jeudi 30 novembre 2023

La huitième couleur

4 de couv' :
Dans une dimension lointaine et passablement farfelue, un monde en forme de disque est juché sur le dos de quatre éléphants, eux-mêmes posés sur le dos d'une tortue.
À Ankh-Morpok, l'une des villes de ce Disque-Monde, les habitants croyaient avoir tout vu. Et Deuxfleurs avait l'air tellement inoffensif, bonhomme chétif fidèlement escorté par un Bagage de bois magique circulant sur une myriade de petites jambes.
Tellement inoffensif que le Praticien avait chargé le calamiteux sorcier Rincevent de sa sécurité dans la cité quadrillée par la guilde des voleurs et celle des assassins ; mission périlleuse et qui va les conduire loin : dans une caverne de dragons et peut-être jusqu'aux rebords du disque.
Car Deuxfleurs appartenait à l'espèce la plus redoutable qui soit : c'était un touriste...

Les librairies ont parfois en stock  des livres estampillés "ce livre vous est offert par votre libraire. Ne peut être vendu."

Ce livre m'a donc été offert il y a fort longtemps par un copain (de mon homme), qui travaillait à l'époque dans ce qui allait par la suite devenir ma librairie favorite.
Le livre a été imprimé en 2003, cela faisait donc pile 20 ans (et deux déménagements) qu'il attendait gentiment que je m'y intéresse.
Cette année encore, j'ai fait le challenge Booknode de l'année. L'un des thèmes est "lire un livre de Fantasy", et j'ai terminé par celui-là. Parce que oui, j'ai le second tome de "Justicière" des Archives de Roshar à lire, mais chaque tome faisant environ 800 pages, j'ai eu la flemme. Me reste aussi la dernière partie de la série de l'Assassin royal. 6 tomes. Et pas pressée de terminer cette série que j'ai tant aimée.

Je me suis donc (enfin !) rabattue sur ce livre de 266 pages, pastiche de Fantasy, même s'il est le premier tome de la série du Disque-Monde... sur 35. Me disant que je ne lirais que celui-là de toute façon.

Si je n'ai été guère emballée par le prologue, m'inquiétant ainsi de la suite, je n'ai pas pu décrocher du reste du livre.
Quelle épopée ! Vraiment, on sait d'où on part, mais le lecteur n'a aucune idée de là où les aventures de nos anti-héros vont l'emmener, pour notre plus grande hilarité.
Vous avez déjà fait ces rêves étranges où vous passez d'un endroit ou d'un situation à l'autre avec plus ou moins de lien entre eux ? Ben c'est ça. C'est jubilatoire, on se laisse porter, pire, on n'a qu'une envie, se laisser porter justement, jusqu'au bout de l'histoire. Qui semble ne jamais s'arrêter.
Mention spéciale à la scène où notre pitoyable magicien, pour se sortir d'un danger, arrive sur un autre, puis un autre, puis un autre... Avec une sorte de fatalisme de loser absolument jubilatoire (pour le lecteur).

Je n'exclue donc pas de lire quelques autres tomes de la série...
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Air sous un ciel moins gris

4 de couv' :
Depuis que des météorites se sont écrasées sur le permafrost, libérant des bactéries rendant l'air irrespirable, la population est obligée de s'équiper de masquer pour survivre. L'État, qui gère la distribution d'air, s'est lancé dans la construction d'aéronefs censés aspirer les particules nocives et rendre l'atmosphère à nouveau respirable. Mais un mystérieux groupe terroriste sabote systématiquement les vaisseaux. Troy Denen, un membre du Comité central, est chargé d'infiltrer le réseau rebelle pour découvrir qui se cache derrière le complot.

Ce livre est le premier de deux tomes. Ce qui m'a surprise, car tout ce tome met en place l'histoire, le contexte, les personnages. Et m'a donc donné l'impression qu'il entame une plus longue série, ce qui me rend d'autant plus curieuse de découvrir la suite.

L'histoire est aussi originale que classique, bien menée, bien construite et les dessins, un ravissement (non mais regardez rien que la couverture).

Alors oui, on peut dire que j'ai beaucoup aimé !
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mercredi 29 novembre 2023

Heurs et malheurs du sous-majordome Minor

4 de couv' :
Mal-aimé, méprisé, mais bien décidé à forcer son destin, le jeune et délicat Lucien Minor, dit Lucy, quitte sans regret sa bourgade natale pour aller prendre l'improbable poste de sous-majordome au château von Aux, lugubre forteresse sise au coeur d'un massif alpin.
Très peu sollicité, Lucy a tout le loisir de découvrir que ces lieux inquiétants, en apparence inhabités, recèlent les plus noirs secrets, et de faire la connaissance d'une population locale haute en couleur : voleurs invétérés, fous à lier, aristocrates dépravés, mais surtout Klara, dont il tombe, à ses risques et périls, éperdument amoureux.
Commence alors un conte grinçant dont les protagonistes incarnent une étrange humanité, toute pétrie de mensonges, de désirs malins et de perversité.

