lundi 23 avril 2012

Nouveau polar chez les îliens

4 de couv' :
En rupture de ban avec son passé, Fin MacLeod retourne sur son île natale de Lewis. La mort tragique de son jeune fils a pluvérisé son mariage. Impuissant et résigné, il a quitté la police. La lande balayée par les vents, la fureur de l'océan qui s'abat sur le rivage, les voix gaéliques des ancêtres qui s'élèvent en un chant tribal : il pense pouvoir retrouver ici un sens à sa vie.
Mais, Fin à peine arrivé, on découvre le cadavre d'un jeune homme, miraculeusement préservé par la tourbière. Les analyses ADN relient le corps à Tormod MacDonald, le père de l'amour de jeunesse de Fin, et font de lui le suspect n°1. C'est une course contre la montre qui s'engage alors : l'inspecteur principal est attendu sur l'île pour mener l'enquête et il n'épargnera pas le vieil homme, atteint de démence sénile.
Au rythme des fulgurances qui traversent l'esprit malade de Tormod, le passé ressurgit, douloureux, dramatique, et dévoile le sort que la société écossaise a réservé pendant des décennies aux "homers" : ces enfants orphelins ou abandonnés que l'Eglise catholique envoyait sur les îles Hébrides.


Pour le moment, des six livres du prix des lecteurs du Télégramme, c'est celui-ci qui me plaît le plus.

Déjà parce qu'on y retrouve avec plaisir les personnages et l'atmosphère de "L'île des chasseurs d'oiseaux", que j'avais bien aimé (et qui a été le lauréat du prix des lecteurs Cézam 2011), ainsi que ce qui caractérisait le premier opus, à savoir les allers-retours entre le présent et le passé, qui se recoupent et se complètent.

J'ai beaucoup aimé que l'évocation du passé vienne des souvenirs de Tormod MacDonald, atteint de la maladie d'Alzheimer, tout en donnant sa propre perception du présent, le rendant ainsi particulièrement touchant. Et tout comme les autres personnages, on veut en savoir plus. Et quelque part, le protéger, que ce soit dans ses souvenirs d'adolescent ou son désarroi face à sa maladie.
De cette évocation du passé, seul le lecteur est complice, puisqu'il ne fait part de ce qu'il pense que de très rares fois. Mais des détails cruciaux pour l'enquête...

L'atmosphère m'a paru moins lourde que dans le premier roman. Il faut dire que depuis, Fin a fait la paix avec son passé d'îlien et tiré un trait sur sa vie à Glasgow, démissionnant de son poste de policier pour revenir sur l'île de Harris. Réconcilié avec lui-même en quelque sorte. Mais toujours tourmenté par la mort de son fils (je pense qu'on en entendra parler dans le prochain roman).

Superbe aussi sont les descriptions des paysages, des lumières et du temps. On s'y croirait : on voudrait cueillir les fleurs, on sent le vent et la pluie sur le visage et s'infiltrer dans les vêtements, on croirait sentir l'odeur d'un feu de tourbe ou de l'iode, on reste émerveillé de la variation des lumières.

La seule chose que je pourrais regretter dans ce roman, c'est le sujet de ces orphelins qui je trouve aurait pu être un peu plus développé. Mais il y aurait alors eu le risque que cet aspect empiète sur le reste de l'histoire qui n'aurait alors été qu'un vague prétexte pour un plaidoyer de la cause de ces enfants et de leur triste sort.
Et c'est finalement mieux ainsi, j'ai trouvé que le roman était bien équilibré.

Je pense que beaucoup trouveront la fin un peu rapide, au vu du dénouement, on ne peut plus théâtral. Mais les derniers mots reviennent à Tormod, et ça n'est que justice. Et n'en est que plus fort.

Bref, un roman que j'ai dévoré avec plaisir et qui est bien placé dans mon classement.
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