4 de couv' :
Un massacre d'indiens dans le Dakota du Sud.
Le mariage d'une jeune femme avec son père adoptif dans l'Angleterre victorienne.
Un constable trop méticuleux.
Une bicyclette qui change un destin.
Cinq mystérieuses photographies.
Et sir Arthur Conan Doyle qui croit dur comme fer à l'existence des fées.
Le romanesque à l'état pur de Didier Decoin.
Ce roman me laisse un peu perplexe.
Autant il a été un très plaisant moment de lecture, autant je n'arrive pas à comprendre l'intérêt de cette histoire de fées (une véritable histoire de canular du début du XXe siècle) à la fin de ce roman. La fin des illusions peut-être ? Qui va permettre à notre (prétendument) anglaise à bicyclette de revenir à la réalité de ses origines ?
Je suis peut-être lapidaire, surtout avec un auteur qui n'est pas nouveau dans le métier, mais j'ai trouvé cette partie comme arrivant comme un cheveu sur la soupe, ce qui m'a gâché un peu la fin du roman.
Je regrette également que la psychologie des personnages reste somme toute assez succincte (même si les personnages d'Emily et Jayson soient attachants), que le lien entre les différentes parties du roman et de la vie d'Emily ne soient pas plus étoffées, que les habitants du village ne sont finalement qu'évoqués et que certains évènements de l'histoire ne soient pas plus développés. D'autant que l'auteur saute les années sans de réelles transitions. On a donc par moment une impression d'inachevé sur certains passages. Et j'ai trouvé le final trop rapide, l'auteur évoque à peine la fin de la vie d'Emily pour s'appesantir sur cette histoire de fées à laquelle je n'ai décidément que peu accroché.
Cependant, je le répète, il reste vraiment agréable à lire et est un bon moment de lecture. On est happé par l'histoire dès les premières pages avec un démarrage sur les chapeaux de roue, on s'attache aux personnages facilement.
Reste à le classer à présent, mais il me reste encore un livre de la sélection à lire (si je le récupère à temps de la bibliothèque).
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Petites réflexions personnelles sur mes différentes lectures. Mais juste mon opinion, mes impressions, pas un jugement. Je ne suis pas critique littéraire ! Juste une simple lectrice, qui prend plaisir (ou pas) au fil des pages, et qui a envie de vous le faire partager. Et qui est très curieuse de connaître votre opinion aussi !
dimanche 29 avril 2012
vendredi 27 avril 2012
Scintillant, oui, sûrement !
4 de couv' :
"Elle répétait que la cabane de la Kumiku, la plus chaude et la plus solide, avait servi de maternité, que les enfants y étaient nés dans un grand tonnerre, perplexes d'apparaître en même temps au jour, à la glace et à l'humanité..."
Nikko est née au pôle, sur une île polluée.
Au beau milieu de l'emprise des glaces, elle s'imagine être le feu.
Le mal qui la guette sera peut-être son salut.
Le trait commun des personnages principaux de Véronique Ovaldé, c'est qu'ils sont tous, ou plutôt, elles sont toutes, en marge des autres. Soit par leur vie, leur ascendance, ou leurs problèmes de santé. Ce décalage leur permet de voir leur entourage avec une acuité, une lucidité qui les met d'autant plus en marge. Mais c'est justement cela qui leur permet de s'affranchir des autres, de la vie qui leur était supposément destinée, pour réussir, finalement, à se trouver en accord avec leur entourage tout en gardant leur indépendance. De ce qui est considéré par les autres comme une faiblesse ou un défaut est finalement leur force. Ou comment vivre sa vie avec ce qu'elle a à vous offrir.
Voici mon ressenti et ce que j'aime chez Véronique Ovaldé après avoir lu quatre de ses romans.
Pour celui-ci, l'histoire tourne autour d'une catastrophe écologique. Je ne sais pas si l'auteure avait la volonté d'en faire un manifeste écologique, mais elle y est parvenue sans être lourdingue et sans avoir l'air d'y toucher (ou alors je suis particulièrement sensible à ce sujet, je ne sais pas). J'ai beaucoup aimé en tout cas.
Et puis son écriture est tellement magique qu'elle arrive à utiliser le plus simplement du monde le mot "bite" dans une phrase sans que, sous sa plume, ça fasse vulgaire.
C'est pas du grand art, ça ?
.
"Elle répétait que la cabane de la Kumiku, la plus chaude et la plus solide, avait servi de maternité, que les enfants y étaient nés dans un grand tonnerre, perplexes d'apparaître en même temps au jour, à la glace et à l'humanité..."
Nikko est née au pôle, sur une île polluée.
Au beau milieu de l'emprise des glaces, elle s'imagine être le feu.
Le mal qui la guette sera peut-être son salut.
Le trait commun des personnages principaux de Véronique Ovaldé, c'est qu'ils sont tous, ou plutôt, elles sont toutes, en marge des autres. Soit par leur vie, leur ascendance, ou leurs problèmes de santé. Ce décalage leur permet de voir leur entourage avec une acuité, une lucidité qui les met d'autant plus en marge. Mais c'est justement cela qui leur permet de s'affranchir des autres, de la vie qui leur était supposément destinée, pour réussir, finalement, à se trouver en accord avec leur entourage tout en gardant leur indépendance. De ce qui est considéré par les autres comme une faiblesse ou un défaut est finalement leur force. Ou comment vivre sa vie avec ce qu'elle a à vous offrir.
Voici mon ressenti et ce que j'aime chez Véronique Ovaldé après avoir lu quatre de ses romans.
