samedi 31 juillet 2021

Rassemblez-vous en mon nom


4 de couv' :
Silhouette imposante, port de tête altier, elle fait résonner la voix d'une femme noire, fière et volontaire, qui va devoir survivre dans un monde d'une extrême dureté, dominé par les blancs. Une voix riche et drôle, passionnée et douce qui, malgré les discriminations, porte l'espoir et la joie, l'accomplissement et la reconnaissance, et défend farouchement son droit à la liberté.


Je dois avouer que je ne comprends pas le titre. En le voyant, je pensais qu'il s'agirait d'un essai portant davantage sur l'engagement de Maya Angelou sur les droits civiques, mais pas du tout.

Ce court livre de 267 pages ne fait que revenir plus en détails que ses autres livres sur la période d'après-guerre, où son fils avait entre 5 mois et 3 ans.
3 ans d'errances et d'erreurs de jeunesse (ô combien parfois énormes) au terme desquels elle finira par se (re?)trouver, devenir vraiment adulte et transformer son arrogance en fierté et dignité.

Je le déconseille cependant à quiconque n'ayant pas lu au préalable ses autres textes : si j'avais commencé par celui-ci, je n'y aurais rien compris, je l'aurais prise, ainsi que son entourage, pour des fous furieux et me serais sans doute définitivement désintéressée de Maya Angelou, alors que je lui voue une réelle admiration.

Je le conseille donc plutôt à ceux qui l'ont déjà lue, ou sont en train de la lire, en intégrant ce récit chronologiquement.

Mais si quelqu'un pouvait m'expliquer ce titre...
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vendredi 30 juillet 2021

Patria


4 de couv' :
Lâchée à l'entrée du cimetière par le bus de la ligne 9, Bittori remonte la travée centrale, haletant sous un épais manteau noir. Afficher des couleurs serait manquer de respect aux morts. Parvenue devant la pierre tombale, la voilà prête à annoncer à son défunt mari les deux grandes nouvelles du jour : les nationalistes de l'ETA ont décidé de ne plus tuer, et elle de rentrer au village, près de Saint-Sébastien, où son époux a été assassiné. Or le retour de la vieille femme va ébranler l'équilibre de la bourgade, mise en coupe réglée par l'organisation terroriste.
Des années de plomb du post-franquisme jusqu'à la fin de la lutte armée, Patria s'attache au quotidien de deux familles séparées par le conflit fratricide, pour examiner une criminalité à hauteur d'homme, tendre un implacable miroir à ceux qui la pratiquent et à ceux qui la subissent.
L'ETA a désormais déposé les armes mais pour tous une nouvelle guerre commence : celle du pardon et de l'oubli.


Magnifique ! J'ai vraiment été emportée par l'histoire, bien que la chronologie soit bouleversée et que chaque chapitre corresponde à un personnage à la fois, à un moment donné de sa vie, son point de vue.
Un sujet complexe, douloureux, que l'auteur a admirablement bien traité, sans trop de parti pris, sans jugement ni idéalisme. Chacun y donne son opinion.

Le fait que la chronologie ne soit pas respectée permet de reconstruire l'histoire petit à petit, ainsi que la vie de chaque personnage, l'avant comme l'après, et ainsi chaque personnage lui-même.

L'auteur profite du chapitre 109 pour indirectement s'expliquer sur le choix de ce thème et sur ce livre (par le biais d'une conférence où intervient justement un auteur ayant écrit un livre sur le sujet, avec en plus le luxe d'avoir pour contradicteurs un des personnages lui-même). Un chapitre intéressant car montrant que rien n'est simple pour les victimes... ni pour tout auteur écrivant sur le sujet (de préférence par le biais d'une fiction).

Et malgré un sujet aussi dur, lourd et sensible... de l'humour, beaucoup.

Chapeau bas.
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jeudi 29 juillet 2021

Dans la brume électrique

Titre original : Dans la brume électrique des morts confédérés.


4 de couv' :
Une équipe de cinéma s'est installée à New Iberia pour y tourner un film épique sur la guerre de sécession, avec la star hollywoodienne Elrod Sykes. Arrêté par Dave Robicheaux pour conduite en état d'ivresse, l'acteur affirme qu'il a vu, pendant le tournage d'une scène dans un marais, le corps momifié d'un noir enchaîné.
Dave est tenté de croire à ce récit invraisemblable car, trente-cinq ans plus tôt, il a été le témoin impuissant de l'assassinat d'un homme de couleur par deux blancs. Le corps n'avait jamais été retrouvé. Le shérif se moque bien d'un crime vieux de trente-cinq ans, mais lorsque Dave est face au squelette de la victime, il comprend que le souvenir de ce meurtre n'a cessé de le hanter. En fait, il comprend que la guerre de sécession ne s'est jamais arrêtée et que la bataille de New Iberia continue, avec une rare violence.

