Au Japon, porter plainte pour viol est synonyme pour les femmes de véritable suicide social. Une femme a pourtant pris le risque de parler à visage découvert.
En 2015, Ito Shiori a 26 ans, elle est journaliste. Un soir, elle rejoint N. Yamaguchi - directeur dans une grand chaîne de télévision et proche du Prmier ministre - au restaurant pour parler affaires. Quelques heures plus tard, elle reprend conscience dans une chambre d'hôtel, en train de se faire violer.
Confrontée à la mauvaise volonté des pouvoirs publics et au silence des médias, Shiori mènera seule l'enquête sur sa propre affaire.
Le livre que vous avez entre les mains est son histoire, sa voix, et surtout son combat pour faire changer le regard que porte la société japonaise sur les victimes d'agressions sexuelles.
Ito Shiori est aujourd'hui le symbole du mouvement #MeToo au Japon et a été élue par le Times l'une des 100 personnalités les plus influentes de l'année 2020.
Au delà d'un témoignage sur le viol subie par l'autrice et sur les conséquences de cette agression sur la victime et son entourage, ce livre est surtout une réflexion sur la prise en charge policière, judiciaire, médicale, associative de ce type de crime. Et sur la façon dont il est perçu dans la société.
Certes, il s'agit ici du Japon, mais l'autrice pousse plus loin sa réflexion, de façon plus globale en comparant aussi à ce qui est fait dans d'autres pays (sans cependant trop s'appesantir dessus, ce qui aurait brouillé la lecture).
Ce texte est très factuel, dénué de pathos, mais sans empêcher le lecteur de ressentir de l'empathie. De ce sujet, elle n'oublie aucun aspect.
Elle décrit les choses sans fard, avec une grande objectivité, et donc une très grande crédibilité.
Même si ce livre s'adresse d'abord aux lecteurs japonais, le thème est hélas suffisamment universel mais aussi ici bien traité pour être accessible à toutes et tous sur cette planète.
Sur la notion de victime : elle rejette, comme beaucoup d'autres, ce terme de victime car il ne correspond pas à sa personnalité.
Je me suis souvent fait la réflexion que ce terme n'est pas en fait la perception que l'on se fait de la personne (pauvre petite chose fragile que l'on doit secourir ou protéger ou je ne sais quelle autre perception), mais bien plutôt le terme juridique qui permet de déterminer à laquelle des deux parties la procédure doit déterminer la personne : si on me vole mon sac à main, oui je serais la victime d'un vol, le voleur étant le coupable.
C'est la façon judiciaire de distinguer chaque partie l'une de l'autre, et pour moi n'a rien à voir avec leurs personnalités.
Et victime-petite-chose-fragile, elle ne l'est certes pas ! Je retiens d'elle son intelligence, sa pugnacité et son courage, car malgré les moments de faiblesse, inévitables, elle continue d'avancer et d'en faire un combat, devenant moteur du mouvement MeToo dans son pays.
Celui qui l'a agressé ne s'est décidément pas attaqué à la bonne personne s'il voulait s'en sortir facilement...
Bravo.
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