dimanche 14 mai 2023

La singulière tristesse du gâteau au citron


4 de couv' :
Le jour de ses 9 ans, Rose mord avec délice dans son gâteau d'anniversaire. S'ensuit une incroyable révélation : elle ressent précisément le mal-être éprouvé par sa mère en le préparant. Car, dans sa famille, chacun dispose d'un pouvoir unique, qu'il doit taire ; pour ces super-héros du quotidien, ce don est un fardeau. Comment supporter le monde quand la moindre bouchée provoque un séisme intérieur ?

J'ai beaucoup entendu parler de ce roman, ne sachant pas trop à quoi m'attendre en fait. Je m'attendais certes à une histoire originale, parlant d'une famille et de ses petites bizarreries, où chacun cultive sa spécificité en accord avec ses autres membres et le reste du monde. Je m'attendais à quelque chose, de drôle, en levé, un peu comme avec les romans de Marie-Sabine Roger.
Et bien pas du tout.
Mais je suis (très) loin d'être déçue.

Ce livre est un ovni littéraire pour moi. En dehors de l'originalité de l'histoire (une petit fille découvre - entre autres - qu'elle peut connaître les sentiments de la personne qui a préparé un plat rien qu'en le mangeant), ce roman nous apporte bien plus de réflexions que cela.

Il est surtout question ici de différence, de spécificité et de la manière d'arriver à vivre avec et dans un monde qui n'est pas prêt à cela. Si dans le roman, la petite Rose (que l'on suit jusqu'à son entrée à l'âge adulte) possède une faculté pour le moins originale qu'elle peine à accepter, on peut aisément se dire que ce livre parle de différence. Être un enfant, une personne différente des autres, l'accepter, s'accepter soi-même, réussir à le faire comprendre à son entourage, le plus difficile étant de le faire accepter autour de soi, ne dehors du cercle familial, car le monde n'est pas prêt à cela.
Et comment s'y intégrer, en s'accordant à ce que l'on attend de chacun et en faisant de cette particularité un atout et prendre sa place dans ce monde.

Il est question aussi de notre capacité ou non à affronter le monde et ce que nous sommes. Mais aussi des non-dits familiaux, la honte ou gêne d'évoquer certains pans familiaux, pour ne pas dire "tares" familiales.

L'écriture est très belle, très douce, très fluide, sans commentaires ou jugement superflu. L'autrice raconte son histoire, en laissant au lecteur tout loisir de tirer lui-même ses conclusions, de susciter ses propres réflexions. Le côté fantastique de l'histoire, certains diront fantasque, n'est qu'anecdotique, il ne faut pas s'attarder dessus, l'essentiel, pour moi en tout cas, n'est pas là.

Une belle découverte.
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