Pour celui-ci, l'histoire tourne autour d'une catastrophe écologique. Je ne sais pas si l'auteure avait la volonté d'en faire un manifeste écologique, mais elle y est parvenue sans être lourdingue et sans avoir l'air d'y toucher (ou alors je suis particulièrement sensible à ce sujet, je ne sais pas). J'ai beaucoup aimé en tout cas.
Et puis son écriture est tellement magique qu'elle arrive à utiliser le plus simplement du monde le mot "bite" dans une phrase sans que, sous sa plume, ça fasse vulgaire.
C'est pas du grand art, ça ?
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lundi 23 avril 2012
Nouveau polar chez les îliens
4 de couv' :
En rupture de ban avec son passé, Fin MacLeod retourne sur son île natale de Lewis. La mort tragique de son jeune fils a pluvérisé son mariage. Impuissant et résigné, il a quitté la police. La lande balayée par les vents, la fureur de l'océan qui s'abat sur le rivage, les voix gaéliques des ancêtres qui s'élèvent en un chant tribal : il pense pouvoir retrouver ici un sens à sa vie.
Mais, Fin à peine arrivé, on découvre le cadavre d'un jeune homme, miraculeusement préservé par la tourbière. Les analyses ADN relient le corps à Tormod MacDonald, le père de l'amour de jeunesse de Fin, et font de lui le suspect n°1. C'est une course contre la montre qui s'engage alors : l'inspecteur principal est attendu sur l'île pour mener l'enquête et il n'épargnera pas le vieil homme, atteint de démence sénile.
Au rythme des fulgurances qui traversent l'esprit malade de Tormod, le passé ressurgit, douloureux, dramatique, et dévoile le sort que la société écossaise a réservé pendant des décennies aux "homers" : ces enfants orphelins ou abandonnés que l'Eglise catholique envoyait sur les îles Hébrides.
Pour le moment, des six livres du prix des lecteurs du Télégramme, c'est celui-ci qui me plaît le plus.
Déjà parce qu'on y retrouve avec plaisir les personnages et l'atmosphère de "L'île des chasseurs d'oiseaux", que j'avais bien aimé (et qui a été le lauréat du prix des lecteurs Cézam 2011), ainsi que ce qui caractérisait le premier opus, à savoir les allers-retours entre le présent et le passé, qui se recoupent et se complètent.
J'ai beaucoup aimé que l'évocation du passé vienne des souvenirs de Tormod MacDonald, atteint de la maladie d'Alzheimer, tout en donnant sa propre perception du présent, le rendant ainsi particulièrement touchant. Et tout comme les autres personnages, on veut en savoir plus. Et quelque part, le protéger, que ce soit dans ses souvenirs d'adolescent ou son désarroi face à sa maladie.
De cette évocation du passé, seul le lecteur est complice, puisqu'il ne fait part de ce qu'il pense que de très rares fois. Mais des détails cruciaux pour l'enquête...
L'atmosphère m'a paru moins lourde que dans le premier roman. Il faut dire que depuis, Fin a fait la paix avec son passé d'îlien et tiré un trait sur sa vie à Glasgow, démissionnant de son poste de policier pour revenir sur l'île de Harris. Réconcilié avec lui-même en quelque sorte. Mais toujours tourmenté par la mort de son fils (je pense qu'on en entendra parler dans le prochain roman).
Superbe aussi sont les descriptions des paysages, des lumières et du temps. On s'y croirait : on voudrait cueillir les fleurs, on sent le vent et la pluie sur le visage et s'infiltrer dans les vêtements, on croirait sentir l'odeur d'un feu de tourbe ou de l'iode, on reste émerveillé de la variation des lumières.
La seule chose que je pourrais regretter dans ce roman, c'est le sujet de ces orphelins qui je trouve aurait pu être un peu plus développé. Mais il y aurait alors eu le risque que cet aspect empiète sur le reste de l'histoire qui n'aurait alors été qu'un vague prétexte pour un plaidoyer de la cause de ces enfants et de leur triste sort.
Et c'est finalement mieux ainsi, j'ai trouvé que le roman était bien équilibré.
Je pense que beaucoup trouveront la fin un peu rapide, au vu du dénouement, on ne peut plus théâtral. Mais les derniers mots reviennent à Tormod, et ça n'est que justice. Et n'en est que plus fort.
Bref, un roman que j'ai dévoré avec plaisir et qui est bien placé dans mon classement.
.
En rupture de ban avec son passé, Fin MacLeod retourne sur son île natale de Lewis. La mort tragique de son jeune fils a pluvérisé son mariage. Impuissant et résigné, il a quitté la police. La lande balayée par les vents, la fureur de l'océan qui s'abat sur le rivage, les voix gaéliques des ancêtres qui s'élèvent en un chant tribal : il pense pouvoir retrouver ici un sens à sa vie.
Mais, Fin à peine arrivé, on découvre le cadavre d'un jeune homme, miraculeusement préservé par la tourbière. Les analyses ADN relient le corps à Tormod MacDonald, le père de l'amour de jeunesse de Fin, et font de lui le suspect n°1. C'est une course contre la montre qui s'engage alors : l'inspecteur principal est attendu sur l'île pour mener l'enquête et il n'épargnera pas le vieil homme, atteint de démence sénile.
Au rythme des fulgurances qui traversent l'esprit malade de Tormod, le passé ressurgit, douloureux, dramatique, et dévoile le sort que la société écossaise a réservé pendant des décennies aux "homers" : ces enfants orphelins ou abandonnés que l'Eglise catholique envoyait sur les îles Hébrides.
Pour le moment, des six livres du prix des lecteurs du Télégramme, c'est celui-ci qui me plaît le plus.
