dimanche 29 juin 2025

Haikus

4 de couv' :
Si Sôseki le romancier est de longue date traduit et commenté chez nous, une part plus secrète et à la fois plus familière de son oeuvre nous est encore inconnue. Sôseki a écrit plus de 2500 haikus, de sa jeunesse aux dernières années de sa vie : moments de grâce, libérés de l'étouffante pression de la vie réelle, où l'esprit fait halte au seuil d'un poème, dans une intense plénitude.
"Affranchis de la question de leur qualité littéraire, ils ont à mes yeux une valeur inestimable, puisqu'ils sont pour moi le souvenir e la paix de mon coeur... Simplement, je serais heureux si les sentiments qui m'habitaient alors et me faisaient vivre résonnaient, avec le moins de décalage possible, dans le coeur du lecteur."

Ce livre est un vrai petit bijou. Non seulement par la qualité de le sélection des haikus rassemblés ici, mais aussi par les illustrations dont la plus grande partie est de Sôseki lui-même (et quand ce n'est pas le cas, ce sont les calligraphies qui les accompagnent qui sont de la main de l'auteur).

Une belle initiation aux haïkus - car la première partie est très pédagogique et très abordable pour les non-inités -, à cet auteur, et à cette partie de la culture japonaise.

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vendredi 27 juin 2025

L'homme qui fouettait les enfants

4 de couv' :
Il a crié "Fils" et il lui a tiré dessus en plein tribunal. Puis le vieux Brady a demandé que le shérif lui laisse deux heures, et il est parti. Si tout le monde connaît les faits ici, à Bayonne, en Louisiane, ils sont peu nombreux à pouvoir les expliquer. Sauf peut-être les vieux du salon de coiffure qui passent leur journée à discuter... Eux connaissent Brady, l'homme qui fouettait les enfants, et savent bien pourquoi il agissait ainsi autrefois. Pour eux tout est clair, mais il faudra que le narrateur, jeune reporter au journal local, passe la journée à les écouter pour comprendre. Et pour que se dessine leportrait d'un homme au passé et à la personnalité complexes, et d'une communauté noire, confrontée depuis toujours aux mêmes difficultés... Un récit plein de verve et d'humanité.


Si j'ai moins accroché à ce livre - car commencé un soir où j'étais fatiguée et l'ai reposé au bout de trois pages pour dormir, puis lu de façon hachée pour les mêmes raisons - ce n'est dû qu'à moi et non à la qualité d'écriture de l'auteur.

Chronique d'un épisode marquant d'une petite ville du sud des États-Unis, ce court roman recèle toute une galerie de personnages hauts en couleurs, en particulier dans le salon de coiffure. Deux personnages - jeunes ceux-là - se substituent au lecteur : le journaliste, et un autre homme, de passage dans la ville. Le journaliste se contente d'observer, tandis que l'autre homme, lui, trépigne d'impatience en se demandant où veulent en venir les anciens qui parlent de Brady et retracent, à travers lui et sa vie, celle de la ville et implicitement, de toute une société.

Comme toujours avec Ernest J. Gaines, un texte court mais fort, autant par ce qui est écrit que par ce qui est mis entre les lignes.
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dimanche 22 juin 2025

Charaf ou l'honneur

4 de couv' :
Charaf ("honneur" en arabe), un jeune égyptien d'une vingtaine d'années, traîne son désoeuvrement dans une rue commerçante du centre-ville du Caire, haut lieu d'une société de consommation à laquelle il n'a pas accès. Devant une salle de cinéma, un étranger lui offre une place et l'invite, après le film, à poursuivre la soirée chez lui. Charaf accepte mais, quand son hôte lui fait des avances, il le frappe d'une bouteille de whisky et le tue accidentellement. Condamné à une lourde peine de prison, Charaf a pour voisin de cellule le Dr Ramzi, pharmacien copte qui, après une tentative en politique, fit carrière dans une multinationale pharmaceutique avant d'être victime, en raison de sa probité et de son patriotisme, d'une machination l'impliquant dans une affaire de corruption.
Avec le style incisif qu'on lui connaît, où le document s'insère comme une pièce à conviction dans la trame du récit, Sonallah Ibrahim dresse le terrifiant tableau d'une Egypte livrée corps et âme au capitalisme sauvage. Aucun de ses personnages ne peut contrôler sa destinée, nu Ramzi, l'ancien militant nassérien, ni Charaf, le pur produit du sadatisme. Si l'un est réduit à hurler de vaines proclamations depuis sa cellule disciplinaire, l'autre n'a de chance de s'en sortir qu'en perdant "l'honneur" qui lui a valu de se retrouver en prison.


