dimanche 26 février 2012

Déçue

4 de couv' :
Près du village de Werst, en Transylvanie, se dresse le château des Carpathes qui, depuis le départ du dernier représentant de ses seigneurs, Rodolphe de Gortz, est complètement abandonné et fui par tous, tant les rumeurs alarmantes et de folles légendes circulent à son sujet.
Un jour, une fumée est aperçue au faîte du donjon. Malgré leur peur, le jeune forestier Nic Deck et le docteur Patak partent en reconnaissance et sont victimes de phénomènes surprenants.
Peu après ces évènements, le comte Franz de Telek qui voyage pour oublier la mort de sa fiancée, la cantatrice Stilla, arrive à Werst. Apprenant que le château des Carpathes appartenait à celui qui l'avait maudit au moment du décès de la Stilla, il décide de s'y rendre...
Dans ce roman envoûtant, Jules Verne s'affirme comme un maître de la littérature fantastique.


Je dois bien reconnaître que ce roman et sa lecture ne m'ont pas emballée, à part peut-être certains passages qui ne tiennent finalement pas leurs promesses. Ce qui est dommage, car si on considère l'histoire seule, elle pouvait être intéressante.

Premier défaut qui n'est absolument pas dû à l'auteur : le quatrième de couverture, qui raconte les deux-tiers de ce court roman de 213 pages. En gros, on en est à la cinquantième page et ce qui s'est passé de plus notable est justement la fameuse fumée apparue au sommet du château.

Deuxième défaut : ce livre est apparue sous forme de feuilleton comme cela se faisait beaucoup à l'époque. Or si des tournures telles que "mais nous le verrons plus tard" convient très bien à un lecteur devant attendre le lendemain voire la semaine suivante pour connaître la suite, quand on lit cette histoire sous forme de roman, ça paraît franchement maladroit. Certains passages en deviennent carrément mal amenés (ex. : "à notre avis, nous devons développer ici...").

Sur les personnages : que les habitants de Werst paraissent attardés parce qu'ignorants vu que sans éducation véritable, c'est une chose. Je pense que l'auteur a voulu en faire un ressort comique du roman et cela aurait pu réussir si finalement cet aspect comique ne passait pas par une raillerie fortement teintée de mépris qui rendent le narrateur détestablement arrogant.
Cela dit, je ne suis pas dupe : l'idée est de pousser le lecteur à avoir un plus grande ouverture d'esprit que ces villageois afin de le faire adhérer à ce qui sera révélé à la fin du roman. En gros : "vous, lecteurs valez mieux que cela". Ou, en plus trivial : "vous n'allez pas être aussi bêtes qu'eux, quand même ?"
Les personnages les plus valeureux étant ceux qui de par leur fonction (officielle ou de naissance) s'élèvent au-dessus des autres, et aussi s'élèvent-ils intellectuellement (fi des superstitions, le salut par la science et l'objectivité des faits).
On n'échappe donc pas aux stéréotypes de l'époque, y compris pour les portraits des deux personnages juifs du roman, que ce soit leur attitude ou leur apparence physique. Donc ne croyez pas que Jules Verne, pris individuellement, était antisémite, je dirais plutôt qu'il était hélas de son époque.

Sur la narration : trop de longueurs (inutiles) par endroit, pas assez de développements à d'autres. Il s'agit  d'un roman trop court pour laisser la place à de si longues énumérations (parfois trop didactiques) sur la géographie, géologie, économie du coin. Elles apportent un petit plus à l'histoire, mais fallait-il les étirer en longueur ? De même, lorsque que le comte parcours le château, fallait-il vraiment, alors que l'auteur avait suffisamment insisté sur son dédale, qu'on suive ce personnage quasiment marche par marche ? Alors que l'épilogue, donnant toutes les clés de l'histoire, est expédié en peu de pages ?
Enfin, l'usage, par endroit abusif, de points d'exclamation : oui, il s'agit de moments clés et extraordinaire de l'histoire, oui, le personnage est à ce moment là étonné de ce qu'il découvre et le lecteur (de l'époque) aussi. Mais oui aussi, le lecteur s'en rend compte par lui-même sans qu'on le lui pointe du doigt par ce biais.

