mardi 28 septembre 2021

Je vous emmène


4 de couv' :
"En ce début des années soixante, nous n'étions pas encore des femmes mais des jeunes filles. Fait qui, sans ironie aucune, était considéré comme un avantage." Ainsi commence cette chronique de la vie d'un campus américain à l'époque où le seul diplôme reconnu pour une demoiselle qui se respecte était une bague de fiançailles.
Que se passe-t-il dans ce monde édulcoré quand une jeune femme pas comme les autres s'éprend d'un étudiant noir alors que la ségrégation raciale bat son plein ? Voilà le point de départ de ce tableau d'uneAmérique avant la tempête, encore perdue dans ses rêves d'innocence. Pourtant, la colère monte chez les "citoyens de deuxième classe", et on sent déjà les premiers frémissements d'une contestation qui ébranlera les certitudes et mettra à jour les tabous de toute une nation.
Mais bien plus qu'une réflexion critique sur une période souvent évoquée avec nostalgie, Je vous emmène retrace les parcours d'une jeune femme indépendante, à la fois vulnérable et rebelle. Pleine d'humour et de doutes, c'est dans l'écriture qu'elle trouvera sa place et construira son identité en dehors des modèles offerts.

Je ne reconnais pas tout à fait le roman que je viens de lire dans le quatrième de couverture.

Il s'agit plus d'un roman sur une jeune fille puis jeune femme qui se cherche, dont la personnalité est encore en construction, et qui cherche un but à sa vie. On ne saura d'ailleurs jamais son véritable nom.

Comme beaucoup de personnages de Oates, elle a une personnalité trouble, atypique, un peu instable, mais déterminée et forte.

Le roman se divise en trois parties : sa vie dans la sororité, son histoire d'amour avec un étudiant noir, et une troisième partie dont je ne peux rien dire sans divulgâcher.

Si la deuxième partie est la plus grande, le roman n'est pas vraiment centré sur son histoire avec cet étudiant et si la ségrégation est en effet évoquée, ce n'est guère le thème principal.

Les trois parties sont différentes les unes des autres mais ont en commun le personnage central et sa quête d'identité, son parcours vers la maturité.

Mais je retiens aussi et surtout de ce roman la perfection de l'écriture et sa belle musicalité.
.

jeudi 23 septembre 2021

Dubitative



N'est-il pas redondant ou égocentrique de prendre le bus en trimbalant (de façon inconsciemment ostentatoire) un livre dont le titre est : "Je vous emmène".

Question du soir (dans le bus), bonsoir...

(nan mais le plus dur, en fait, a été de ne pas éclater de rire en y pensant).
.

mercredi 22 septembre 2021

Lectures de saison

 



Pour beaucoup l'automne est la fin de la belle saison, de la chaleur, de la gaieté et le début des jours qui raccourcissent, du froid, de la morosité, du manque de lumière. Ajoutez la Toussaint en plein milieu, et il y a de quoi déprimer (et non je ne parlerai pas d'Halloween, je rejette).

Pour moi, tous ces défauts en font la saison cocooning : se pelotonner sous un plaid avec à portée de main un délicieux thé (ou lait chaud au miel et à la cannelle ou chocolat) à savourer tout au long de mes lectures, installée dans "mon" fauteuil à lecture située près de la fenêtre du salon, où je profite de la lumière naturelle et surtout d'où je vois les arbres du quartier se parer de leurs plus belles couleurs avant leur hibernation d'hiver (pendant lequel ils se requinquent avant de nous enchanter de leur renouveau de printemps), rien de mieux !

Bizarrement, j'ai des saisons pour mes lectures. Ou plutôt, des lectures spécifiques aux saisons, mettez cela dans l'ordre que vous souhaitez.
Ce seront avant tout les polars noirs, en particulier ceux de Philip Kerr et d'Arnaldur Indridason ou encore James Lee Burke. Je ne les lis pas que là, mais je trouve que la saison s'y prête bien : à saison où on sort peut-être un peu moins, romans imposant une lecture plus lente.
Dans cette même logique, je privilégie aussi les classiques, et les romans autres que polars qui méritent une lecture plus attentive, et donc en effet plus lente. Ou les pavés, quel que soit le genre. Tant qu'à moins bouger autant s'immerger dans une saga ou un roman qui dépasse les 500 pages (800 ou 1000 me paraît une bonne moyenne dans cet état d'esprit).

