dimanche 30 novembre 2025

Échec au destin

4 de couv' :
Quand la seconde épouse du souverain de Magens est retrouvée morte au pied de son balcon, la couronne vacille. Le drame fragilise une succession à haut risque dans ce royaume occitan qui doit sa survie à la protection de Rome.
Établir les circonstances du décès est une priorité car l'hérésie d'un suicide viendrait délégitimer le pouvoir du monarque. D'autant que les deux successeurs potentiels doivent à présent compter sur les ambitions de leur demi-frère, un temps éloigné de la cour pour devenir cardinal et à qui le roi confie l'enquête. Armé du plus puissanr des allés - le confessionnal -, le jeune prélat est rapidement plongé au coeur d'intrigues de palais, de luttes fratricides, d'insidieux antagonismes entre les pouvoirs spirituel et terrestre. Et le diabolique échec au roi de se transformer en un surprenant échec au destin.

Décidément, les romans de luis Llach se suivent et ne se ressemblent pas... pour le plus grand plaisir de la lectrice que je suis !

Nous voici donc dans un polar moyenâgeux se déroulant dans un royaume imaginaire. Polar très bien ficelé et très bien pensé, soit dit en passant.

Un polar avec la patte de Lluis Llach, et toujours son humour, subtil.

Personnellement, j'ai lu la plus grande partie du début du livre comme une fable ou un conte pour adultes. Je ne sais si c'était voulu par l'auteur ou si j'étais juste en avance sous l'influence de l'esprit de Noël, mais cela était drôlement plaisant.

Tout dans ce roman m'a plu, que ce soit les intrigues de cour, les descriptions, la variété de personnage;

Une fois de plus, une belle réussite !
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vendredi 21 novembre 2025

Droit dans les yeux

4 de couv' :
"On ne se regarde plus dans les yeux. Question d'habitude, de paresse, de pudeur ? On est rivé sur un écran, parfois même en marchant...", A.T.
À l'arrivée d'Augustin Trapenard, Le Grande Librairie inaugure en septembre 2022 sa nouvelle formule avec une séquence finale dans laquelle un auteur lit, face caméra, un texte qu'il a écrit spécialement pour l'émission.
"Droit dans les yeux" offre une tribune libre aux plus grands écrivains de notre époque. Fiévreuse, tendre, éloquente, profonde... Qu'elle s'attache à l'actualité ou questionne le rôle du livre et de la lecture, leur parole ouvre une parenthèse dans le temps médiatique.
Prix Nobel de littérature, romanciers, auteurs de polars et de science-fiction, poètes, écrivains pour la jeunesse, bédéistes, scénaristes, historiens, philosophes, anthropologues... Ensemble, ils livrent une admirable démonstration de leur talent et nous rappellent à quel point, dans une société en quête de sens, leur voix est essentielle.


Comme vous vous en doutez, je suis une grande fan de l'émission "La Grande Librairie" depuis... plusieurs années maintenant, je ne saurais même pas dire depuis quand.

La nouvelle séquence de l'émission m'avait au départ un peu déconcertée - la notion "droit dans les yeux" appliquée à la lettre m'était un peu dérangeante au début - mais je dois reconnaître que ces textes sont de véritables pépites littéraires, philosophiques ou poétiques... ou tout cela à la fois.

Je me suis délectée de chaque page, chaque ligne, chaque mot.

Ceux qui connaissent l'émission savent que chaque semaine apporte un nouveau thème... qui n'est même pas évoqué dans ce livre, seulement parfois dans certains textes.

Un peu déçue au début, j'ai vite compris que c'était le mieux à faire : plutôt que d'enfermer chaque texte dans le thème de l'émission pour laquelle il a été écrit, cette neutralité le rend d'autant plus intemporel.

Une bonne idée aussi est la mini biographie de chaque auteur à la fin des textes.
Une très bonne idée que d'y ajouter les textes originaux, - après la version française - pour ceux qui ont été diffusés (sous-titrés) dans la langue des écrivains quand ceux-ci ne parlent pas français.
Une excellente idée que de reverser une partie des ventes de ce livre à Bibliothèques sans Frontières, dont Augustin Trapenard est le parrain.
Et de le sortir maintenant : beau cadeau pour les fêtes de fin d'année, aussi bien pour soi-même et son entourage que pour cette association.

