samedi 6 octobre 2012

Les Misérables


4 de couv' :
Victor Hugo, écrivain engagé, entreprend ici un vaste réquisitoire social. Loin de n'être que le récit de la réhabilitation d'un forçat évadé victime de la société, Les Misérables sont avant tout l'histoire du peuple de Paris. Jean Valjean, et le lien qui le lit à Cosette, en est le fil conducteur et le symbole. Homme du peuple par excellence, damné et accablé par les humiliations successives, Jean Valjean prend sur lui le péché du monde et l'expie. Dans son effort incessant de se racheter, il assume un destin tragique qui nous renvoie le reflet de l'humanité en marche.
Hugo retrace ici avec force les misères et les heures glorieuses des masses vivantes qui se retrouvent. Les évènements se précipitent, les personnages se rencontrent, se heurtent, s'unissent parfois, à l'image de Cosette et Marius. L'histoire du forçat évadé et de la petite miséreuse symbolisent quelque chose de plus grand : avec Les Misérables, Hugo réalise en fin l'esprit du peuple.


Quand j'étais en sixième, notre prof de français nous a fait étudier les Misérables. En version expurgée bien sûr, car la version intégrale est bien trop longue pour un programme de sixième, et bien trop difficile à appréhender et apprécier pour un public de cet âge.
Cette version reprenait donc essentiellement les portraits des personnages et les passages de l'histoire les plus notables de cette oeuvre. Pour la plus grande majorité d'entre nous, pour ne pas dire tous, nous étions enfants d'ouvriers, inutile de dire à quel point cette histoire nous a plue. Et cerise sur le gâteau, c'est cette année là qu'est sorti le film - version Lino Ventura - que nous sommes allés voir lors d'une sortie scolaire avec notre prof de français. Je crois bien que c'était d'ailleurs pour moi la première fois que j'allais voir au cinéma un film qui ne soit pas pour les enfants.

Quelques années plus tard, quand j'étais étudiante, j'ai trouvé les trois tomes du roman dans une bouquinerie. "Enfin vais-je pouvoir le lire en entier, et pas par morceau !" Oui, c'est bien là le problème.
Je me rappelais essentiellement de l'histoire, que le style d'écriture me plaisait assez... mais plus vraiment de l'étude qui en avait été faite.
Et j'ai été profondément déçue.
J'ai détesté. Je crois que j'avais idéalisé cette oeuvre, en me basant sur la simple histoire Jean Valjean, Cosette, Marius, le méchant Javert. Et c'était surtout une version raccourcie, alors que ce roman est plus, bien plus que cette histoire que nous connaissons tous.
Le relire en version intégrale (3 tomes de 500 pages chaque) comportait forcément des longueurs comparé au 2 tomes de 150 pages (chaque) étudié en classe à 11 ans.
J'ai donc trouvé que cela était terriblement long, terriblement mièvre et mélodramatique à un point que ce chef d'oeuvre en devenait un véritable mauvais mélo qui ne serait plus accepté et serait même raillé de nos jours. Des gentils tellement gentils qu'ils en devenaient des saints, des méchants tellement méchants que ça se voyait sur leurs visages et qu'ils étaient d'une noirceur d'âme qu'on les auraient cru tout droit sortis de l'enfer, boudiou que tout ceci était horriblement et péniblement caricatural ! Ce qui m'a achevée : la bataille de Waterloo, 1815, alors que le roman commence dans les années 1820. Y'en a quand même 60 pages. Je ne suis pas allée au bout, c'est là que j'ai laissé tomber à l'époque.
Exit Les Misérables, exit Victor Hugo. Déçue, un point c'est tout.

Depuis quelques temps, l'âge aidant je suppose, je reprends des romans que je n'ai pas réussi à lire il y a une vingtaine d'années. Ça a été le cas pour "La Naine", que j'ai vraiment aimé. Puis pour "Beloved", que j'ai adoré et qui restera pour moi encore longtemps le roman le plus beau et puissant que j'aurais lu dans ma vie. Une fois fait ce constat, je me suis donc dis "tiens, et pourquoi pas Les Misérables du coup ?" J'ai hésité quelques mois, tellement j'avais été échaudée (malheureusement, les mauvaises impressions aussi s'imprègnent durablement).
Et depuis quelques temps, j'avais envie de me remettre dans les classiques. Puis de plus en plus, dans les classiques du XIXème siècle. Puis nous avons visité cet été le Musée de Balzac, ce qui n'a fait que renforcer cette envie. En rentrant de vacances, un crochet par chez mes parents pour récupérer le chat m'a permis de prendre au passage ces fameux trois tomes.

Et là, revirement à 180°.
Il n'y a plus de longueurs, mais cette oeuvre est tout simplement foisonnante dans son style et dans tout ce qui y est dit, décrit, raconté.
Il n'y a plus de personnages caricaturaux, il n'y a que de truculents portraits (et il s'est lâché, le père Hugo, sur la Thénardier, à croire qu'il avait des comptes à régler avec quelqu'un de sa connaissance. Ça m'a fait hurler de rire en tout cas).
Il n'y a plus de mièvreries, que du style, une façon formidablement humaine de voir la société de l'époque.
Il n'y a plus de digressions horriblement barbantes, mais une richesse incroyable en Histoire, politique, social, économie, philosophie, métaphysique même. Et même un brin de féminisme (ce qui vu les hommes de l'époque, n'était pas forcément une évidence). Et tout cela restant encore aujourd'hui incroyablement moderne.
Incroyablement modernes aussi les situations dans lesquels se retrouvent les personnages et la manière dont ils s'en sortent. Certains me diront "nan mais, sont pas un peu grosses, les ficelles ?" Mouaif. Là, je répondrai : que celui qui n'a jamais été fan de n'importe quel feuilleton américain ou de roman, oh, au hasard, tel que "Anges et Démons" ou "Le Code Da Vinci", lui jette le premier pavé littéraire, à Hugo. Parce que vu les bêtises décrites ne serait-ce que dans ces deux romans (les seuls qui me viennent à l'esprit, là tout de suite mais je suis sure que vous pourriez m'en proposer d'autres), et vu le succès qu'ils ont eu, hein...

Pour résumer, j'ai cette fois adoré. Et cela m'a d'autant plus motivée pour m'attaquer à nouveau aux grands classiques de la littérature.

Et il faut croire qu'Hugo et moi sommes réconciliés car en cherchant de quoi illustrer cet article, voici ce que j'ai trouvé : une nouvelle version, en film, des Misérables.
Bon, semble-t-il que ce soit plus inspiré de la comédie musicale que du roman, mais vous avez vu QUI va jouer le rôle de Jean Valjean ? C'est pas génial, ça ? Je me méfie toujours un peu des versions américaines de grands classiques européens (z'avez vu leur dernière version des Trois Mousquetaires, hein, franchement ?), mais franchement Hugh Jackman (Yes !).
Rendez-vous le 20 février, j'irai sans doute voir ce que ça donne. D'autant que je ne sais pas du tout à quoi ressemble la comédie musicale, ça va être double découverte.
Mais toutes ces adaptations sans cesse renouvelée prouvent que cette oeuvre garde un impact certain non seulement dans la littérature ou l'art sous toutes ses formes, mais aussi sur nous, public.
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