En résumé : ce n'est pas l'un des meilleurs Jules Vernes. Pour un si court roman, j'aurais développé certaines parties plutôt que d'autres OU j'en aurais fait un roman plus dense, plus développé, mieux construit.
Oui je sais, il est présomptueux de ma part de sembler donner des leçons d'écriture à un écrivain aussi renommé, mais c'est surtout ce que moi, lectrice, j'aurais aimé retrouver.
Dommage, car les idées scientifiques développées qui sont, j'insiste, la clé du roman, méritaient qu'on s'y attarde davantage en étant mieux amenées. Car comme toujours sur ces questions, Jules Verne était en avance sur son temps, voire de notre époque. Et ça, rien à faire, on ne pourra jamais le lui ôter.
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vendredi 24 février 2012

Bon ap' !

4 de couv' :
Dexter vient d'avoir un bébé. Sa vie de serial killer vengeur la nuit et expert médico-légal le jour va-t-elle devenir celle d'un "papa gâteau" ? Rien n'est moins sûr ! Une nouvelle affaire - une bande d'ados gothiques aux moeurs macabres et sanguinaires pratiquent le sacrifice humain - réveille des pulsions enfouies. Dexter est désormais un homme délicieux, mais le goût du sang l'est encore plus...


Ce livre est la cinquième de la série "Dexter" (série de livre, hein, pas la série télé), dont le principe de base est que le personnage principal du même nom est un tueur en série qui assassine (en les torturant à l'arme blanche) les... tueurs en série les nuits de pleine lune. Et travaille à l'institut médico-légal le jour, souvent avec Deborah, sa soeur adoptive, policier. Les circonstances qui l'ont poussé à devenir ainsi, on les apprend dans le premier tome, donc je ne m'étendrai pas là-dessus.

Pour ceux qui connaissent la série de livre, on retrouve avec bonheur l'humour et l'auto-dérision de Dexter, ainsi que ses atermoiements sur la nature humaine, comment sembler en être un vrai et agir comme tel.
Ce qui lui devient naturel à la seconde même où ses yeux se posent sur sa fille.
Exit les petits meurtres aux lames bien acérées, exit le Passager Noir qui du coup boude dans les hautes tours de son château maudit.
Sous le coup de baguette magique de la fée Lily Anne, Dexter devient naturellement bon, compatissant, voire carrément empathique. Et avec bonheur en plus, ce dont il ne cesse de s'étonner et de s'inquiéter, pour notre propre jubilation.

Mais il y a pire : ses vieux instincts meurtriers maintenant (presque) muselés, c'est un (presque) monsieur lambda qui évolue au fil des pages et beaucoup moins efficace face à ses congénères sadiques de tous bords. Pareil pour sa soeur Deborah, mais pour d'autres raisons.
Ils arriveront tous deux au bout de leur enquête cependant mais il faut voir - enfin lire - comment !

Deux petits bémols cependant par rapport aux autres livres de la série : personnellement, je ne crois pas aux déclarations de la victime, c'est beaucoup trop gros ! Encore que l'esprit humain a parfois suffisamment d'imagination, y compris dans la perversité, pour que cela existe mais j'espère que non et je n'en dirai pas plus. Deuxièmement, l'épilogue m'a laissée sur ma faim (ah ah, vu le sujet de l'enquête, j'arrive à faire des jeux de mots malgré moi), comme si l'auteur répondait à un impératif de date pour le clore.

Dommage, mais ça reste quand malgré tout bien plaisant à lire. Et vu l'évolution de la vie de famille de Dexter, qui d'ailleurs finit par redevenir lui-même, j'ai hâte de lire le prochain.
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dimanche 19 février 2012

Pour l'amour de Dieu

4 de couv' :
Marie est abonnée aux échecs sentimentaux. Alors qu'elle vient de saboter son premier mariage, elle rencontre un charpentier plein de qualités. Doux, sensible et généreux, Joshua a tout de l'homme idéal.
A un détail près : il lui déclare être Jésus. Marie pense tout d'abord avoir une fois de plus affaire à un tordu. Mais il n'est pas donné à tout le monde de marcher sur l'eau...


