Dommage.
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dimanche 30 novembre 2025

Échec au destin

4 de couv' :
Quand la seconde épouse du souverain de Magens est retrouvée morte au pied de son balcon, la couronne vacille. Le drame fragilise une succession à haut risque dans ce royaume occitan qui doit sa survie à la protection de Rome.
Établir les circonstances du décès est une priorité car l'hérésie d'un suicide viendrait délégitimer le pouvoir du monarque. D'autant que les deux successeurs potentiels doivent à présent compter sur les ambitions de leur demi-frère, un temps éloigné de la cour pour devenir cardinal et à qui le roi confie l'enquête. Armé du plus puissanr des allés - le confessionnal -, le jeune prélat est rapidement plongé au coeur d'intrigues de palais, de luttes fratricides, d'insidieux antagonismes entre les pouvoirs spirituel et terrestre. Et le diabolique échec au roi de se transformer en un surprenant échec au destin.

Décidément, les romans de luis Llach se suivent et ne se ressemblent pas... pour le plus grand plaisir de la lectrice que je suis !

Nous voici donc dans un polar moyenâgeux se déroulant dans un royaume imaginaire. Polar très bien ficelé et très bien pensé, soit dit en passant.

Un polar avec la patte de Lluis Llach, et toujours son humour, subtil.

Personnellement, j'ai lu la plus grande partie du début du livre comme une fable ou un conte pour adultes. Je ne sais si c'était voulu par l'auteur ou si j'étais juste en avance sous l'influence de l'esprit de Noël, mais cela était drôlement plaisant.

Tout dans ce roman m'a plu, que ce soit les intrigues de cour, les descriptions, la variété de personnage;

Une fois de plus, une belle réussite !
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vendredi 21 novembre 2025

Droit dans les yeux

4 de couv' :
"On ne se regarde plus dans les yeux. Question d'habitude, de paresse, de pudeur ? On est rivé sur un écran, parfois même en marchant...", A.T.
À l'arrivée d'Augustin Trapenard, Le Grande Librairie inaugure en septembre 2022 sa nouvelle formule avec une séquence finale dans laquelle un auteur lit, face caméra, un texte qu'il a écrit spécialement pour l'émission.
"Droit dans les yeux" offre une tribune libre aux plus grands écrivains de notre époque. Fiévreuse, tendre, éloquente, profonde... Qu'elle s'attache à l'actualité ou questionne le rôle du livre et de la lecture, leur parole ouvre une parenthèse dans le temps médiatique.
Prix Nobel de littérature, romanciers, auteurs de polars et de science-fiction, poètes, écrivains pour la jeunesse, bédéistes, scénaristes, historiens, philosophes, anthropologues... Ensemble, ils livrent une admirable démonstration de leur talent et nous rappellent à quel point, dans une société en quête de sens, leur voix est essentielle.


Comme vous vous en doutez, je suis une grande fan de l'émission "La Grande Librairie" depuis... plusieurs années maintenant, je ne saurais même pas dire depuis quand.

La nouvelle séquence de l'émission m'avait au départ un peu déconcertée - la notion "droit dans les yeux" appliquée à la lettre m'était un peu dérangeante au début - mais je dois reconnaître que ces textes sont de véritables pépites littéraires, philosophiques ou poétiques... ou tout cela à la fois.

Je me suis délectée de chaque page, chaque ligne, chaque mot.

Ceux qui connaissent l'émission savent que chaque semaine apporte un nouveau thème... qui n'est même pas évoqué dans ce livre, seulement parfois dans certains textes.

Un peu déçue au début, j'ai vite compris que c'était le mieux à faire : plutôt que d'enfermer chaque texte dans le thème de l'émission pour laquelle il a été écrit, cette neutralité le rend d'autant plus intemporel.

Une bonne idée aussi est la mini biographie de chaque auteur à la fin des textes.
Une très bonne idée que d'y ajouter les textes originaux, - après la version française - pour ceux qui ont été diffusés (sous-titrés) dans la langue des écrivains quand ceux-ci ne parlent pas français.
Une excellente idée que de reverser une partie des ventes de ce livre à Bibliothèques sans Frontières, dont Augustin Trapenard est le parrain.
Et de le sortir maintenant : beau cadeau pour les fêtes de fin d'année, aussi bien pour soi-même et son entourage que pour cette association.