Déjà parce qu'on y retrouve avec plaisir les personnages et l'atmosphère de "L'île des chasseurs d'oiseaux", que j'avais bien aimé (et qui a été le lauréat du prix des lecteurs Cézam 2011), ainsi que ce qui caractérisait le premier opus, à savoir les allers-retours entre le présent et le passé, qui se recoupent et se complètent.
J'ai beaucoup aimé que l'évocation du passé vienne des souvenirs de Tormod MacDonald, atteint de la maladie d'Alzheimer, tout en donnant sa propre perception du présent, le rendant ainsi particulièrement touchant. Et tout comme les autres personnages, on veut en savoir plus. Et quelque part, le protéger, que ce soit dans ses souvenirs d'adolescent ou son désarroi face à sa maladie.
De cette évocation du passé, seul le lecteur est complice, puisqu'il ne fait part de ce qu'il pense que de très rares fois. Mais des détails cruciaux pour l'enquête...
L'atmosphère m'a paru moins lourde que dans le premier roman. Il faut dire que depuis, Fin a fait la paix avec son passé d'îlien et tiré un trait sur sa vie à Glasgow, démissionnant de son poste de policier pour revenir sur l'île de Harris. Réconcilié avec lui-même en quelque sorte. Mais toujours tourmenté par la mort de son fils (je pense qu'on en entendra parler dans le prochain roman).
Superbe aussi sont les descriptions des paysages, des lumières et du temps. On s'y croirait : on voudrait cueillir les fleurs, on sent le vent et la pluie sur le visage et s'infiltrer dans les vêtements, on croirait sentir l'odeur d'un feu de tourbe ou de l'iode, on reste émerveillé de la variation des lumières.
La seule chose que je pourrais regretter dans ce roman, c'est le sujet de ces orphelins qui je trouve aurait pu être un peu plus développé. Mais il y aurait alors eu le risque que cet aspect empiète sur le reste de l'histoire qui n'aurait alors été qu'un vague prétexte pour un plaidoyer de la cause de ces enfants et de leur triste sort.
Et c'est finalement mieux ainsi, j'ai trouvé que le roman était bien équilibré.
Je pense que beaucoup trouveront la fin un peu rapide, au vu du dénouement, on ne peut plus théâtral. Mais les derniers mots reviennent à Tormod, et ça n'est que justice. Et n'en est que plus fort.
Bref, un roman que j'ai dévoré avec plaisir et qui est bien placé dans mon classement.
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dimanche 22 avril 2012
Joyeux joyaux
4 de couv' :
Dans "Un peuple de promeneurs", préfacé par Lydie Dattas, Alexandre Romanès revient sur une vie faite de rencontres et d'histoires gitanes. Celles-là même qu'il a soigneusement notées et dont son livre est nourri. Un recueil de pensées et maximes, "beau, rôle et tragique" comme le peuple tsigane qu'il chante.
Ce livre est un écrin dont s'envolent de vrais petits bijoux. C'est souvent drôle (car très juste), tendre, émouvant.
J'y retrouvé un peu de "Paroles" de Prévert (que j'adore) et que je relirais bien volontiers.
En voici deux extraits, mes préférés :
Alexandre Romanès a écrit d'autres livres, je pense que je me laisserai tenter...
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Dans "Un peuple de promeneurs", préfacé par Lydie Dattas, Alexandre Romanès revient sur une vie faite de rencontres et d'histoires gitanes. Celles-là même qu'il a soigneusement notées et dont son livre est nourri. Un recueil de pensées et maximes, "beau, rôle et tragique" comme le peuple tsigane qu'il chante.
Ce livre est un écrin dont s'envolent de vrais petits bijoux. C'est souvent drôle (car très juste), tendre, émouvant.
J'y retrouvé un peu de "Paroles" de Prévert (que j'adore) et que je relirais bien volontiers.
En voici deux extraits, mes préférés :
"Lénutsa, treize ans,
enceinte de Marius, quatorze ans.
Quand il n'est pas en prison, ils ne se quittent pas.
Leur vie, quand ils sont ensemble,
n'est qu'un éclat de rire."
"Moi qui était si misogyne, j'ai fait cinq filles.
Dieu m'a donné une bonne leçon que je méritais
et il m'a fait un grand cadeau
que je ne méritais pas."
Alexandre Romanès a écrit d'autres livres, je pense que je me laisserai tenter...
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samedi 21 avril 2012
Merveilleux
4 de couv' :
Trois récits, trois femmes qui disent non. Elles s'appellent Norah, Fanta, Khady Demba. Chacune se bat pour préserver sa dignité contre les humiliations que la vie lui inflige avec une obstination méthodique et incompréhensible.
L'art de Marie NDiaye apparaît ici dans toute sa singularité et son mystère. La force de son écriture tient à son apparente douceur, aux lentes circonvolutions qui entraînent le lecteur sous le glacis d'une prose impeccable et raffinée, dans les méandres d'une conscience livrée à la pure violence des sentiments.
J'avais découvert cette auteure avec "La sorcière" et m'étais promise de relire d'autres livres d'elle. Et je ne regrette évidemment pas.
Le second paragraphe du quatrième de couverture a tout dit de ce que j'ai pu ressentir à la lecture de ce livre. Dès les premiers mots, on est emporté, pour ne pas dire envoûté par l'écriture somptueuse de cette magnifique auteure. Elle manie les mots, le vocabulaire, le rythme de ses phrases dans une musicalité digne d'une virtuose. Ainsi est-on aussi emporté dans son univers.
L'histoire (ou plutôt les histoires puisqu'il s'agit de l'histoire de chacune de ces trois femmes, et donc de nouvelles ayant un mince lien conducteur) pourrait presque ne pas importer tellement est belle et riche la façon de raconter.