Petit roman sans prétention surtout au niveau de l'écriture, il reste un bon moment de lecture et divertissant quand on a envie de lire juste pour se détendre (genre sur la plage en été ou dans un bon bain en hiver comme moi cette après-midi).
Même si au départ, je trouvait la Marie un peu tête à claque aigrie et molle qu'on a envie de secouer, pas encore adulte à 34 ans et qui se définit elle-même comme étant une l.i.m.a.c.e. (pour connaître la définition de cet acronyme, cf. le livre) et son Joshua un peu couillon par moment. Faut dire aussi qu'avoir vécu 2000 ans loin des humains, ça n'aide pas à connaître et donc comprendre le monde actuel.
Et tout ceci sur fond d'apocalypse.

Et je ne sais pas si l'auteur avait en vue une adaptation cinématographique, mais : Alicia Key ? George Clooney ? Emma Thompson ? Nan mais, il se rend compte de la distribution d'enfer ? Ne serait-il pas en plein péché d'orgueil, le monsieur ?

Un bon divertissement, tout comme le roman précédent de l'auteur, "Maudit Karma".
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samedi 18 février 2012

Tomtomato

4 de couv' :
Tom a onze ans. Il vit dans un vieux mobil-home déglingué avec Joss, sa mère (plutôt jeune : elle l'a eu à treize ans et demi).
Comme Joss aime beaucoup sortir tard le soir, tomber amoureuse et partir en week-end avec ses copains, Tom se retrouve souvent tout seul. Et il doit se débrouuiller. pour manger, il va dans les potagers de ses voisins, pique leurs carootes, leurs pommes de terre... Mais comme il a très peur de se faire prendre et d'être renvoyé à la Ddass, il fait très attention, efface très soigneuesement les traces de son passage, replante derrière lui, brouille les pistes. Un soir, en cherchant un nouveau jardin où faire ses courses, il tombe sur Madeleine (quatre-vingt-treize ans), couchée par terre au milieu de ses choux, en train de pleurer, toute seule, sans pouvoir se relever.
Elle serait certainement morte, la pauvre vieille, si le petit Tom (petit homme) n'était pas passé par là...


Ça ne m'avait jamais fait ça. Ne pas aimer l'écriture d'un livre mais aimer le roman malgré tout. Bon d'accord, il arrive que j'apprécie un roman sans rien trouver d'exceptionnel au style d'écriture (voire pas de style particulier) mais tant que le roman reste agréable à lire, j'en garderai une impression agréable.

Sauf qu'ici, l'écriture m'a assez peu plue : à un moment donné, on avait l'impression que l'auteure, au lieu de raconter une histoire, se contentait de décrire une situation, de juste dire les faits.

MAIS : dans le même temps, et c'est là où je suis étonnée, j'ai tout de suite accrochée à l'histoire. Une histoire simple, une tranche de vie ou plusieurs tranches de vie, vu que chaque personnage a droit, à un moment ou un autre, à son chapitre. Même les animaux, parce que eux aussi sont importants dans l'histoire et dans la vie des personnages.

Des personnages attachants (même Joss, et pourtant ce n'était pas évident au début), des personnages en souffrance et seuls, mais avec un bon fond, qui ont en commun de vouloir trouver le bonheur ou de le construire, pour peu qu'on leur donne leur chance et qui, petit à petit, s'ouvrent aux autres. Et se (re?)trouvent.

Une chouette histoire, je pense que je vais suivre cette auteure à l'avenir.


(Par contre, si comme moi, vous n'avz pas encore vu le film "La vie est belle" et ne tenez pas à en connaître la fin avant de l'avoir vu, évitez la fin du chapitre 35 (haut de la page 192 du livre dans l'édition où je l'ai lu). Et évitez aussi le chapitre 38, avant d'avoir déjeuné (ou après un repas bien copieux). La recette de la salade aux vers de terre, ce n'est pas des plus râgoutants.)
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jeudi 16 février 2012

Saga Tricotin

4 de couv' :
Tout est décevant dans l'enfance d'Adolf Hitler. On aurait aimé y voir plus de cruauté, de violence, de cris ou de sang. Rien. Quelques pleurs à la mort de sa mère, mais de là à nous émouvoir... Il aime la musique, le petit Adi, comme tous les enfants, il flâne, joue au chef ou se rêve une destinée hors du commun. Bref, Adolf n'a vraiment rien d'exceptionnel... hormis une volonté acharnée de faire ses preuves.


Ce roman est le cinquième et dernier opus en date de la saga Tricotin, et suite de "Même le mal se fait bien" dont j'avais parlé ici et qui m'avait fait hurler de rire. Tout comme les autres romans de la saga, même si je reconnais avoir une préférence pour ce quatrième et flambloyant volet de la saga, où apparaît déjà le personnage dans une courte scène (que l'on retrouve évidemment dans ce dernier volume).