Décidément, tout me plaît dans  ce livre : le contenu, la présentation aussi sobre que belle, la mise en valeur de belles idées humanistes et de la littérature sous toutes ses formes.

Un vrai bohneur de lecture !
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dimanche 16 novembre 2025

Obsolète

4 de couv' :
La femme, un produit sans grand avenir ?
2224. Depuis le Grand Effondrement de la civilisation fossile et les crises qui ont suivi, l'humanité s'est adaptée. Économiser les ressources, se protéger du soleil, modifier son habitat, ses besoins, et adhérer au tout recyclage.
Y compris celui des femmes.

Afin d'enrayer le déclin de la population, toute femme de cinquante ans est retirée de son foyer pour laisser la place à une autre, plus jeune et encore fertile.
L'heure a sonné pour Rachel. Solide et sereine, elle est prête. Mais qu'en sera-t-il de son mari et de ses enfants ? Car personne n'est jamais revenu du Grand Recyclage. Et Rachel sent bien que le Domaine des Hautes-Plaines n'est pas ce lieu de rêve que promet la Gouvernance territoriale aux futures Retirées...

Convoquant tout autant le roman d'anticipation que la littérature de suspense, Sophie Loubière nous offre une plongée fascinante et terrifiante dans un monde rétrofuturiste visionnaire. Une oeuvre totale par une grande voix du roman noir français.


Une vraie réussite que ce roman. Aussi bien roman d'anticipation que polar (encore que la partie strictement polar démarre vraiment sur la dernière partie), il nous amène à de vraies réflexions sur notre mode de vie actuel et l'urgence de protéger la planète -... de nous-mêmes - et la place des femmes dans la société, quelle que soit l'époque. Et par ricochet, la place des hommes dans la société, qui finalement ne va pas tant que ça de soit. 

Et ceci sans militantisme exacerbé voire lourdingue. Ces sujets tiennent visiblement à coeur l'autrice, qui les déploient et les défend avec grâce, subtilité et intelligence, le tout dans une écriture, que dis-je, une langue parfaite.

L'histoire est aussi intelligente, bien construite qu'inventive et parfaitement équilibrée.
Le monde futur que l'autrice a créé est admirablement bien pensé, imaginatif et cohérent. Les personnages aussi sont bien pensé et forment une société, des familles que l'on prendrait plaisir à connaître. Tout est fait pour que leur monde soit au plus près d'un monde idyllique, mais aucun ne croit qu'il l'est. Le simple fait qu'une femme ayant atteinte les cinquante ans doive se retirer du monde entraîne des bouleversements pour chacun et si ce concept même semble dur pour les lecteurs, il l'est dans le roman autant pour les hommes que les femmes.

Sur la partie polar, rien à redire tellement cela semble (tristement) logique...

Sur l'histoire je n'en dirai pas plus, car il faut vraiment lire ce livre pour l'apprécier pleinement.

Oui, décidément, une belle réussite.
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vendredi 7 novembre 2025

Si le rôle de la mer est de faire des vagues...

4 de couv' :
Si le rôle de la mer est de faire des vagues, mon rôle à moi est de penser à toi. Depuis que nous avons été séparées, je ne t'ai jamais oubliée, pas même un seul jour.
Un jour, Camille reçoit six cartons de vingt-cinq kilos qui contiennent toute son enfance. Entre un pours en peluche et un globe terrestre, la photo d'une jeune fille, petite et menue : celle de sa vraie mère avec un bébé dans les bras. Camilla a été adoptée peu après sa naissance par un couple d'Américains. Aujourd'hui, elle a vingt et un ans et décide de partir en Corée à la recherche de sa mère.
Au fil d'une enquête aux multiples bifurcations,chacun livre sa version de l'histoire bouleversante de cette lycéenne de seize ans devenue mère, les rumeurs, les secrets, les tragédies, le mystère de l'identité du père. Peu à peu Camilla remplit les blancs de son passé, qui se confond avec celui de cette petite ville portuaire où elle est née, et toute sa vie s'en trouve changée.
Un roman riche en harmonique, à l'imaginaire poétique et émouvant, enraciné dans la réalité sociale de la Corée d'aujourd'hui.