Mais elle est justement si belle et riche qu'on ne peut que vouloir savoir ce qui a amené chacune de ces femmes au point de départ (ou d'arrivée, selon l'angle où on se place) de son histoire. Car c'est progressivement, patiemment, mais avec brio que Marie NDiaye soulève le voile ou les différentes couches de voile qui cache leur véritables motivations ou personnalité.
La première histoire est celle de Norah, qui retrouve son père et une partie de son passé. La seconde, la plus longue, est celle de Fanta, mais vue par le prisme de son mari, pas une seule fois on n'entre dans sa tête à elle. La troisième, la plus courte, est celle Khady et m'a rappelé ce récit dont je ne cesserai jamais de recommander la lecture.
Mais peuvent-elles réellement dire non à tout et, surtout à quoi, et à quel prix ?
Une superbe écriture, et à manier si magnifiquement la langue française, Marie NDiaye mériterait amplement d'entrer à l'Académie Française.
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Trois récits, trois femmes qui disent non. Elles s'appellent Norah, Fanta, Khady Demba. Chacune se bat pour préserver sa dignité contre les humiliations que la vie lui inflige avec une obstination méthodique et incompréhensible.
L'art de Marie NDiaye apparaît ici dans toute sa singularité et son mystère. La force de son écriture tient à son apparente douceur, aux lentes circonvolutions qui entraînent le lecteur sous le glacis d'une prose impeccable et raffinée, dans les méandres d'une conscience livrée à la pure violence des sentiments.
J'avais découvert cette auteure avec "La sorcière" et m'étais promise de relire d'autres livres d'elle. Et je ne regrette évidemment pas.
Le second paragraphe du quatrième de couverture a tout dit de ce que j'ai pu ressentir à la lecture de ce livre. Dès les premiers mots, on est emporté, pour ne pas dire envoûté par l'écriture somptueuse de cette magnifique auteure. Elle manie les mots, le vocabulaire, le rythme de ses phrases dans une musicalité digne d'une virtuose. Ainsi est-on aussi emporté dans son univers.
L'histoire (ou plutôt les histoires puisqu'il s'agit de l'histoire de chacune de ces trois femmes, et donc de nouvelles ayant un mince lien conducteur) pourrait presque ne pas importer tellement est belle et riche la façon de raconter.
Mais elle est justement si belle et riche qu'on ne peut que vouloir savoir ce qui a amené chacune de ces femmes au point de départ (ou d'arrivée, selon l'angle où on se place) de son histoire. Car c'est progressivement, patiemment, mais avec brio que Marie NDiaye soulève le voile ou les différentes couches de voile qui cache leur véritables motivations ou personnalité.
La première histoire est celle de Norah, qui retrouve son père et une partie de son passé. La seconde, la plus longue, est celle de Fanta, mais vue par le prisme de son mari, pas une seule fois on n'entre dans sa tête à elle. La troisième, la plus courte, est celle Khady et m'a rappelé ce récit dont je ne cesserai jamais de recommander la lecture.
Mais peuvent-elles réellement dire non à tout et, surtout à quoi, et à quel prix ?
Une superbe écriture, et à manier si magnifiquement la langue française, Marie NDiaye mériterait amplement d'entrer à l'Académie Française.
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mercredi 18 avril 2012
Crotte de zut
Je n'ai pas été sélectionnée... Tant pis, ça ne m'empêchera pas de jeter un oeil, voire les deux, sur la sélection et de retenter ma chance l'année prochaine (si je suis toujours motivée bien sûr).
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lundi 16 avril 2012
Les humains, entre Terre et Mars
4 de couv' :
Les terriens décident de coloniser Mars en dépit (ou à cause) de la guerre nucléaire qui pointe à l'horizon sur Terre. Après quelques tentatives infructueuses, ils parviennent, et à quel prix, à s'installer et à y développer pour les uns, leurs propres rêves, espoirs et envie, pour les autres afin de suivre la ligne officielle et d'en faire une Terre bis. Jusqu'à ce que...
(quatrième de couverture perso, avec tous les défauts qu'il peut comporter, mais le "vrai" est composé des toutes dernières lignes du livre... Il s'agit d'un choix arbitraire de ma part de faire ainsi, je déteste qu'on me raconte la fin de ce que je suis en train de lire)
Deux infos me paraissent importantes avant de parler de ce livre. Tout d'abord, chaque chapitre comporte une date et un titre. La version originale de cet ouvrage allait de 1999 à 2026. La version actuelle, roman futuriste oblige, se déroule de 2030 à 2057.
Deuxièmement, je vais être atypique, mais je ne considère pas ce livre comme étant un recueil de nouvelles et ceci pour deux raisons.
La première est que la plupart du temps, quand on parle de "chronique" la plupart du temps les gens font référence à la définition littéraire et/ou artistique : un ensemble de faits se rapportant à une ligne directrice, ce qui est en effet le cas ici.
Moi j'ai lu cet ouvrage (ai-je eu tort ?) en me basant sur la définition historique de ce mot, ce qui donne un autre relief au livre.
J'ai donc abordé cette lecture sous ces deux angles ici complémentaires.
De prime abord, il s'agit bien de nouvelles, genre que je n'affectionne guère habituellement, mais le fil conducteur fait que je l'ai lu comme un roman et pas comme un recueil de nouvelles. Certes, on ne retrouve pas les mêmes personnages d'une histoire à l'autre, sauf que : il y est parfois fait référence à certains d'entre eux d'un chapitre à l'autre, voire les retrouve-t-on dans d'autres chapitres, même fugacement.