Difficile d'écrire un roman sur ce personnage historique là. D'autant plus difficile quand le registre est l'humour. Difficile de choisir ce registre sans tomber dans une grossière caricature.

Et bien Michel Folco y réussit parfaitement, sans le rendre le moins du monde sympathique, mais en en faisant un digne héritier de la famille Tricotin : colérique, obstiné, arrogant, plus quelques traits de caractère qui lui sont propres (du moins au personnage de fiction) comme la froideur, l'égoïsme, le besoin maladif d'avoir le dessus sur son entourage, d'être un meneur et de se sentir (croire) être l'objet de l'admiration des autres. Un vrai gosse pouri-gâté. Inutile de s'étendre sur ce que la moindre contrariété entraîne (les flatulences, entre autres).

Cela étant, le personnage dans sa jeunesse, hormis ses traits de caractère, est d'une banalité sans nom. D'où le titre.
Ce qui nous rappelle aussi que le vrai Adolf Hitler, avant d'être le monstre que nous connaissons maintenant, était monsieur-tout-le-monde. Ça ne l'en rend que plus monstrueux encore. Et nous rappelle que n'importe qui peut le devenir, à nous de veiller à ce que ça ne se reproduise pas.

Ce livre a aussi le mérite de rappeler la mentalité et les évènements de l'époque : l'antisémitisme, le nationalisme, les premiers camps de concentration créés par les anglais (la Guerre des Boers en Afrique du Sud)... Le livre s'arrête en 1914, je suppose qu'il y aura une suite...

Michel Folco arrive à tourner tout cela en dérision, sans jamais en gommer les contours mais sans jamais non plus tomber dans une mauvaise caricature et pour ça, on peut toujours lui faire confiance.

Je maintiens que pour moi, le meilleur de la saga était le quatrième volume, mais celui-ci reste très agréable à lire.
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samedi 11 février 2012

Le Quatuor de Los Angeles

Sur James Ellroy :
Ou plutôt mon ressenti de ce que j'ai lu de lui, à savoir le quatuor de Los Angeles qui fait l'objet de cet article.
Ellroy est un auteur de polars noirs, TRES noirs. J'espère pour lui que ce n'est pas sa vision de la vie, sinon je le plains. J'espère pour nous en effet que ce ne soit pas le cas et qu'il a tort, sinon je NOUS plains, pauvres naïfs...
Ses personnages sont complexes, pas un qui ne nage pas en eaux troubles, pour ne pas dire qu'ils sont englués dans la boue la plus noire, ce qui peut être perturbant pour le lecteur qui a l'habitude de polars plus "classiques" où il peut se rattacher à un personnage central (ou duo) auquel il peut s'identifier. Ici, non.
Les histoires aussi sont complexes. Il ne faut pas perdre le fil, on pourrait être vite perdu. Les liens entre les personnages sont complexes, sont complexes aussi ce qu'ils gardent pour eux et cachent les uns aux autres (s'en rappeler pour mieux suivre le fil !).
Les contextes dans lesquels ils évoluent ne leur font pas de cadeaux, eux non plus, et Ellroy non plus avec ces lecteurs. Il nous sait assez intelligents pour le suivre dans ses déroulés de l'histoire, nous respecte pour cela, on peut le suivre avec confiance.
Mais le lire, ça se mérite : adeptes de la lecture dans les transports en commun et autres lieux publics, s'abstenir ! Mieux vaut se caler une heure ou deux de lecture au calme pour bien suivre le déroulé de l'histoire et ses multiples détails.
Ce n'est pas une lecture ardue, mais l'auteur s'est débrouillé pour écrire des romans complexes qui tiennent la route, alors prière de respecter son travail !

