lundi 27 juillet 2015

Et je prendrai tout ce qu'il y a à prendre

4 de couv' :
"J'ai sept ans, ma chambre éclate de beauté, jusqu'à ce que j'entende la porte claquer. La réunion de papa ne s'est pas bien déroulée. Son défouloir officiel courbe sa dépendance. C'est pitié de la voir ainsi, chien soumis, c'est pitié de la voir endosser son rôle, car tel est son destin, demander grâce pour le moment où elle n'arrive plus à le supporter. Aucune cassure dans la voix, pas de verre pilé dans les sourires, elle avance d'un pas lent et sûr vers la raclée qu'elle a accepté de recevoir. Du haut de mes sept ans, j'ai déjà perçu qu'elle a accepté le stade où elle cherchait à comprendre ce qui avait pu se passer. Elle encaisse, et son existence lui convient, tant qu'elle peut garnir nos assiettes.
Maman est la femme d'intérieur. La femme parfaite pour les hommes qui ne savent se rêver qu'en maîtres de leur petit monde."
Quand la souffrance dépasse 'entendement, ne reste qu'une solution : tuer pour exister. Charlotte a tenu le choc. Elle a gardé le silence, jusqu'au jour...
Voici l'histoire d'une inhumanité honteuse, intime, impossible à dire. Dans une lettre adressée au juge devant lequel elle répondra de ses actes, Charlotte, Antigone moderne et fragile, pousse le cri la libérera... Peut-être.


En dehors de l'atrocité de l'histoire de cette enfant martyre sur laquelle l'auteure a l'intelligence de ne pas s'appesantir lourdement car elle sait les lecteurs suffisamment intelligents pour en saisir toute la portée (du moins autant qu'on le peut quand on n'a pas connu cette situation), c'est aussi tout un mécanisme des psychologies des personnages qui est ici détaillé.

Et avec une belle musicalité dans l'écriture, s'il vous plaît. Une musicalité prenante, qui donne malgré tout envie de savoir la suite, d'avancer vers ce qui a mené Charlotte à franchir le pas, à comprendre son silence, qu'elle justifie avoir une froide et désespérée lucidité, page après page, année après année.

Une belle manière de raconter une histoire à la base si pénible.
.

2 commentaires:

  1. j'aime même si il doit être dur sans faire du voyeurisme...à lire je met de coté.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Pas de voyeurisme ici en effet, et une manière sensible et intelligente de donner le témoignage d'une adolescente ayant grandi dans un tel contexte. Il faudrait que je mme penche davantage sur cette auteure ce qu'elle a (ou va) écrire.

      Supprimer