Ce lien conducteur, et en quelque sorte véritable protagoniste du roman, est la colonisation de Mars depuis la première arrivée des terriens jusqu'à, euh, disons la fin (je sais, ça fait bancal de dire cela ainsi, mais je ne vais quand même pas tout vous raconter après m'être embêtée à vous fabriquer un quatrième de couverture !).
Ces nouvelles sont parues à partir de 1945 dans des magazines, d'autres ont été rajoutées par la suite pour la version aboutie du livre. La société américaine qui y est décrite est typique des années 1950 tout en restant assez futuriste, voire visionnaire.
J'ai adoré l'ensemble du livre que j'ai dévoré (alors qu'à la base je ne suis fan ni de science-fiction, ni de nouvelles) tant pour ce qui y est raconté que pour son écriture. Certains chapitres ont plus attiré mon attention que d'autres car ils traitent de thèmes que j'affectionne, certains sont assez poétiques.
J'a bien aimé la description des premières tentatives des terriens pour s'installer sur Mars, en particulier la deuxième, où l'incompréhension entre deux civilisations et leur arrogance réciproque en fait une farce qui se transforme en conte cruel.
J'ai bien aimé aussi le chapitre "Usher II" préambule ou rappel (il faudrait que je trouve la date de parution de cette histoire) de "Fahrenheit 451"...
Fan des romans dits du sud des Etats-Unis, j'ai particulièrement aimé le chapitre intitulé "Tout là-haut dans le ciel" qui traite de la ségrégation, ou comment les noirs américains prennent leur indépendance et leur liberté en décidant de construire leur propre fusée et faire montre d'une solidarité sans faille pour y embarquer. Bradbury avait en tout cas bien compris, à son époque, que la ségrégation avec les persécutions de toute une population, ne pouvait plus durer. Sur ce sujet, ce chapitre est brillant.
Mars fait ainsi office de "terre promise" pour eux, bien plus que pour les autres colons dont les motivations sont aussi diverses et variées que l'esprit d'entreprise, la découverte d'un autre monde, l'ambition d'être les pionniers d'un nouveau monde, ou encore la volonté de répondre aux impératifs d'une technocratie pour qui Mars n'est qu'un territoire de plus où s'étendre.
Et là je peux vous dire aussi que j'ai fait le parallèle entre la conquête de Mars et celle des Amériques, en particulier pour ces raisons qui poussent le terrien lambda à s'installer sur Mars, mais aussi pour les circonstances : les premiers essais infructueux qui loin de décourager, ont renforcé la volonté des terriens, les civilisations perdues, les maladies...
C'est dans l'ensemble une belle réflexion sur la nature humaine et ses motivations quand il s'agit d'entreprendre quelque chose, ce qui en découle, les leçons à en tirer. Mais sommes-nous capables de les retenir ?
En tout cas, ce roman reste très actuel et n'est pas prêt de tomber aux oubliettes.
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Les terriens décident de coloniser Mars en dépit (ou à cause) de la guerre nucléaire qui pointe à l'horizon sur Terre. Après quelques tentatives infructueuses, ils parviennent, et à quel prix, à s'installer et à y développer pour les uns, leurs propres rêves, espoirs et envie, pour les autres afin de suivre la ligne officielle et d'en faire une Terre bis. Jusqu'à ce que...
(quatrième de couverture perso, avec tous les défauts qu'il peut comporter, mais le "vrai" est composé des toutes dernières lignes du livre... Il s'agit d'un choix arbitraire de ma part de faire ainsi, je déteste qu'on me raconte la fin de ce que je suis en train de lire)
Deux infos me paraissent importantes avant de parler de ce livre. Tout d'abord, chaque chapitre comporte une date et un titre. La version originale de cet ouvrage allait de 1999 à 2026. La version actuelle, roman futuriste oblige, se déroule de 2030 à 2057.
Deuxièmement, je vais être atypique, mais je ne considère pas ce livre comme étant un recueil de nouvelles et ceci pour deux raisons.
La première est que la plupart du temps, quand on parle de "chronique" la plupart du temps les gens font référence à la définition littéraire et/ou artistique : un ensemble de faits se rapportant à une ligne directrice, ce qui est en effet le cas ici.
Moi j'ai lu cet ouvrage (ai-je eu tort ?) en me basant sur la définition historique de ce mot, ce qui donne un autre relief au livre.
J'ai donc abordé cette lecture sous ces deux angles ici complémentaires.
De prime abord, il s'agit bien de nouvelles, genre que je n'affectionne guère habituellement, mais le fil conducteur fait que je l'ai lu comme un roman et pas comme un recueil de nouvelles. Certes, on ne retrouve pas les mêmes personnages d'une histoire à l'autre, sauf que : il y est parfois fait référence à certains d'entre eux d'un chapitre à l'autre, voire les retrouve-t-on dans d'autres chapitres, même fugacement.
Ce lien conducteur, et en quelque sorte véritable protagoniste du roman, est la colonisation de Mars depuis la première arrivée des terriens jusqu'à, euh, disons la fin (je sais, ça fait bancal de dire cela ainsi, mais je ne vais quand même pas tout vous raconter après m'être embêtée à vous fabriquer un quatrième de couverture !).
Ces nouvelles sont parues à partir de 1945 dans des magazines, d'autres ont été rajoutées par la suite pour la version aboutie du livre. La société américaine qui y est décrite est typique des années 1950 tout en restant assez futuriste, voire visionnaire.
J'ai adoré l'ensemble du livre que j'ai dévoré (alors qu'à la base je ne suis fan ni de science-fiction, ni de nouvelles) tant pour ce qui y est raconté que pour son écriture. Certains chapitres ont plus attiré mon attention que d'autres car ils traitent de thèmes que j'affectionne, certains sont assez poétiques.