Sur le quatuor de Los Angeles, globalement :
Les lire indépendamment les uns des autres, bien qu'ils se suivent de façon chronologique et que l'on retrouve certains des personnages d'un volume à l'autre (pas forcément les mêmes d'ailleurs) ? Oui et non. Absolument non en ce qui concerne le dernier, "White Jazz" .
L'ensemble de ces romans se déroulent sur 12 ans de 1947 à début 1959 (encore que le dernier volume se déroule sur 1958, l'année 1959 n'apparaissant qu'à la toute fin). Ils se passent tous à Los Angeles évidemment, mais les quatre histoires tournent autour de Hollywood, de près ou de loin, de meurtres bien sûr, de prostitution, de drogue, d'alcool et surtout de la police de Los Angeles. Et ils mélangent faits/personnes réelles et fiction.
Dans ce monde d'hommes, les femmes aussi ont leur importance, l'archétype même des femmes fatales, des "bombes" qui sont les éléments déclencheurs qui font partir les protagonistes en vrille, où tout explose, vole en éclat à leur passage. Des femmes déjantées à force de vivre dans ce mode machiste et qui elles aussi naviguent à vue et en eaux troubles. Et elles aussi déterminées.
Mais chaque volume a sa spécificité.
"Le Dahlia Noir" a pour base un fait divers réel, l'assassinat d'une starlette, une des victimes de meurtres en série. Cette histoire fait écho à la vie personnelle de l'auteur, dont la mère aussi a été assassinée quand il était jeune, elle aussi victime du même meurtrier en série. A ceci près que dans la réalité, l'assassin n'a jamais été retrouvé.
"Le Grand Nulle part" est aussi une histoire de meurtrier en série, dont les victimes sont cette fois issues du milieu homosexuel. Cette fois, on baigne en plein Hollywood, pas coté rêve, mais aussi en plein dans les débuts du maccarthysme, avec manipulations et barbouzeries en tous genres. Y est évoqué également le monde de la nuit avec les boîtes de jazz, la prostitution et la mafia, omniprésente dans ce roman...
"LA Confidential" traite de meurtres en série aussi de prostituées femmes cette fois), mais de façon plus lointaine : cet aspect sera développé progressivement au cours du roman mais la base de l'histoire est un réseau de revue pornographiques et d'un massacre dans un restaurant et comment tout est lié.
"White Jazz" a essentiellement pour thème les combines et magouilles en tous genres dans lesquels trampouillent les services de la police de Los Angeles de l'époque (attention, je parle de celle décrite dans les romans de Ellroy, je ne prétends pas qu'il s'agit ici de la réalité de l'époque).


Voilà pour la présentation globale du quatuor et de leur auteur, aux romans maintenant !



Le Dahlia Noir

Le 15 janvier 1947, la police de Los Angeles trouve sur un terrain vague le cadavre nu d'une femme de 22 ans, Betty Short. Le corps en deux au niveau de la taille, vidé de ses organes et de son sang, il présente de nombreuses lacérations et brûlures, notamment aux seins, et la bouche a été ouverte d'une oreille à l'autre. La police met toutes ses forces sur ce meurtre qui, à cause de la tendance de la victime à se vêtir de noir, devient "l'affaire Dahlia noir". Elle va faire la une du Herald Express pendant douze semaines.
J'ai finalement peu de commentaires à faire dessus car je l'ai lu il y a à peu près deux ans. Difficile pour moi du coup de bien me rappeler de l'histoire en détail, même malgré quelques recherches sur Internet ! MAIS : je me rappelle cependant avoir aimé le fait qu'il s'agisse d'un polar noir, l'époque à laquelle se déroule l'histoire, la complexité des personnages et de l'intrigue.
J'avais du coup embrayé sur "L'Affaire du Dahlia Noir" de Steve Hodel, qui n'est non pas un roman mais une tentative de son auteur de résoudre, autant que faire se peut après tant d'années, le meurtre d'Elizabeth Short et de tous les autres meurtres similaires. Avec les compliments et remerciements de James Ellroy, pour qui ce livre répond à ses propres questions sur le meurtre de sa propre mère. Et lui a permis, de tourner la page.
Mais l'ensemble, fut assez lourd à digérer en même temps : c'est une chose de lire un polar tiré de l'imagination d'un auteur, c'est est une autre d'en lire un tiré de la réalité. Il m'a donc fallu du temps pour me remettre dans un polar noir, j'ai donc attendu.