Décidément, tout me plaît dans  ce livre : le contenu, la présentation aussi sobre que belle, la mise en valeur de belles idées humanistes et de la littérature sous toutes ses formes.

Un vrai bohneur de lecture !
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dimanche 16 novembre 2025

Obsolète

4 de couv' :
La femme, un produit sans grand avenir ?
2224. Depuis le Grand Effondrement de la civilisation fossile et les crises qui ont suivi, l'humanité s'est adaptée. Économiser les ressources, se protéger du soleil, modifier son habitat, ses besoins, et adhérer au tout recyclage.
Y compris celui des femmes.

Afin d'enrayer le déclin de la population, toute femme de cinquante ans est retirée de son foyer pour laisser la place à une autre, plus jeune et encore fertile.
L'heure a sonné pour Rachel. Solide et sereine, elle est prête. Mais qu'en sera-t-il de son mari et de ses enfants ? Car personne n'est jamais revenu du Grand Recyclage. Et Rachel sent bien que le Domaine des Hautes-Plaines n'est pas ce lieu de rêve que promet la Gouvernance territoriale aux futures Retirées...

Convoquant tout autant le roman d'anticipation que la littérature de suspense, Sophie Loubière nous offre une plongée fascinante et terrifiante dans un monde rétrofuturiste visionnaire. Une oeuvre totale par une grande voix du roman noir français.


Une vraie réussite que ce roman. Aussi bien roman d'anticipation que polar (encore que la partie strictement polar démarre vraiment sur la dernière partie), il nous amène à de vraies réflexions sur notre mode de vie actuel et l'urgence de protéger la planète -... de nous-mêmes - et la place des femmes dans la société, quelle que soit l'époque. Et par ricochet, la place des hommes dans la société, qui finalement ne va pas tant que ça de soit. 

Et ceci sans militantisme exacerbé voire lourdingue. Ces sujets tiennent visiblement à coeur l'autrice, qui les déploient et les défend avec grâce, subtilité et intelligence, le tout dans une écriture, que dis-je, une langue parfaite.

L'histoire est aussi intelligente, bien construite qu'inventive et parfaitement équilibrée.
Le monde futur que l'autrice a créé est admirablement bien pensé, imaginatif et cohérent. Les personnages aussi sont bien pensé et forment une société, des familles que l'on prendrait plaisir à connaître. Tout est fait pour que leur monde soit au plus près d'un monde idyllique, mais aucun ne croit qu'il l'est. Le simple fait qu'une femme ayant atteinte les cinquante ans doive se retirer du monde entraîne des bouleversements pour chacun et si ce concept même semble dur pour les lecteurs, il l'est dans le roman autant pour les hommes que les femmes.

Sur la partie polar, rien à redire tellement cela semble (tristement) logique...

Sur l'histoire je n'en dirai pas plus, car il faut vraiment lire ce livre pour l'apprécier pleinement.

Oui, décidément, une belle réussite.
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vendredi 7 novembre 2025

Si le rôle de la mer est de faire des vagues...

4 de couv' :
Si le rôle de la mer est de faire des vagues, mon rôle à moi est de penser à toi. Depuis que nous avons été séparées, je ne t'ai jamais oubliée, pas même un seul jour.
Un jour, Camille reçoit six cartons de vingt-cinq kilos qui contiennent toute son enfance. Entre un pours en peluche et un globe terrestre, la photo d'une jeune fille, petite et menue : celle de sa vraie mère avec un bébé dans les bras. Camilla a été adoptée peu après sa naissance par un couple d'Américains. Aujourd'hui, elle a vingt et un ans et décide de partir en Corée à la recherche de sa mère.
Au fil d'une enquête aux multiples bifurcations,chacun livre sa version de l'histoire bouleversante de cette lycéenne de seize ans devenue mère, les rumeurs, les secrets, les tragédies, le mystère de l'identité du père. Peu à peu Camilla remplit les blancs de son passé, qui se confond avec celui de cette petite ville portuaire où elle est née, et toute sa vie s'en trouve changée.
Un roman riche en harmonique, à l'imaginaire poétique et émouvant, enraciné dans la réalité sociale de la Corée d'aujourd'hui.