J'a bien aimé la description des premières tentatives des terriens pour s'installer sur Mars, en particulier la deuxième, où l'incompréhension entre deux civilisations et leur arrogance réciproque en fait une farce qui se transforme en conte cruel.
J'ai bien aimé aussi le chapitre "Usher II" préambule ou rappel (il faudrait que je trouve la date de parution de cette histoire) de "Fahrenheit 451"...
Fan des romans dits du sud des Etats-Unis, j'ai particulièrement aimé le chapitre intitulé "Tout là-haut dans le ciel" qui traite de la ségrégation, ou comment les noirs américains prennent leur indépendance et leur liberté en décidant de construire leur propre fusée et faire montre d'une solidarité sans faille pour y embarquer. Bradbury avait en tout cas bien compris, à son époque, que la ségrégation avec les persécutions de toute une population, ne pouvait plus durer. Sur ce sujet, ce chapitre est brillant.
Mars fait ainsi office de "terre promise" pour eux, bien plus que pour les autres colons dont les motivations sont aussi diverses et variées que l'esprit d'entreprise, la découverte d'un autre monde, l'ambition d'être les pionniers d'un nouveau monde, ou encore la volonté de répondre aux impératifs d'une technocratie pour qui Mars n'est qu'un territoire de plus où s'étendre.
Et là je peux vous dire aussi que j'ai fait le parallèle entre la conquête de Mars et celle des Amériques, en particulier pour ces raisons qui poussent le terrien lambda à s'installer sur Mars, mais aussi pour les circonstances : les premiers essais infructueux qui loin de décourager, ont renforcé la volonté des terriens, les civilisations perdues, les maladies...
C'est dans l'ensemble une belle réflexion sur la nature humaine et ses motivations quand il s'agit d'entreprendre quelque chose, ce qui en découle, les leçons à en tirer. Mais sommes-nous capables de les retenir ?
En tout cas, ce roman reste très actuel et n'est pas prêt de tomber aux oubliettes.
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dimanche 15 avril 2012
Bêtisier des super-héros
4 de couv' :
Si vous avez toujours rêvé de manier le sabre laser ou de rétrécir vos gosses, réveillez-vous : le cinéma, c'est pipeau et compagnie !
La célèbre Professeure Moustache, bien connue des nombreux fans du blog de Marion Montaigne, épluche pour vous les aberrations scientifiques qui peuplent vos films et séries préférés.
La science, ce n'est peut-être pas du cinéma, mais avec la Prof Moustache, c'est terriblement drôle !
Le principe de base, à savoir disséquer de façon humoristico-déjantée les faiblesses scientifiques des films et feuilletons, me plaisait drôlement, d'autant que je suis une fan absolue de Gotlib et ses "Dingodossiers".
De plus, le livre est très agréable : aussi bien le format que le papier utilisé sont très agréable et au toucher, et à l'oeil.
Sauf que je l'ai lu quasiment d'une traite, et que je n'avais fait que survoler le quatrième de couverture.
Il s'agit en fait d'une BD issue d'un blog et si le format blog-BD convient très justement à un blog (soit une parution disons hebdomadaire), ça l'est un peu moins pour une BD (livre).
Je m'explique : c'est très à la mode depuis pas mal de temps, pour les auteurs de BD de se faire connaître via leur blog, principe que je trouve sympa en blog, mais qui peut vite montrer ses limites en BD. En vue de la parution sur un blog, le contenu peut être inégal, voire très inégal, ce n'est pas grave, le côté feuilleton (d'ailleurs utilisé autrefois pour les romans dans les journaux) fait que les fans ne seront pas déçus parce qu'ils attendent chaque épisode avec amusement.
Mais dans un livre, même si celui-ci est bien structuré comme ici, le côté délirant de l'humour utilisé peut lasser assez vite, voire perdre le lecteur entre le présupposé de départ et le produit fini.
Comme je le disais, je n'avais fait que survoler le quatrième de couverture, c'est donc en lisant le livre que j'ai compris qu'il était issu d'un blog-BD, ce que je trouve dommage (mais ça n'engage que moi) car j'aurais préféré que le produit "livre" fasse oublier le blog. (et je suis peut-être vieux jeu aussi)
Et que la professeure Moustache en ait justement, une de Moustache, et ressemble donc à un mec m'a un peu embêtée (du coup, la professeure Moustache en maillot deux pièces, ça fait bizarre). (je suis décidément vieux jeu tendance vieille peau)
Cependant, je continue de trouver le principe de base sympathique (et de préférer les délires des Dingodossiers et "Rubrique à Brac" que je trouve mieux aboutis) et voir les super-héros s'en prendre plein la tronche ça fait du bien. Après tout, pas un d'entre nous n'a regardé un film ou une série américains sans se dire, un jour "euh... ça serait pas un peu exagéré là ? Non ? C'est faisable, ça ?" Et d'en relever les incohérences, qui sont ici finalement très bien relevées, regroupées et répertoriées.
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Si vous avez toujours rêvé de manier le sabre laser ou de rétrécir vos gosses, réveillez-vous : le cinéma, c'est pipeau et compagnie !
La célèbre Professeure Moustache, bien connue des nombreux fans du blog de Marion Montaigne, épluche pour vous les aberrations scientifiques qui peuplent vos films et séries préférés.
La science, ce n'est peut-être pas du cinéma, mais avec la Prof Moustache, c'est terriblement drôle !