APARTÉ
Et me voici fin 2011 dans ma librairie préférée, à fureter dans le rayon Ellroy, en faisant bien attention cette fois de ne pas confondre avec Ellory même si pour le coup, ça avait été une chouette découverte.
Et d'hésiter sur lequel acheter, avant de tomber sur "White Jazz". En pleine période de découverte de cette musique, je me dis, "Cool, je vais en profiter pour le lire en écoutant le coffret de jazz offert par mon chéri à Noël dernier !" Soit Noël 2010, oui, je prends mon temps.
Donc lecture du quatrième de couverture qui finit ainsi : "White Jazz est la conclusion fracassante du quatuor de Los Angeles..."
Euh, minute là, il y en a trois avant celui-là ?
"... dont les trois premiers volets sont le Dahlia Noir..."
Ah bon ? Je suis passée complètement à côté ou je l'ai simplement oublié ?
"... Le Grand Nulle Part..."
? Connais pas.
"... et L.A. Confidential"
Ah oui, l'est tiré de ce livre, le film ?
Bon. Me connaissez : il ne me faut pas grand chose pour avoir envie de lire un polar et tant qu'à avoir lu le premier volume et craqué sur le quatrième, autant prendre les deux autres dans la foulée...
FIN D'APARTÉ



Le Grand Nulle Part

Le Grand Nulle Part commence la nuit du premier de l'an 1950 et met en scène trois destins parallèles de policiers. L'inspecteur adjoint Danny Upshaw enquête sur une série de meurtres sexuels avec mutilations. Le lieutenant de la criminelle, Mal Considine, accepte de servir l'ambition d'un aspirant-procureur en participant à un dossier sur l'influence communiste à Hollywood. Buzz Meeks, homme de main, ex-flic des narcotiques et pourvoyeur de chair fraîche pour Howard Hughes, se joint à la lutte contre "la menace rouge" pour l'argent et le pouvoir. Sans le savoir, les trois hommes ont acheté un billet pour l'enfer.
Les thèmes principaux de l'histoire sont l'homosexualité et le maccarthysme à Hollywood, deux sujets sensibles pour l'époque. Elle tourne autour de 5 personnages dont on retrouvera 2 dans le volume suivant (plus un autre dans le prologue, mais que dans ce prologue sur le style de "mais qu'est-il devenu ?").
Ils évoluent dans et autour d'Hollywood pour des raisons différentes. L'un travaille pour Howard Hugues, deux autres dirigent une commission anti-communiste, le dernier suit une enquête sur les meurtres en série d'homosexuels.
Ils finissent par rencontrer les mêmes personnes pour des raisons et motivations différentes avec leur propre personnalité (ce qui est normal me direz-vous, mais je tiens à mettre l'accent sur leurs personnalités vu l'importance des conséquences qui en découle).
Ils agissent donc plus ou moins indépendamment les uns des autres. "Plus ou moins" car cela varie en fonction des liens professionnels qu'ils ont ou tissent entre eux.
Ils ont chacun leurs failles, leurs faiblesses, qui influent sur leur travail. Pour ma part, c'est, avec une certaine vision du maccarthysme et du Hollywood de l'époque, un des aspects du roman que j'ai trouvé le plus intéressant.
Par contre, il vaut mieux bien repérer chaque personnage dès le début : qui il est, sa fonction, sa personnalité surtout. Car chaque chapitre suit la progression du travail de chacun, il y a un changement d'ambiance, de ton presque à chaque fois (très subtil cela dit, ou alors c'est l'idée que je me faisais de chaque personnage qui me donnait cette impression ?).
Il faut bien intégrer ce qui est dit et fait pour comprendre ce qui en découle pour les autres et l'intégralité de l'histoire (bon, Ellroy fait tout aussi pour ne pas perdre le lecteur en cours de route non plus, rassurez-vous).
En résumé, j'ai assez aimé même si, comme dans la plupart des polars noirs, la mise en place est assez longue - mais pas ennuyeuse du tout - et pourrait en rebuter certains (en plus, chaque roman du quatuor sont écrits petit, et celui-ci fait quand même 639 pages).