De tous les romans de Patrick deWitt, je crois que celui-ci est mon préféré.

La narration, le découpage des chapitres, la situation, les personnages, tout cela fait penser à un conte. Un conte pour adultes cela dit, à ne surtout pas lire à vos enfants (ou vous serez très embarrassés sur le passage de la salle de bal).

C'est drôle, original, inventif, étrange voire inquiétant et comme souvent avec cet auteur, un peu absurde aussi. Une vraie bouffée d'air frais.
Mention spéciale au traducteur, en particulier pour le titre, rien que pour le mot "heurs", tellement rarement utilisé de nos jours !

Le personnage principal est un tout jeune homme de 17 ans qui démarre dans la vie comme on part à l'aventure, et s'attire toutes sortes de problèmes, le plus souvent malgré lui, parfois à cause de ses mensonges (mention spéciale à une scène du début avant le démarrage du train).

Un de mes préférés de cette année, voire le préféré tellement il m'a enthousiasmée !
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mardi 28 novembre 2023

L'énigme du code noir

4 de couv' :
Avril 1791. Jamais Nicolas Le Floch n'avait vu pareil crime. Deux cadavres suppliciés qui ont en commun leurs mutilations... et peut-être quelques stigmates venus des îles lointaines.
Le Code Noir, établi par louis XIV pour réglementer la vie des esclaves, leur livrera-t-il une piste ?
Dans le Paris révolutionnaire de 1791, où les hommes et les idées s'affrontent dans la violence, Nicolas se retrouve au coeur de la bataille qui oppose partisans et ennemis de l'abolition de l'esclavage.
Il devra aussi combattre de redoutables criminels venus d'un mystérieux repaire, tout en surmontant l'imbroglio sentimental né de sa perpétuelle hésitation entre Laure de Fitz-James et sa maîtresse officielle Aimée d'Arranet.
Sur quels anciens et nouveaux alliés Nicolas Le Floch pourra-t-il s'appuyer pour traverser les cruelles tempêtes de la Révolution ?


Difficile de trouver quelque chose de nouveau à dire sur le seizième tome d'une série ! Surtout lorsque, comme moi, on regarde en parallèle la série télé, ce qui a peut-être un peu faussé ma perception des personnages du livre, par comparaison.

Je trouve décidément intéressant de traiter cette période de l'Histoire française, qui est assez rare, voire inédit. On est dans une société sous tension, où on a l'impression que la moindre petite chose peut mener à une explosion.
Si j'ai compris assez vite le pourquoi du comment des meurtres, je dois avouer que j'ai particulièrement apprécié apprendre autant sur la vies dans les "colonies" (nos DOM actuels), bien au delà du code noir.

Un bon moment de lecture, aussi distrayant (mention spéciale à la scène chez les d'Arranet, même s'il me semblait que ce cher Nicolas était moins idiot que cela d'habitude) qu'instructif.
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samedi 25 novembre 2023

Quelle aille au diable, Meryl Streep !

4 de couv' :
Zappant devant le superbe téléviseur qu'il  vient de s'offrir - ou plutôt d'offrir à sa femme-, un Libanais tombe sur le film Kramer contre Kramer et comprend, malgré son anglais approximatif, que le personnage joué par Meryl Streep est en train de quitter son mari. Cette scène le renvoie soudain à la réalité de son propre couple, dont le mariage avait été arrangé par une tante, et il s'interroge. Pourquoi son épouse va-t-elle si régulièrement dormir chez ses parents ?Censément vierge au moment de leur union, comment en sait-elle autant sur la sexualité masculine ? Quelle a été, avant, leur rencontre, la vie de cette femme dont il ne sait finalement pas grand-chose et qui lui échappe chaque jour un peu plus ?
Jamais sans doute un romancier arabe n'avait traité les question du couple et de la sexualité d'une façon aussi directe et décomplexée, pleine d'humour. Le mariage apparaît comme une institution mise à rude épreuve par la modernité, qui creuse le gouffre entre les images occidentales véhiculées par les média et la tradition. En assumant ou un feignant d'assumer cette modernité, la femme démontre à l'homme à quel point il est incapable d'en faire autant.