Le principe de base, à savoir disséquer de façon humoristico-déjantée les faiblesses scientifiques des films et feuilletons, me plaisait drôlement, d'autant que je suis une fan absolue de Gotlib et ses "Dingodossiers".
De plus, le livre est très agréable : aussi bien le format que le papier utilisé sont très agréable et au toucher, et à l'oeil.
Sauf que je l'ai lu quasiment d'une traite, et que je n'avais fait que survoler le quatrième de couverture.
Il s'agit en fait d'une BD issue d'un blog et si le format blog-BD convient très justement à un blog (soit une parution disons hebdomadaire), ça l'est un peu moins pour une BD (livre).
Je m'explique : c'est très à la mode depuis pas mal de temps, pour les auteurs de BD de se faire connaître via leur blog, principe que je trouve sympa en blog, mais qui peut vite montrer ses limites en BD. En vue de la parution sur un blog, le contenu peut être inégal, voire très inégal, ce n'est pas grave, le côté feuilleton (d'ailleurs utilisé autrefois pour les romans dans les journaux) fait que les fans ne seront pas déçus parce qu'ils attendent chaque épisode avec amusement.
Mais dans un livre, même si celui-ci est bien structuré comme ici, le côté délirant de l'humour utilisé peut lasser assez vite, voire perdre le lecteur entre le présupposé de départ et le produit fini.
Comme je le disais, je n'avais fait que survoler le quatrième de couverture, c'est donc en lisant le livre que j'ai compris qu'il était issu d'un blog-BD, ce que je trouve dommage (mais ça n'engage que moi) car j'aurais préféré que le produit "livre" fasse oublier le blog. (et je suis peut-être vieux jeu aussi)
Et que la professeure Moustache en ait justement, une de Moustache, et ressemble donc à un mec m'a un peu embêtée (du coup, la professeure Moustache en maillot deux pièces, ça fait bizarre). (je suis décidément vieux jeu tendance vieille peau)
Cependant, je continue de trouver le principe de base sympathique (et de préférer les délires des Dingodossiers et "Rubrique à Brac" que je trouve mieux aboutis) et voir les super-héros s'en prendre plein la tronche ça fait du bien. Après tout, pas un d'entre nous n'a regardé un film ou une série américains sans se dire, un jour "euh... ça serait pas un peu exagéré là ? Non ? C'est faisable, ça ?" Et d'en relever les incohérences, qui sont ici finalement très bien relevées, regroupées et répertoriées.
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samedi 14 avril 2012
Lumineux
4 de couv' :
Dans la chaleur de l'été, un père conduit sa fille dans une ferme du Wexford, au fond de l'Irlande rurale. Bien qu'elle ait pour tout bagage les vêtements qu'elle porte, son séjour chez les Kinsella, des amis de ses parents, semble devoir durer. Sa mère est à nouveau enceinte, et il s'agit de la soulager jusqu'à l'arrivée du nouvel enfant. Pour elle qui n'a connu que l'indifférence dans une fratrie nombreuse, la vie prend une nouvelle dimension. Claire Keegan brosse ici le portrait magnifique d'une enfant qui apprend à grandir entourée d'adultes mystérieux et d'une nature dont la beauté coupe le souffle.
Joli petit roman d'un été en quelque sorte initiatique où une petite fille apprend le bonheur et ouvre les yeux sur la réalité de ceux qui l'entourent.
Un court roman, car comme ses personnages principaux, seul l'essentiel est dit. Et dans le même temps, beaucoup est dit et décrit : l'époque, les descriptions du temps, des paysages, des gens, des atmosphères. En peu de mots d'une écriture simple, l'auteure fait passer beaucoup.
Un court roman, plein d'émotion(s), je l'ai fini les larmes aux yeux. Une belle découverte, une bonne surprise, un petit bijou.
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vendredi 13 avril 2012
Magnifique
4 de couv' :
Dans le couchant d'une ville blanche, lumineuse et brûlante, une enfant attend le retour de sa mère. Sur les toits d'un immeuble au sommet de son mode, elle perçoit les bruits d'ailleurs et ceux de l'intérieur. Mais ce soir-là, au-delà du scintillement des vagues, l'angoisse est infinie : la mère ne revient pas. Le cliquetis de ses talons aiguilles, l'éclat synthétique de sa perruque blonde, l'acidulé de ses vêtements, le velours de sa voix ne sont plus. La belle a disparu et l'enfant est perdue.
Face à l'insouciance de son père,, à l'inquiétante inertie des adultes, la petite Rose va réinventer l'histoire...
Un roman magnifique sur la confrontation de l'enfance absolue à l'aridité des choses. Sur ce passage étroit et tumultueux, cet instant précis où l'imaginaire se met à façonner la vie rêvée, où l'alchimie de l'adolescence entre en scène pour inscrire nos vies aux abords du chemin.
Magnifique, c'est peu dire. J'ai adoré ce roman, bien qu'au début je pensais que l'histoire était assez triste, voire sombre, mais non. Le temps de faire connaissance avec les protagonistes et surtout la narratrice, on se laisse emporter par l'écriture. Et je le dis d'autant plus volontiers que certaines phrases font plusieurs lignes, voire pour l'une 4 pages, mais c'est tellement bien écrit qu'on ne s'y perd pas. Au contraire, on ne veut que suivre, on est de tout coeur avec la narratrice, on veut aller jusqu'au bout.
C'est prenant, poétique, intrigant, surprenant.
Petit à petit, le voile se déchire, Rose finit par mieux comprendre les gens qui l'entourent, sa vie. Ou l'importance de dire la vérité aux enfants. Qu'ils se débarrassent de leurs angoisses, inquiétudes, interrogations en n'ayant plus une vision tronquée du monde, de leur monde, à cause des silences et des mensonges des adultes.