L.A. Confidential
1950-1958

Trois flics dans le Los Angeles des années cinquante...
Ed Exley veut la gloire. Hanté par la réussite de son "incorruptible" de père, il est prêt à payer n'importe quel prix pour parvenir à l'éclipser.
Bud White a vu son père tuer sa mère. Aujourd'hui, il est devenu un bloc de fureur, une bombe à retardement portant un insigne.
"Poubelle" Jack Vincennes terrorise les stars de cinéma pour le compte d'un magazine à scandale. Un secret enfoui dans sa mémoire le ronge. Il fera tout pour ne pas le laisser remonter à la surface.
Trois flics pris dans un tourbillon, un cauchemar d'où toute pitié est exclue et qui ne permet à personne de survivre.
L.A. Confidential est un roman noir épique.
Ici, changement de style d'écriture, d'amorce des chapitres, de découpage de romans.
L'écriture se rapproche plus du style télégraphique, comme si les personnages était ici dans une sorte d'urgence, poursuivant leur but en faisant table rase de ce qu'il y a autour. Cela donne un rythme plus soutenu au roman, plus prenant aussi.
Sur l'amorce des chapitres : dans le volume précédent, voire dans n'importe quel roman en général, quand l'auteur passe d'un personnage à l'autre, il donne son nom : "X fait ceci" "Y se rendit à tel endroit" "Z sortit du bureau" ou que sais-je.
Ici, l'auteur dit juste "il". Au lecteur de suivre.
Et c'est mieux. Car ce que je disais du volume précédent (à savoir changement de ton d'un chapitre à l'autre suivant de quel personnage il est question) se vérifie ici.
Une fois de plus, Ellroy ne nous prend pas pour des idiots, il sait qu'on va le suivre (et fait tout pour mine de rien). Ellroy a gagné en maturité et qualité littéraire entre ces deux livres, mon regret serait qu'il n'ait pas utilisé cette "recette" pour le Grand Nulle Part même si on y sent déjà les prémices de cette évolution.
Sur le découpage : entre chaque partie, qui sont distantes les unes des autres de quelques voire plusieurs années, l'auteur a placé des "interludes" appelés "calendriers" (rapports de police, articles de presse), qui donnent un recul donc un relief à l'histoire dans son ensemble, ainsi qu'à la complexité des personnages individuellement, et à leur relations. Ce qui permet une meilleure compréhension de l'ensemble. Ces "calendriers" permettent aussi de casser le rythme, tout en en donnant davantage. Brillant !
Résultat de ces innovations et de cette évolution : des trois romans, c'est à mon sens le plus abouti, il est écrit avec brio.


White Jazz
Los Angeles, fin des années cinquante. Ed Exley cherche à éliminer de la course aux élections municipales, Morton Diskant, opposé à l'éviction eds mexicains habitant Chavez Ravine. Des fourrures ont été volées dans un entrepôt pour un montant de deux millions de dollars. Dudley Smith est chargé de l'affaire. Un cambriolage se produit chez les Kafesjian, trafiquants de drogue, propriétaires de laveries et indicateurs privilégiés de la brigade des stupéfiants. Un tueur de clochards, le "feu follet fou", rôde dans la ville. Le lieutenant Dave Klein, du LAPD, passe d'une affaire à l'autre. Bien des années après, il se souvient. "Je suis vieux. J'ai peur d'oublier. J'ai tué, j'ai trahi, j'ai moissoné l'horreur. Je veux sombrer avec la musique."
Alors là on arrive à l'apogée du quatuor en terme de magouilles policières et leur dénouement. Une fois n'est pas coutume, et contrairement aux autres opus (sauf erreur de ma part concernant le Dahlia Noir que j'ai oublié chez mes parents, je ne peux donc pas vérifier), l'histoire tourne autour d'un personnage, lui-même le narrateur de l'histoire.
On sait dès les premières pages qu'il n'est pas net, que ce soit sur sa vie professionnelle ou sa vie privée. C'est évidemment lui qui sera l'élément déclencheur de la conclusion du quatuor.
Je déconseille à quiconque de découvrir Ellroy avec ce roman, vous en seriez dégoûtés à vie :
1) parce qu'on comprend difficilement dans quoi Dave Klein s'embourbe si on ne sait rien de ce qui a précédé, en particulier concernant Ed Exley et Dudley Smith.
2) oubliez tout de suite l'histoire du "feu follet fou", il n'en est pas question dans le roman. A se demander pourquoi elle est évoquée dans le quatrième de couverture.
3) changement de style radical dans ce roman, plus ou moins amorcé dans le précédent : un style télégraphique qui contraint le lecteur à le lire dans une absolue tranquillité (je maintiens mon commentaire sur le côté "impossible à lire dans les transports en commun"). Pour ma part, je l'ai lu en trois semaines, car besoin de le lire au calme, mais aussi d'avoir l'esprit dégagé pour cela. Et débordée de boulot comme je l'ai été dernièrement, ça me donnait envie de lire des romans plus "légers" sans efforts particuliers de concentration. Donc pas le soir, mais plutôt le week-end.
Ce style télégraphique est plutôt déroutant et pas toujours facile à suivre. Il donne une impression d'urgence. Et, de la part du personnage principal, une détermination. Il bidouille et barbouze tellement de tous bords depuis si longtemps, par survie, que seule reste sa détermination que traduit très bien ce style d'écriture. Le roman est heureusement entrecoupé de chapitres (ou interludes) que sont les dialogues et les coupures de presse.