Déroutant est le premier mot qui me vient à l'esprit. Brillant, aussi, une fois qu'on a compris qu'il ne faut rien prendre au premier degré, comme je l'ai fait au début, ayant ainsi failli laisser tomber ce livre en cours de route. Tant le narrateur paraît malsain.
J'ai donc fait une recherche sur l'auteur, j'ai trouvé peu de choses en fait, car il est peu connu par ici me semble-t-il. Ce livre par contre a été transposé en pièce de théâtre, je serais curieuse de voir ce que ça donne...

Ce roman est une satire d'un pan machiste de la société libanaise, où les femmes n'ont que peu de droits, sinon d'être soumise à l'homme. Quels que soient leur attitude, leurs vêtements, leurs paroles, elle sont systématiquement rabaissées, surveillées, dénigrées ou soupçonnées du pire. Leur corps leur appartient tellement peu que leur virginité (un droit pour le mari selon le narrateur) doit être refaite chirurgicalement si elles l'ont perdue avant le mariage (et d'autant plus que si c'est avec un autre homme que leur mari. On voit une scène de ce genre dans le film "Caramel". Une scène humoristique, teintée d'acidité envers une société qui impose -et propose- une telle aberration).

Par cette longue narration, car il n'y a pas de chapitres dans ce livre, on suit le raisonnement du pire machiste qu'il m'ait été donnée à voir. Enfin, à  lire.

On finit par comprendre que ce machisme systémique ne convient à personne : ni aux femmes, ni aux hommes, et est la source d'une incompréhension totale entre eux, rendant tout accord entre les deux sexes absolument impossible. Il pose des questions, mais n'écoute pas les réponses, n'étant pas celles qu'il veut entendre, et surtout, n'envisageant même pas que sa conception des choses puisse ne pas être la seule.

Je pense que l'auteur connaît des hommes comme cela, et qu'il a rendu ce personnage suffisamment abject pour que son lectorat masculin se dise "on non, je ne suis pas comme ça quand même ?"
Il n'est guère loin de la folie dans sa façon psychorigide de considérer les femmes, refusant toute liberté à la sienne, et se mentant à lui-même.

Tous les aspects de la lutte féministe est indirectement abordée : le patriarcat, le viol, le poids de la religion, la liberté des femmes à disposer de leur corps et de décider par et pour elles-mêmes ce qu'elles veulent faire de leur vie.

Dérangeant, troublant, secouant, percutant.
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lundi 20 novembre 2023

Je reviendrai avec la pluie

4 de couv' :
Deouis la mort de sa femme Mio, Takumi vit seul avec son fils Yûji, âgé de six ans. Il gère le quotidien et l'éducation de son fils du mieux qu'il peut. Une seule chose le fait tenir, la promesse faite par Mio qu'elle reviendra avec la pluie. Le premier jour de la saison humide, cette promesse se réalise. Durant six semaines, le temps se suspend pour Mio et Takumi.
(...)


Un petit bijou que ce livre, écrit simplement, mais plein d'humanité. Comment un papa (un peu défaillant en raison de sa santé et surtout de ses phobies) et son fils arrivent à vivre après la mort de celle qu'ils aiment tant tous deux. Puis elle revient, le temps de la saison des pluies.

 Si ce livre a touché tant de gens, au point d'être traduit dans tant de langues, d'être adapté au cinéma, puis en série, puis en manga, c'est qu'il touche à une partie de ce sentiment qu'est l'amour : quand une personne nous quitte (ce qu'on a tous connu à un moment ou un autre ou plusieurs fois), nous avons tous envie de passer un peu de temps supplémentaire avec elle, juste un petit rab de temps, une dernière fois, avant de la laisser partir définitivement.
Mais est-ce vraiment une bonne idée ?

Et la fin, qui remplace une touche d'irrationnel par une autre, est elle-même un petit bijou.

Décidément, les japonais aiment aborder autant la mort que le fantastique.

samedi 18 novembre 2023

S'abandonner à vivre

4 de couv' :
Devant les coups du sort il n'y a pas trente choix possibles. Soit on lutte, on se démène et l'on fait comme la guêpe dans un verre de vin. Soit on s'abandonne à vivre. C'est le choix des héros de ces nouvelles. Ils sont marins, amants, guerriers, artistes, pervers ou voyageurs, ils vivent à Paris, Zermatt ou Riga, en Afghanistan, en Yakoutie, au Sahara. Et ils auraient mieux fait de rester au lit.

Chaque nouvelle de ce livre est un délicieux petit bonbon. Acidulées,
 chocolatées, caramélisées, ou tout parfum que vous désirez, toujours est-il qu'elles sont excellentes !

