lundi 3 avril 2017

La supplication

4 de couv' :
"Des bribes de conversations me reviennent en mémoire... Quelqu'un m'exhorte :
- Vous ne devez pas oublier que ce n'est plus votre mari, l'homme aimé qui se trouve devant vous, mais un objet radioactif avec un fort coefficient de contamination. Vous n'êtes pas suicidaire. Prenez-vous en main !"

Tchernobyl.  Ce mot évoque dorénavant une catastrophe écologique majeure. Mais que savons-nous du drame humain, quotidien, qui a suivi l'explosion de la centrale ?
Svetlana Alexievitch nous laisse entrevoir un mode bouleversant : celui des survivants, à qui elle cède la parole. L'évènement prend alors une tout autre dimension.
Pour la première fois, écoutons les voix suppliciées de Tchernobyl.

Comment dire ? Vu de loin, surtout à l'époque, Tchernobyl fut, et reste, une abomination. Dans le détail de ce recueil de témoignage, j'ai du mal à trouver les mots.

Le sacrifice de ceux qui ont été envoyés pour intervenir sur la centrale, la façon abominable dont ils sont morts est au-delà des mots. Juste pour info : j'ai vu récemment un court reportage sur Fukushima, maintenant, et le fait que l'on envoie des robots pour sonder la centrale. Et qu'il ne "survivent" que quelques heures après leur entrée sur le site. Je vous laisse imaginer pour des humains...

Mais il n'y a pas que cela dans cet ouvrage, il y a aussi la façon dont les populations ont été évacuées, les actions des unités, les témoignages de chaque acteur, à chaque niveau de cette horreur. Pas seulement sur les faits, mais sur leur ressenti, leur incompréhension face à quelque chose (cela revient souvent) qu'ils ne voient pas. Sans compter, du côté des officiels ou responsables de tout niveau, la loi du silence que l'on ferait bien ne pas briser pour sa propre sécurité ou pire par simple foi aveugle dans la version officielle.

Ce livre a le mérite d'exister entre autres pour nous éclairer enfin sur ce que nous n'avons perçu qu'à distance à travers ce qu'on nous a laisser en savoir à l'époque (aussi bien par leurs officiels que par les nôtres, rappelez-vous le sketch de Coluche...). Et par ces témoignages, de "vivre" au plus près ce que les populations ont subi.
Rien de bon dans tout ça...
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