Tout me plaisait dans ce livre quand je l'ai emprunté à la bibliothèque : le titre, le résumé, la couverture.
Le roman est en trois partie : dans la première, la narratrice est Camilla, dans la deuxième sa mère, dans la troisième ceux qui ont connu sa mère au moment des faits. Originalité intéressante qui en temps normal devait m'enthousiasmer. L'écriture est agréable, rien à redire là-dessus.

Tout était fait pour que ce livre me plaise, et pourtant je l'ai moins aimé que ce à quoi je m'attendais. Peut-être est-ce dû au fait que j'ai un peu trop "haché" la lecture. Si je m'y était plongée un week-end sans discontinuer, plutôt que petit bout par petit bout chaque soir, je l'aurais sûrement davantage apprécié.

Le découpage du livre fait que, au final, ce n'est pas tant l'histoire de Camilla que de celle de sa mère. Tout au long du roman, l'auteur nous distille des bouts d'information, parfois de façon anecdotique, qui prennent tout leur sens à la fin du livre, comme si la brume - récurrente dans le roman - s'était dissipée et nous laissait enfin voir le paysage dans son ensemble.

Une belle façon de raconter cette histoire.
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dimanche 2 novembre 2025

Nââândé !?

4 de couv' :
Eriko Nakamura vit à Paris depuis deix ans mais chaque jour ou presque, au restaurant, dans le métro, chez le médecini, lors d'un réveillon d'un mariage, à l'hôtel, chez le boucher, en boîte de nuit ou dans un dîner en ville, elle pousse le même cri : Nââândé !?
Le médecin ? Le "déshabillez-vous !" de nos généralistes est un terrible offense pour les Japonais : extrêmement pudiques, ils se font toujours examiner... en blouse.
Le métro ? Mais où sont-ils, les jours de grève ? À Tokyo, quand les conducteurs débrayent, le trafic est... normal.
Les toilettes publiques ? En découvrant le soin qu'ils apportent à ces lieux, on comprend que les nôtres leur paraissent... Nââândé !?
Avec humour, cette Japonaise fait le tour de nos façons d'être en nous expliquant comment cela se passerait chez elle. Pudeur, raffinement et volonté de en pas se fait remarquer d'un côté. Individualisme, hédonisme et sans-gêne de l'autre. Le choc est nécessairement brutal et les hallucinations permanentes.
Portrait décapant et inédit de la vie parisienne, ces tribulations sont également l'occasion de découvrir, de façon ludique, le Japon au quotidien.


Je suis allée, ou plutôt j'ai découvert Paris il y a une trentaine d'années, lors des fêtes de fin d'année, en même temps que ma copine japonaise, mon homme nous servant de guide.
Inutile de dire que j'ai beaucoup pensé à elle en lisant ce livre.
J'ai moi-même eu un choc culturel là-bas. Le manque total d'amabilité des parisiens (par exemple : ici, à un arrêt de bus, on se dit poliment bonjour en souriant ce qui permet d'entamer la conversation, là-bas, ils manifestent alors de la méfiance voire de l'hostilité et vous font bien comprendre que vous les importunez. Bande de sauvages), l'arrogance et le dédain voire le mépris de certains serveurs, la puanteur du métro (qui s'amplifiait à chaque trajet), et j'en passe... J'ai détesté cette ville et n'y suis jamais retournée...

Avec ce livre, j'en ai appris autant sur la vie parisienne - j'ai donc été rassurée sur le fait que je ne m'étais pas fait de mauvaise idées sur Paris - que sur la vie à Tokyo. Donc double bénéfice en ce qui me concerne.
Dommage cependant  que les comparaisons se limitent à ces deux capitales, je serais curieuse de lire son équivalent d'un étranger découvrant la vie en France ailleurs qu'à Paris et sa région.
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vendredi 31 octobre 2025

Le mètre des Caraïbes

4 de couv' :
Quel rapport peut-il bien y avoir entre le lamentable crash de la sonde américaine Climate Orbiter à la surface de Mars en 1999 et le boulet de canon pirate qui fracassa la dunette d'un fier navire français en février 1794, au large de Pointe-à-Pitre ?
À priori aucun, et pourtant, à y regarder de plus près, il semble bien que dans ce tir de canon se soit jouée une partie du destin du monde. Une petite partie, certes, mains dont in ne finit pas de mesurer encore aujourd'hui les répercussions, avec une précision rendue possible par une prouesse scientifique comme l'humanité en a peu rencontré : le système métrique.
Car il en va souvent ainsi des grands bouleversements scientifiques : il leur faut, pour advenir, un soupçon d'inattendu, une larme d'incongru, une bonne rasade d'improbable, et éventuellement quelques poulets des montagnes.


