mercredi 29 octobre 2025

La mort est mon métier

4 de couv' :
"Le Reichsführer Himmler bougea la tête, et le bas de son visage s'éclaira...
- Le Führer, dit-il d'une voix nette, a ordonné la solution définitive du problème juif en Europe.
Il fit une pause et ajouta :
- Vous avez été choisi pour exécuter cette tâche.
Je le regardai. Il dit sèchement :
- Vous avez l'air effaré. Pourtant, l'idée d'en finir avec les Juifs n'est pas neuve.
- Nein, Herr Reichsführer. Je suis seulement étonné que ce soit moi qu'on ait choisi..."


Ce livre est la biographie romancée de Rudolph Hoess, et si l'auteur s'est parfaitement documenté, il n'en reste pas moins un roman. Le personnage principal - et narrateur - porte d'ailleurs un autre nom, Rudolph Lang.

Une fois emprunté ce livre à la bibliothèque, j'ai longuement hésité à le lire : avais-je finalement vraiment envie d'entrer dans la tête d'un tel criminel de guerre ? Certes, je voulais comprendre comment un être humain pouvait en arriver à ces extrêmes mais même si cet ouvrage a régulièrement de bonnes critiques, je n'arrivais pas à associer cette curiosité à un plaisir de lecture.

Et en même temps, maintenant que je l'ai lu, je me dis qu'une simple biographie n'aurait pas le même impact.

Je me suis donc décidée à ouvrir ce livre au moins pour voir. L'écriture, douce, simple et limpide, m'a tout de suite happée.

Cette biographie commence dès l'enfance du narrateur sans autre ambition que de montrer dans quelle type de famille il a pu grandir et sûrement pas de faire de la psychologie de cuisine.
A travers la vie du narrateur, on retrouve aussi toute cette partie de l'histoire allemande qui va mener à l'ascension d'Hitler et mieux comprendre, sans l'excuser, comment ce pays en est arrivé là.

Le personnage central, est d'une incroyable banalité, qui met ses talents dans ce en quoi il croit, qui est définitivement la plus mauvaise orientation, et surtout sans affect aucun. Ne compte pour lui que le sens du devoir, de remplir les missions qu'on lui donne quelles qu'elles soient. Certains le qualifieraient de psycho-rigide.
Psychopathe non, car il ne prend aucun plaisir à faire du mal. C'est en cela qu'il est troublant : il n'a même pas conscience de faire du mal puisque ses supérieurs, en qui il place toute sa foi et sa confiance, lui disent de faire ainsi. A aucun moment il ne se dit qu'il a affaire à des êtres humains, il ne voit que l'obéissance à respecter. Que ce soit son travail à l'armée, à l'usine, son mariage ou la direction d'un camp de concentration... Et tant pis pour les conséquences pour les autres et qu'il soit apprécié ou non puisque ce n'est pour lui le plus important.
On lui donne un ordre, il est sur une logique et rien d'autre ne doit être pris en compte. Froid et insensible jusqu'au bout.

Troublant ad nauseam, en particulier dans un passage où il doit trouver une solution pour exterminer le plus de prisonniers possibles et rencontre les dirigeants d'autres camps pour voir leurs pratiques, et comment les améliorer dans le sien. Et tous ces calculs, où des êtres humains seront appelés des "unités".
Et son incompréhension face à la réaction humaine d'autres personnes, qui n'acceptent pas l'horrible réalité.

Un très bon roman, parfaitement bien écrit, qui fait beaucoup réfléchir sur l'être humain et sa capacité de nuisance.
Inutile de dire que depuis, j'ai eu besoin de lectures beaucoup plus légères...
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