samedi 7 avril 2012

Pompage

4 de couv' :
C'est d'abord l'histoire d'une rencontre, que seule la littérature rend possible, entre un écrivain magnifique, Karen Blixen, et une petite fille de onze ans qui lit La Ferme Africaine sous une tente. Le temps passant, la petite fille solitaire est devenue une jeune femme qui entreprend d'écrire la biographie de celle qui l'accompagne depuis toujours. Plus elle s'enfonce dans son récit et plus elle découvre  que la Karen de ses rêves - qui étouffe dans les salons danois, embarque pour l'Afrique avec Bror, son mari, se consumme d'amour pour Denys, puis revient, dix-sept ans plus tard, à la maison familiale de Rungsteedlund, seule et brisée - la renvoie à sa propre existence et à ses aspirations enfouies.
Commence alors un long chemin intérieur, où le sentiment d'étrangeté au monde, les souvenirs douloureux et les désirs contenus sous les apparences d'une vie rangée sont autant de liens secrets qui réunissent les deux femmes. Karen et moi, ou comment se sauver par l'écriture.


Il s'agit ici d'un roman introspectif et je n'ai pas réussi à accrocher.
La narratrice alterne la vie de Karen Blixen et sa propre vie, faisant un parallèle entre les deux, ce qui était une très bonne idée de départ, et pouvait amener à un grand roman.

Que la narratrice ne se sente pas faite pour le milieu dont elle est issue, soit. Mais au lieu d'en tirer sa force, elle se contente de subir sa vie en silence et donc dans la douleur, toujours indécise sur les choix de sa vie, se contentant (plus confortable ?) de se conformer à ce qu'on attend d'elle. Ça, ça m'a un peu gonflée, mais je comprends aussi que pour d'autres que moi, il ne soit pas toujours facile d'avancer contre vents et marée.
Les personnages réels ou imaginaires qui m'ont toujours le plus intéressés sont justement ceux qui refusent d'entrer dans le moule qu'on leur prédestine et qui prenne (intelligemment) leur vie en main. J'ai donc eu un peu de mal à accorder concession et crédit à la narratrice.
Qui plus est, même si leurs vies respectives ont des similitudes, la comparaison s'arrêtera là : Karen Blixen semblait être une femme d'action, surtout pour son époque, que la narratrice, elle, subit les choses, y compris sa propre douleur et insatisfaction dont elle n'arrive pas à en faire le moteur de sa vie.

Autre point négatif : si vous avez lu "La Ferme Africaine" et/ou vu "Out of Africa", laissez tomber. Si ce n'est pas le cas et voulez un résumé, lisez ce livre. Out of Africa est un superbe film, Karen Blixen a su, paraît-il avec brio (car je ne l'ai pas lu moi-même) écrire dans "La Ferme africaine" sa vie au Kenya.
"Karen et moi" n'y apporte rien de plus. La narratrice a adoré "La Ferme africaine", très bien. Au point que c'est ce livre qui va la pousser à écrire le sien, tant mieux pour elle.
Mais je le répète, j'ai eu la désagréable impression d'un résumé de ce récit.

A cela s'ajoute un résumé de "L'appel de la forêt", un de mes livres préférés certes, mais du coup si vous ne l'avez jamais lu et ne voulez pas en connaître la fin, évitez ce livre-ci. En plus je ne suis pas tout à fait d'accord avec la narratrice sur son interprétation de la fin.
Par contre, elle a adoré ce roman de Jack London et son personnage principal, Buck, tout comme moi, et je dois reconnaître qu'elle sait le mettre en valeur.

Ajoutez encore beaucoup de citations littéraires, que ce livre ne fait que 146 pages et vous comprendrez alors ce qui fait le titre de ce mot de billet.
Entre la vie de Karen Blixen, "L'appel de la forêt" et ces citations, il y a beaucoup trop d'éléments extérieurs à l'introspection de la narratrice, on peut même dire qu'il y en a plus, et ceci est le gros défaut de ce très court roman.
J'aurais aimé plus de réflexions sur sa vie, plus de remises en question sur ses (plus ou moins bons) choix de sa vie, soit une vraie introspection. Et je n'y ai peut-être rien compris, mais cela m'a donné l'impression que tout comme (de son propre aveu) elle est spectatrice de sa propre vie, elle devient lectrice de son propre roman.

Cependant : j'ai beaucoup apprécié la fin du livre car enfin, comme elle le dit elle-même, "plus de triche". En approchant de la fin, elle devient enfin elle-même, l'écriture est plus intéressante, elle se prend en main et, enfin, sa vie avec. C'est sans doute cela qui en fait la force de ce roman et explique qu'il ait de si bonnes critiques.
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