En ce début de vacances, je me suis replongée avec bonheur dans les aventures de Dave Robicheaux.
Pas seulement pour le côté polar, mais aussi pour cette belle écriture aux accents traînants, les magnifiques descriptions de paysages, des odeurs, l'atmosphère qui s'en dégage, la tension et la rage des personnages qui explose, faisant écho aux orages et tempêtes de saison.

Les personnages, en harmonie avec les éléments, font face aux évènements les plus sombres et lourds de leur passé en essayant de garder le contrôle de leurs émotions et pulsions... sans toutefois toujours y parvenir.
Le tout agrémenté de visions ou rêves de fantômes, improvisés directeurs de conscience.

Du grand, beau James Lee Burke.
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samedi 24 juillet 2021

Rythme de guerre 1 - Les Archives de Roshar - Livre IV


4 de couv' :
Après avoir formé une coalition humaine pour repousser l'invasion des Néantifères, Dalinar et ses Chevaliers Radieux ont mené une campagne aussi brutale qu'impitoyable. Cependant, aucun des deux camps n'a réussi à prendre le dessus, et la guerre s'enlise. Le spectre de la trahison possible de son allié Taravangian pèse sur chacune des décisions stratégiques de Dalinar.
De son côté, Kaladin Béni-des-Foudres doit s'habituer à son nouveau rôle parmi les Chevaliers Radieux tandis que ses Marchevents font face à leurs problèmes : des Fusionnés, de plus en plus nombreux, se réveillent alors que plus aucun sprène d'honneur n'accepte de se lier avec des humains pour faire grossir les rangs des Radieux. Des émissaires de la coalition sont envoyés à la forteresse de l'intégrité Constante pour convaincre les sprènes de se liguer avec eux contre les forces du dieu maléfique Abjection. Sinon, ils devront se confronter à l'horreur de la défaite...


Le bon côté de cette saga, c'est qu'on retrouve avec plaisir les personnages, leur évolution, une bonne écriture, un monde qui nous emporte loin du quotidien morose qu'est le nôtre depuis un an et demi, des rebondissements, et qu'on apprend avec les personnages de nouvelles approches et informations sur ce qu'est leur monde et comment il a été constitué.

Mais : bien que j'apprécie en général qu'un roman avance lentement ou du moins sans faire de raccourci, j'en suis ressortie sans en avoir réellement appris beaucoup plus. Excusable sur un roman de 300 pages, mais beaucoup moins sur un qui en fait plus de 700 !
Autant j'apprécie les introspections de certains des personnages, autant j'apprécie moyennement que d'autres fassent de la figuration (Jasnar, Renarin et Malice en particulier), à moins qu'il n'aient un plus grand rôle dans la prochaine partie. Ni les détails techniques des inventions, qui certes auraient pu être plus longues (et merci à l'auteur, non), dont les descriptions ne m'ont guère parue assez compréhensibles.
Je retrouve le défaut du tome précédent, défaut pour moi car un peu moins bien amené que dans les premiers tomes : trop de "cinéma à grand spectacle". Je m'explique : une période calme, puis des rebondissements et de l'action à forte dose. Même si je dois reconnaître que c'est bien amené dans l'intrigue cependant.

Donc ce serait bien si on avançait un peu plus et un peu mieux dans cette histoire car il me semble que dans les tous premiers tomes, la lente progression de l'histoire était surtout due au fait que l'on suivait davantage de personnages, et non pas seulement une poignée d'entre eux.

Cela étant, j'ai hâte de lire la suite car l'auteur nous a laissé en plein suspense, pour chacun des personnages justement (cinéma à grand spectacle vous dis-je, avec ses qualités aussi).
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samedi 17 juillet 2021

Les roses fauves


4 de couv' :
Peu après la sortie de mon premier roman, Le coeur cousu, une lectrice m'a raconté une coutume espagnole dont j'ignorais l'existence : dans la sierra andalouse où étaient nées ses aïeules, quand une femme sentait la mort venir, elle brodait un coussin en forme coeur qu'elle bourrait de bouts de papier sur  lesquels étaient écrits ses secrets. À sa mort, sa fille aînée en héritait avec l'interdiction absolue de l'ouvrir. J'ai métamorphosé cette lectrice en personnage.
Lola vit seule au-dessus du bureau de poste où elle travaille, elle se dit comblée par son jardin. Dans son portefeuille, on ne trouve que des photos de ses fleurs et, dans sa chambre, trône une armoire de noces pleine de coeurs en tissu des femmes de sa lignée espagnole. Lola se demande si elle est faite de l'histoire familiale que ces coeurs interdits contiennent et dont elle ne sait rien. Sommes-nous écrits par ceux qui nous ont précédés ?
Il faudrait déchirer ces coeurs pour le savoir...