J'ai découvert cet auteur l'année dernière avec "Warda", qui m'avait donné envie de lire ses autres romans et j'en avais acheté deux, dont celui-ci.

J'aime beaucoup l'écriture de cet auteur qui m'a fait immédiatement plonger dans l'histoire de ce Candide qui découvre la vie, la prison, la vie en prison.
Le propos de ce livre n'est pas spécialement ou pour mieux dire pas seulement, la vie en prison. Mais à travers le parcours de chaque détenu, c'est tout une peinture de l'Egypte qui est décrite ici. Un humour subtil et grinçant, où personne ne sort indemne, que ce soit la population et la société égyptienne, leur gouvernants et... les pays occidentaux et surtout les multinationales, qui semblent aux manettes du monde.
A ce sujet, se rappeler deux choses : l'auteur est communiste donc de parti pris mais il faut bien dire qu'il n'a pas tort sur la partie politique et économique du texte (partie deux, qui sont les écrits du Dr Ramzi) et surtout que ce livre est paru en 1997 (1999 pour l'édition française). Et bien qu'il ait déjà presque trente ans, ce texte est désespérément d'actualité...

Si la partie deux m'a un peu agacée, non par son contenu car j'y retrouve pas mal de mes opinions (quoique l'auteur aille bien plus loin dans son analyse et ses critiques, orientation politique et origines obligent), mais plutôt parce qu'elle m'a donnée l'impression sur le moment que le roman était un prétexte pour l'auteur d'y livrer son plaidoyer sur un sujet qui lui tenait à coeur.
J'ai probablement tort, mais j'ai ressenti un décalage par rapport au reste du texte qui m'a un peu dérangée. Certes, il s'agit du texte d'un personnage dans celui du roman donc il est normal qu'il y ait décalage, mais même si maintenant que je l'ai fini, je le trouve logique, sur le moment cela m'a moins plu.

Globalement, j'ai bien aimé cette lecture qui m'a donné d'en apprendre plus sur cette partie du monde.
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samedi 7 juin 2025

Les films de Clint Eastwood

4 de couv' :
Lancé dans les années soixante par Sergio Leone comme protagoniste de la célèbre "trilogie du dollar", Clint Eastwood s'est transformé d'abord en une icône du policier d'action, puis en un réalisateur sensible, au talent éclectique, jusqu'à devenir l'un des hommes de cinéma les plus populaire et les plus aimés de la critique et du public.
Cet ouvrage trace de lui un portrait complet, en parcourant entièrement sa vie et sa carrière.


Vous vous doutez bien que ce livre n'a pas été choisi par hasard et que c'est en digne fan de Clint Eastwood que je me suis procurée ce livre.

Des films d'Eastwood, je connaissais mieux ceux des vingt dernières années (avec une prédilection pour "Sur la route de Madison", "Lettres d'Iwo Jima", "Gran Torino"...). Plus jeune, j'adorais la série des Inspecteur Harry - paraît-il d'après mon homme que j'ai "un caractère de mec" - un peu moins maintenant car je trouve que certains ont mal vieilli... ou c'est moi qui ai changé...

La maison d'édition de ce livre est spécialisée dans les livres sur l'art dont le cinéma. L'édition que je possède est la première de ce livre, publié en 2010, ce livre s'arrête donc au dernier film en date pas encore sorti ni traduit en français à l'époque (Hereafter, soit "Au-delà").
Une réédition de ce livre est sortie le mois dernier, j'en déduis qu'il s'agit d'une version réactualisée et avec un peu de chance, les multiples fautes de frappe et les quelques paragraphes en double auront été corrigées...

Ce livre est très bien fait. Et si les premières pages sont plutôt destinées un public relativement cinéphile, il reste plaisant et intéressant à lire. S'ensuit une biographie de l'acteur-réalisateur-producteur, puis les films par ordre chronologique : titre (avec date, titre original, nom du réalisateur), résumé technique, distribution et personnages, résumé, descriptif ou anecdotes sur le tournage et différentes critiques sorties à l'époque. Le tout agrémenté de photos de chaque film, ou prises sur le plateau lors du tournage (direction d'acteur, oeil rivé à la caméra, etc.).

Cinéphiles ou non, les fans d'Eastwood s'y retrouveront. Pour ma part, j'ai appris beaucoup de choses sur le réalisateur t suis assez épatée de tout le travail accompli depuis tant d'années.

Un vrai beau livre, très pédagogique, et à la portée de tous.
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