L'automne est donc pour moi autant une belle saison pour les yeux que... pour les yeux. Euh, pour le paysage que pour la lecture.

Bon automne à toutes et tous !
.

dimanche 19 septembre 2021

Un invincible été


4 de couv' :
Depuis son retour à Sosua, en République Dominicaine, Ruth se bat aux côtés d'Almah pour les siens et pour la mémoire de sa communauté, alors que les touristes commencent à déferler sur l'île.
Gaya, sa fille, affirme son indépendance et part aux États-Unis, où Arturo et Nathan mènent leurs vies d'artistes. Comme sa mère, elle livre son propre combat à l'aune deses passions.
La tribu Rosenheck-Soteras a fait sienne la maxime de la poétesse Salomé Urena : "Cest en continuant à nous battre pour créer lepays dont nous rêvons que nous ferons une patrie de la terre qui est sous nos pieds."
Mais l'histoire, comme toujours, les rattrapera. De l'attentat du World Trade Center au terrible séisme de 2010 en Haïti, en passant par les émeutes en République Dominicaine, chacun tracera son chemin, malgré les obstacles et la folie du monde.
Roman de l'engagement et de la résilience, Un invincible été clôt avec éclat une fresque romanesque impressionnante.


Facilité est le premier mot qui me vient à l'esprit pour qualifier le dernier tome de cette saga, initiée par "Les déracinés" et "l'Américaine"" (et pour le troisième tome, voir ici).

Tout leur semble facile, aux personnages, les études, le travail, le moindre projet et l'argent, ou plutôt la richesse. Cela est dû en grande partie au fait que l'autrice parcoure les années avec rapidité, ce qui est normal, étant donné la période parcourue, de 1980 à nos jour, difficile donc de faire autrement. Mais ça m'a donné un goût d'inachevé et oui décidément, de facilité.

Cela étant, j'ai apprécié de retrouver les personnages et si je regrette que la narratrice soit toujours Ruth et non plus Almah ou pas du tout Gaya, je dois reconnaître que l'autrice quitte ses personnages avec affection et d'élégance.
.

dimanche 12 septembre 2021

La tempête qui vient


4 de couv' :
Janvier 1942. Los Angeles est encore sous le choc de l'attaque de Pearl Harbor. Les Américains d'origine japonaise sont massivement arrêtés tandis que les pluies torrentielles s'abattent sur la ville. Un corps est découvert dans Griffith Park à la faveur d'un glissement de terrain. C'est le début du chaos :entre un braquage de grande ampleur qui refait surface, des nazis surexcités, des espions, des trafics de drogue, des flics corrompus, des chassés-croisés amoureux et les "usual suspects" Dudley Smith et le sergent Jackson du LAPD, la troublante Kay Lake, le génie de la police scientifique Hideo Ashida, ainsi que la flamboyante Joan Conville, le maestro Ellroy orchestre une brillante et inoubliable symphonie.

J'avoue, j'ai laissé tomber à la 345ème page (sur 691).

Reprendre une histoire 6 ans après le premier tome, n'est pas évident, surtout avec Ellroy : j'ai du mal à m'y retrouver entre les personnages principaux (nombreux), secondaires (un peu moins nombreux) auxquels ils faut y ajouter les nouveaux. Ajoutez à cela la multitude de détails à se rappeler pour chaque personnage, et vous êtes vite perdus.

Sans compter que c'est du Ellroy, hein : des personnages glauques à souhait, avec leurs complexes, leurs fantasmes, leurs perversions, alcooliques et/ou camés, et vous avez du mal à vous attacher à un seul d'entre eux. Epoque troublée, personnages azimutés, trafics en tous genres.

Un cocktail sinon indigeste, mais trop lourd pour moi à avaler, j'ai préféré laisser tomber. Dommage, car l'intrigue promettait d'être intéressante à suivre.
.