Tout me plaisait dans ce livre quand je l'ai emprunté à la bibliothèque : le titre, le résumé, la couverture.
Le roman est en trois partie : dans la première, la narratrice est Camilla, dans la deuxième sa mère, dans la troisième ceux qui ont connu sa mère au moment des faits. Originalité intéressante qui en temps normal devait m'enthousiasmer. L'écriture est agréable, rien à redire là-dessus.

Tout était fait pour que ce livre me plaise, et pourtant je l'ai moins aimé que ce à quoi je m'attendais. Peut-être est-ce dû au fait que j'ai un peu trop "haché" la lecture. Si je m'y était plongée un week-end sans discontinuer, plutôt que petit bout par petit bout chaque soir, je l'aurais sûrement davantage apprécié.

Le découpage du livre fait que, au final, ce n'est pas tant l'histoire de Camilla que de celle de sa mère. Tout au long du roman, l'auteur nous distille des bouts d'information, parfois de façon anecdotique, qui prennent tout leur sens à la fin du livre, comme si la brume - récurrente dans le roman - s'était dissipée et nous laissait enfin voir le paysage dans son ensemble.

Une belle façon de raconter cette histoire.
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dimanche 2 novembre 2025

Nââândé !?

4 de couv' :
Eriko Nakamura vit à Paris depuis deix ans mais chaque jour ou presque, au restaurant, dans le métro, chez le médecini, lors d'un réveillon d'un mariage, à l'hôtel, chez le boucher, en boîte de nuit ou dans un dîner en ville, elle pousse le même cri : Nââândé !?
Le médecin ? Le "déshabillez-vous !" de nos généralistes est un terrible offense pour les Japonais : extrêmement pudiques, ils se font toujours examiner... en blouse.
Le métro ? Mais où sont-ils, les jours de grève ? À Tokyo, quand les conducteurs débrayent, le trafic est... normal.
Les toilettes publiques ? En découvrant le soin qu'ils apportent à ces lieux, on comprend que les nôtres leur paraissent... Nââândé !?
Avec humour, cette Japonaise fait le tour de nos façons d'être en nous expliquant comment cela se passerait chez elle. Pudeur, raffinement et volonté de en pas se fait remarquer d'un côté. Individualisme, hédonisme et sans-gêne de l'autre. Le choc est nécessairement brutal et les hallucinations permanentes.
Portrait décapant et inédit de la vie parisienne, ces tribulations sont également l'occasion de découvrir, de façon ludique, le Japon au quotidien.


Je suis allée, ou plutôt j'ai découvert Paris il y a une trentaine d'années, lors des fêtes de fin d'année, en même temps que ma copine japonaise, mon homme nous servant de guide.
Inutile de dire que j'ai beaucoup pensé à elle en lisant ce livre.
J'ai moi-même eu un choc culturel là-bas. Le manque total d'amabilité des parisiens (par exemple : ici, à un arrêt de bus, on se dit poliment bonjour en souriant ce qui permet d'entamer la conversation, là-bas, ils manifestent alors de la méfiance voire de l'hostilité et vous font bien comprendre que vous les importunez. Bande de sauvages), l'arrogance et le dédain voire le mépris de certains serveurs, la puanteur du métro (qui s'amplifiait à chaque trajet), et j'en passe... J'ai détesté cette ville et n'y suis jamais retournée...

Avec ce livre, j'en ai appris autant sur la vie parisienne - j'ai donc été rassurée sur le fait que je ne m'étais pas fait de mauvaise idées sur Paris - que sur la vie à Tokyo. Donc double bénéfice en ce qui me concerne.
Dommage cependant  que les comparaisons se limitent à ces deux capitales, je serais curieuse de lire son équivalent d'un étranger découvrant la vie en France ailleurs qu'à Paris et sa région.
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