Si le style est un peu toujours le même,  chaque histoire a sa propre originalité. La première m'a étreint le coeur, la dernière a ravi mon âme celte et fait sourire avec douceur.

Sylvain Tesson a dit dans des interviews qu'il a du mal à écrire des fictions et ne fera jamais de romans, mais il est clair qu'il est doué pour les nouvelles, autant que pour les aphorismes. Poète dans l'âme en somme.

A déguster sans modération !
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vendredi 10 novembre 2023

Une saison au bord de l'eau

4 de couv' :
Assistante juridique à Londres, Flora MacKenzie était loin d'imaginer qu'on lui confierait un jour une mission à Mure, la petite île écossaise de son enfance. Une île qu'elle a quittée brutalement après la mort de sa mère, quelques années plus tôt.
De retour dans la ferme familiale, Flora réapprend peu à peu à cohabiter avec son père et ses trois frères. Elle redécouvre aussi toute la beauté de Mure, avec sa côte sauvage et sa longue plage de sable blanc.
Un matin, Flora découvre par hasard le vieux carnet de cuisine de sa mère. De tourtes en gâteaux, la jeune femme s'en donne à coeur joie, sans réaliser un seul instant que ces merveilleuses recettes sont sur le point de changer sa vie...

On peut dire pis que pendre de ce genre de livre mais le fait est que ce genre de lecture dite légère est on ne peut plus réconfortante en cette saison (et drôlement agréable au printemps, qui est plutôt la période à laquelle je lis ce type de roman).

L'écriture est agréable, l'histoire plus profonde que ce qu'on peut en attendre et formidablement divertissante. On n'échappe évidemment pas à une trame assez convenue et typique de ces romans, mais quel dépaysement (l'autrice est définitivement une amoureuse des îles écossaises et sait le faire partager) et quelle détente !
On l'aura compris, je suis prête à emprunter la suite...

Par contre, à éviter si on souhaite suivre un régime : ça parle énormément de bouffe là-dedans, sans compter les recettes de l'autrice en fin de volume.

Ce qui a donné les dialogues suivants avec mon homme le premier jour de lecture.
20h : "Je crois que j'ai un peu trop mangé, je suis ga-vée !"
22h30 : " J'ai faim !" " Comment ça tu as faim, tout à l'heure tu disais que tu étais gavée ?" "Oui, mais ils ne font que parler de bouffe ou de cuisiner dans ce livre ! Donc, j'ai faim."
23h45 : mon homme me surprend dans la cuisine, la main sur la tranche de pain que j'étais en train de beurrer. "Ils ont ouvert un restaurant : peux pas lutter !" Zéro crédibilité de ma part, éclat de rire bien réel de la sienne.

Donc à tous ceux qui voudraient le lire, bonne lecture. Ou dégustation. Ou lecture-dégustation...
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vendredi 3 novembre 2023

Salem

4 de couv' :
La paisible petite bourgade était devenue une ville fantôme et personne n'osait parler de ce rire aigu, maléfique, enfantin.
Jerusalem's lot n'avait rien de remarquable, sinon, sur la colline, la présence de cette grande demeure inhabitée depuis la mort tragique de ses propriétaires, vingt ans auparavant. Et lorsque Ben Mears revient à "Salem", c'est seulement pour retrouver ses souvenirs d'enfance.
Mais, très vite, il devra se rendre à l'évidence : il s'y passe des choses étranges, sinistres. Un chien est immolé, un enfant disparaît et l'horreur s'infiltre, s'étend, se répand, aussi inéluctable que la nuit qui descend sur Salem.

Quoi de mieux que de lire un Stephen King à "Halloween" ? A part le finir de nuit, à 2 heures du matin, en pleine tempête bien sûr...

Autant j'ai adoré le début du roman, du Stephen King pur jus dans la façon de tout mettre en place, l'histoire autant que l'ambiance, les premières phrases happant de suite le lecteur.

Mais hélas, la suite ne reste pas à la hauteur du début. Certes, il s'agit du second roman de Stephen King, publié en 1975, et d'après l'auteur lui-même, un pastiche de Dracula. Mais j'ai été franchement déçue, ayant même l'impression par roman qu'il s'agissait d'une commande, où que la maison d'édition a poussé le jeune auteur d'alors à "livrer" ce roman au plus vite, espérant qu'il se calquerait aux goûts de l'époque (je reconnais être très critique pour le coup).

Je n'ai donc pas été plus emballée que cela par ce roman, qui reste cependant une lecture divertissante.
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