J'ai adoré ce livre, acheté parce que je suis une grande fan de Lupano, qui me séduit toujours par son humour, son sens du détail et suivant les ouvrages, une certaine forme de sensibilité et de poésie.

Cette fois, ce livre est autant pédagogique que drôle. S'ils retracent une partie de la vie de Joseph Dombey, les auteurs en profitent pour retracer sa biographie.
Et si cela est véridique, ils ont pris le parti de le faire de façon hautement humoristique (dans le livre, ce personnage n'est pas son pire ennemi ou boulet, il est carrément son propre porte-poisse). Ils ont probablement imaginé ses traits de caractère, pour être raccord avec le style humoristique de l'ouvrage (et les pirates de l'histoire, n'en parlons pas...) mais peu importe, c'est réussi.
Le côté pédagogique de ce livre ne porte pas sur ce scientifique. Le sujet du livre non plus d'ailleurs. Le vrai sujet de l'histoire est le système métrique, comment il a été inventé, et ce qui existait avant. Les auteurs ont réussi à vulgariser un sujet assez complexe (la façon de mesurer le moindre objet, contenance incluse, l'était bien plus visiblement) en le rendant ludique. Les questions des pirates quand on leur expose le sujet montre à quel point il y avait en effet besoin d'un système universel, et surtout que l'imposer n'aura sans doute pas été des plus simples.
Merci aux auteurs (ou l'éditeur ?) pour les fiches didactiques de la fin d'ouvrage. Sur le système métrique et Joseph Dombey, ainsi que les poulet des montagnes et le cachiyouyou (qui oui, existe vraiment...).

Sur la bande dessinée elle-même : je voudrais louer ici la grande inventivité et le talent des auteurs et du coloriste.
C'est le genre de livre qu'on lit et relit avec plaisir, non seulement pour l'histoire et l'humour, mais aussi parce que chaque page fourmille de multiples détails que l'on (re)découvre à chaque nouvelle lecture. Chaque personnage est unique et complète admirablement le reste de la troupe.
J'ai adoré les dessins, les ô combien magnifiques couleurs et la beauté des paysages (mention spéciale à la double page - 16 et 17 - de l'arrivée sur l'île).
Et évidemment, j'ai beaucoup ri.

Une vraie réussite ! (comme le système métrique)
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Surprises du jour

Chaque matin en prenant mon café, je regarde les différentes notifications sur Facebook (oui, à peine réveillée, je suis sur mon ordinateur, je sais, pas bien, toussa toussa...).

Puis j'embraye sur Booknode où j'ai chaque jour sur mon "Espace perso" (quand je n'oublie pas de le
consulter...) la suggestion "personnalisée" de lecture du jour. Pour l'anecdote, c'est ainsi que dernièrement je suis tombée sur "La mort est mon métier" et "Le grand méchant renard". Je ne préfère pas réfléchir à ce que ça dit de moi...
Pour certaines (j'en connais plein autour de moi), le petit moment de plaisir du jour est le petit carré de chocolat d'après dîner, pour moi, c'est la suggestion lecture du jour le matin.

Et donc aujourd'hui, entre autres notifications, "réels" et articles, il y avait ce matin sur la page Facebook de France Culture, une petite vidéo sur ce qui a inspiré la création de "Ça", de Stephen King.

Sur Booknode, la suggestion lecture du jour était "Histoire de Rofo, clown", de Howard Butten, lui-même (entre autres) clown à ses heures.

Ajoutez à cela (oups, j'ai failli écrire "ça") qu'hier, en me promenant dans la librairie préférée, je suis tombée sur le coffret de "Ça" de Stephen King...

Je ne sais pas si c'est un signe, et de quoi, mais je trouve que c'est un peu troublant...


jeudi 30 octobre 2025

Le grand méchant renard

Le mot de l'éditeur :
Face à un lapin idiot, un cochon jardinier, un chien paresseux et une poule caractérielle, un renard chétif tente de trouver sa place en tant que grand prédateur. Devant l'absence d'efficacité de ses méthodes, il développe une nouvelle stratégie. Sa solution ; voler des oeufs, élever les poussins, les effrayer et les croquer. Mais le plan tourne au vinaigre lorsque le renard se découvre un instinct maternel...