Soyons honnête, je ne sais pas si j'étais dans de mauvaises dispositions en démarrant la lecture de ce livre, mais j'ai failli le laisser tomber avant la quarantième page : l'autrice commence l'histoire comme un récit, se mettant elle-même en scène, et sur le moment, cela m'a agacée.
Quand j'ai repris ma lecture le lendemain, je me suis dit que :
1) depuis quand suis-je devenue aussi obtuse ?
2) j'adore cette autrice, je sais ce qu'elle vaut, donc je ne peux pas être déçue aussi facilement
3) c'est sensé être un roman, pas un récit, donc faisons ce que l'autrice a fait : la considérer comme personnage du roman, l'oublier elle en tant que personne réelle.

Et c'est exactement cela ! Heureusement que je n'ai pas laissé tomber, je serais passée à côté d'un des plus beaux romans qu'il m'ait été de lire depuis le début de l'année. Depuis longtemps.

L'écriture, admirable de délicatesse, de beauté, de poésie, d'intelligence, nous porte et nous transporte dans l'histoire, dont je suis ressortie avec l'impression d'avoir suivi les courbes et volutes enivrantes des rosiers qui nous emportent dans un imaginaire foisonnant, magique, beau, tragique et pourtant hymne à la vie, aux vies racontées ici, et surtout faisant la part belle à l'amour.

On croit lire l'histoire d'un postière et de sa famille et on se retrouve avec un magnifique conte où il est question d'amour, d'héritage et de malédiction familiale, de senteurs enivrantes, d'un village, de renaissance à la vie, de beauté, de fantômes, de mystères, de guerres, de volupté, de roses bien sûr car comme le dit l'autrice (celle du livre), il est bien question ici d'en faire un personnage à part entière.
Et tant d'autres choses qui parleront à chacun car nous avons tous notre propre sensibilité.

Rarement un roman m'aura autant transportée.
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samedi 3 juillet 2021

Les bracassées


4 de couv' :
Fleur et Harmonie ont des prénoms un peu... trompeurs.
Harmonie est jeune, nerveuse, sensible. Elle est affligée d'un syndrome pénible, et se collète résolument avec une vie qui ne lui fait pas de cadeaux.
Fleur est âgée, obèse, pétrie d'angoisse, de manies. Elle vit seule avec son chien Mylord et son armoire à pharmacie. Elle se méfie de tout le monde, sauf de son thérapeute, lecher docteur Borodine.
Autour d'elles, Elvire, Tonton, le merveilleux Monsieur poussin. Autant de personnages singuliers, touchants et drôles.
Rien n'aurait dû les rassembler, si ce n'est leur étrangeté et le fait que la société fait d'eux des inclassables, incapables, déclassés, bras cassés.
Dans ce roman, il y a de la musique russe, un petit chien en surpoids, des gens un peu fêlés, des monstres improbables, de très beaux portraits en noir et blanc, de la traîtrise et du drame, et - ce n'est pas du luxe - un peu de tolérance.

Truculent.

C'est drôle, émouvant, exquis !

Roman choral qui donne la parole soit à Fleur, soit à Harmonie, et avec lequel, en ajoutant la vision des choses de chacune, on complète (avec joie voire hilarité) le puzzle des évènements. Le regard que chacune a sur l'autre est un miroir que l'on nous renvoie, à nous lecteurs, et nous interpelle sur nos propres a priori.

Car le fond du roman est celui-là même : le regard que l'on porte sur soi-même (rarement objectif, que ce soit en négatif ou positif) et sur les autres (assez subjectif aussi. Les apparences...).

Et l'écriture, changeante suivant la narratrice des chapitres, est purement délectable. L'autrice a réussi avec brio à nous faire rire (mais pas rire de) tout en nous rendant ses héroïnes aussi attachantes qu'émouvantes.

J'avais beaucoup entendu parler d'elle, je relirai certainement d'autres de ses romans.
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