Ce qui pourrait déplaire chez Ellroy :
La complexité des histoires justement, la multiplicité des personnages (j'avais par moment une envie furieuse de faire des fiches pour me rappeler qui est quoi, qui fait quoi et ses liens par rapport aux autres), un développement assez long qui n'est pas ennuyeux parce qu'il y pas mal d'actions (les personnages sont constamment en mouvement comme si c'était une question de survie, et dorment très peu, comme si ça pouvait leur être fatal). Mais sur la ou les enquêtes qu'ils mènent, on a parfois l'impression de ne pas avancer. La compréhension finale se fait dans le dénouement (sur au moins une centaine de pages, chaque dénouement) et donne du coup peut-être un côté précipité. Ce qui est probablement voulu : les choses se précipitent, et on ne peut véritablement pas lâcher le livre avant la fin.
Les adeptes du politiquement correct ne vont pas apprécier le vocabulaire, adapté à l'époque dans laquelle évoluent les personnages, qui était franchement raciste (sud des USA) et homophobe. Mais moins machiste que ce que je craignais finalement.

En conclusion :
Ça m'a globalement bien plu, pour l'ambiance, la reconstitution d'époque. J'espère seulement que la police d'alors n'était réellement pas ainsi, parce que sinon, sale époque ! (grosse pensée pour la série "les incorruptibles". Y-aurait-il un fond de vrai dans ces fictions finalement ?)
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vendredi 3 février 2012

Quiquequoioùcomment


(oui je sais, j'avais promis le quatuor de Los Angeles mais en ce moment j'ai une super envie de glandouiller en me vidant l'esprit en jouant à des jeux débiles sur Internet je suis hyperbookée, z'avez pas idée à quel point, sans compter les copains qui débarquent à l'improviste des rendez-vous hyper importants, donc voilà pour me donner bonne conscience en interlude, pour vous faire patienter, le dernier livre que j'ai terminé)


4 de couv' :
"Je pleurais... Je venais chercher quelque chose ? ... Rencontrer quelqu'un ? ... Pourquoi hier ? Je suis QUI, moi ?" Une jeune femme se réveille dans Paris. Elle ne se souvient ni de son nom, ni de ce qui la amenée là. Son passé a disparu.


Cette BD est un vrai petit bijou et un chouette interlude dans ma lecture de polars puisque notre héroïne doit mener l'enquête sur elle-même pour se retrouver.

Dès le départ, on est happé par l'histoire : on en est au même point qu'elle puisqu'on ne la connaît aussi peu qu'elle se rappelle sa vie. Le lecteur et elle commencent ensemble ce livre en se posant les mêmes questions : qui est-elle, que va-t-elle découvrir ?
Avec cette intéressante question : en oubliant tout de soi-même, peut-on et comment se retrouver ?

Et c'est petit bout par petit bout, au gré de ses découvertes, et malgré une imagination débordante (le FBI "France" ????) qu'elle reconstitue sa vie. Entre frustration, fantasme et réalité, le lecteur suit ses tentatives et pérégrinations souvent hilarantes, parfois émouvantes, avec bonheur.
J'ai apprécié la justesse de ton, le scénariste s'est vraiment mis dans la peau de notre héroïne, ô combien attachante et courageuse dans sa pugnacité.
Questions graphismes, habituellement je ne suis pas totalement fan de ce type de dessins, mais là j'ai vraiment aimé, j'ai trouvé que ça collait pile bien à l'histoire, me demandez pas pourquoi...
Et mention spéciale aux couleurs, soutenues, chaudes, ce qui est bien agréable par ces frimas...

PS : et bien que ça semble un truc de filles, sachez que mon homme me l'a piqué et a bien aimé aussi !
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