Un peu de légèreté, ça peut pas faire de mal. De légèreté, de grâce, d'humour, de douceur et de poésie aussi.

Une jolie fable réjouissante, avec un petit côté "Shaun le mouton" chez les animaux de la ferme.

Une vraie réussite et un petit bijou que cette bande dessinée. A mettre entre toutes les mains, des plus petites au plus ridées !

mercredi 29 octobre 2025

La mort est mon métier

4 de couv' :
"Le Reichsführer Himmler bougea la tête, et le bas de son visage s'éclaira...
- Le Führer, dit-il d'une voix nette, a ordonné la solution définitive du problème juif en Europe.
Il fit une pause et ajouta :
- Vous avez été choisi pour exécuter cette tâche.
Je le regardai. Il dit sèchement :
- Vous avez l'air effaré. Pourtant, l'idée d'en finir avec les Juifs n'est pas neuve.
- Nein, Herr Reichsführer. Je suis seulement étonné que ce soit moi qu'on ait choisi..."


Ce livre est la biographie romancée de Rudolph Hoess, et si l'auteur s'est parfaitement documenté, il n'en reste pas moins un roman. Le personnage principal - et narrateur - porte d'ailleurs un autre nom, Rudolph Lang.

Une fois emprunté ce livre à la bibliothèque, j'ai longuement hésité à le lire : avais-je finalement vraiment envie d'entrer dans la tête d'un tel criminel de guerre ? Certes, je voulais comprendre comment un être humain pouvait en arriver à ces extrêmes mais même si cet ouvrage a régulièrement de bonnes critiques, je n'arrivais pas à associer cette curiosité à un plaisir de lecture.
Et en même temps, maintenant que je l'ai lu, je me dis qu'une simple biographie n'aurait pas le même impact.

Je me suis donc décidée à ouvrir ce livre au moins pour voir. L'écriture, douce, simple et limpide, m'a tout de suite happée.

Cette biographie commence dès l'enfance du narrateur sans autre ambition que de montrer dans quelle type de famille il a pu grandir et sûrement pas de faire de la psychologie de cuisine.
A travers la vie du narrateur, on retrouve aussi toute cette partie de l'histoire allemande qui va mener à l'ascension d'Hitler et mieux comprendre, sans l'excuser, comment ce pays en est arrivé là.

Le personnage central, est d'une incroyable banalité, qui met ses talents dans ce en quoi il croit, qui est définitivement la plus mauvaise orientation, et surtout sans affect aucun. Ne compte pour lui que le sens du devoir, de remplir les missions qu'on lui donne quelles qu'elles soient. Certains le qualifieraient de psycho-rigide.
Psychopathe non, car il ne prend aucun plaisir à faire du mal. C'est en cela qu'il est troublant : il n'a même pas conscience de faire du mal puisque ses supérieurs, en qui il place toute sa foi et sa confiance, lui disent de faire ainsi. A aucun moment il ne se dit qu'il a affaire à des êtres humains, il ne voit que l'obéissance à respecter. Que ce soit son travail à l'armée, à l'usine, son mariage ou la direction d'un camp de concentration... Et tant pis pour les conséquences pour les autres et qu'il soit apprécié ou non puisque pour lui ce n'est pas le plus important.
On lui donne un ordre, il est sur une logique et rien d'autre ne doit être pris en compte. Froid et insensible jusqu'au bout.

Troublant ad nauseam, en particulier dans un passage où il doit trouver une solution pour exterminer le plus de prisonniers possibles et rencontre les dirigeants d'autres camps pour voir leurs pratiques, et comment les améliorer dans le sien. Et tous ces calculs, où des êtres humains seront appelés des "unités".
Et son incompréhension face à la réaction humaine d'autres personnes, qui n'acceptent pas l'horrible réalité.

Un très bon roman, parfaitement bien écrit, qui fait beaucoup réfléchir sur l'être humain et sa capacité de nuisance.
Inutile de dire que depuis, j'ai eu besoin de lectures beaucoup plus légères...
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