D'où le titre de ce roman.
Décidément, je vais en lire d'autres, de cette auteure.
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Dans le couchant d'une ville blanche, lumineuse et brûlante, une enfant attend le retour de sa mère. Sur les toits d'un immeuble au sommet de son mode, elle perçoit les bruits d'ailleurs et ceux de l'intérieur. Mais ce soir-là, au-delà du scintillement des vagues, l'angoisse est infinie : la mère ne revient pas. Le cliquetis de ses talons aiguilles, l'éclat synthétique de sa perruque blonde, l'acidulé de ses vêtements, le velours de sa voix ne sont plus. La belle a disparu et l'enfant est perdue.
Face à l'insouciance de son père,, à l'inquiétante inertie des adultes, la petite Rose va réinventer l'histoire...
Un roman magnifique sur la confrontation de l'enfance absolue à l'aridité des choses. Sur ce passage étroit et tumultueux, cet instant précis où l'imaginaire se met à façonner la vie rêvée, où l'alchimie de l'adolescence entre en scène pour inscrire nos vies aux abords du chemin.
Magnifique, c'est peu dire. J'ai adoré ce roman, bien qu'au début je pensais que l'histoire était assez triste, voire sombre, mais non. Le temps de faire connaissance avec les protagonistes et surtout la narratrice, on se laisse emporter par l'écriture. Et je le dis d'autant plus volontiers que certaines phrases font plusieurs lignes, voire pour l'une 4 pages, mais c'est tellement bien écrit qu'on ne s'y perd pas. Au contraire, on ne veut que suivre, on est de tout coeur avec la narratrice, on veut aller jusqu'au bout.
C'est prenant, poétique, intrigant, surprenant.
Petit à petit, le voile se déchire, Rose finit par mieux comprendre les gens qui l'entourent, sa vie. Ou l'importance de dire la vérité aux enfants. Qu'ils se débarrassent de leurs angoisses, inquiétudes, interrogations en n'ayant plus une vision tronquée du monde, de leur monde, à cause des silences et des mensonges des adultes.
D'où le titre de ce roman.
Décidément, je vais en lire d'autres, de cette auteure.
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mercredi 11 avril 2012
Et un de plus...
Traitez-moi de geek, mais en même temps que le prix littéraire "classique", Cezam organise un prix BD (le lien est un peu long à charger, soyez patients). Inutile de vous dire que je compte bien y participer, mon homme aussi...
D'ailleurs, sans le vouloir / savoir, j'ai déjà commencé vu que j'ai déjà lu une des BD de la sélection.
D'ailleurs, sans le vouloir / savoir, j'ai déjà commencé vu que j'ai déjà lu une des BD de la sélection.
lundi 9 avril 2012
Problème, quel problème ?
4 de couv' :
Jane ne recevait jamais de paquet chez elle. Elle le ramassa. Solide, rectangulaire et plutôt lourd : sans doute un livre. L'écriture sur le paquet lui plut : rapide et vive, dansante et équilibrée. Elle se battit contre l'enveloppe rembourrée, agrafée et collée. Elle en sortit une chemise en carton jaune. Une disquette tomba sur le sol carrelé avec un bruit sec. La chemise contenait un manuscrit en feuilles détachées. Sur la première page, elle lut :
Nous lisons en même temps que Jane le récit qui dévoile sa propre vie dans ses aspects les plus intimes, et nous participons à ses tentatives pour découvrir l'auteur du manuscrit anonyme. A travers ce thrilller psychologique, dans un style simple et tendu, c'est une radiographie des rapports amoureux et sociaux dans l'Amérique contemporaine que nous propose Catherine Cusset.
Pendant la lecture de ce roman, je ne voyais pas du tout le côté thriller. Je ne l'ai franchement bien compris que dans les derniers chapitres du roman, et en particulier sur le dénouement, en apprenant enfin qui est l'auteur du manuscrit.
Effectivement, on se demande avec Jane qui a pu lui envoyer ce manuscrit et dans quel but, on comprend sa tension et son agacement de recevoir un manuscrit qui, de plus, retrace toute sa vie d'adulte et dans de tels détails que seule une personne proche peut connaître. Donc à nouveau : qui et pourquoi ?
D'autant que le début du manuscrit décrit très bien la façon dont elle le reçoit et sa réaction à le découvrir. Et plus on avance dans ce roman, mieux on comprend son interrogation et son inquiétude. Et comme elle, on n'arrive pas à décrocher de la lecture. Un peu par voyeurisme il faut bien dire : comment ne pas résister à lire ce qui est presque comme un journal intime (dates mises à part) mais écrit par quelqu'un d'autre que la personne concernée ? Ce qui en relève le côté malsain du principe de base : un inconnu vous envoie le roman de votre vie, sous son propre angle de vue avec tous les détails dont seuls des proches, individuellement, n'en connaissent qu'une partie... Une biographie intime et non autorisée, en somme...
J'ai par ailleurs trouvé que ce roman était typique des romans des années 90. Il m'a fait penser à ceux de Mary Higgins Clark pour le côté "wonder woman" du personnage décrit dans Jane (brillante carrière, appréciée de ses élèves et collègues, un superbe mari, etc.).
On y retrouve donc une certaine façon de vivre dans l'Amérique des années 80-90 et le monde universitaire américain, côté enseignant, ce qui m'a bien intéressée car je ne connaissais pas. D'autant que Jane est prof de littérature française, même si elle est passionnée de "La Princesse de Clèves", que je n'ai jamais réussi à finir, et de Flaubert (jamais réussi à finir "Madame Bovary" non plus).
Et on voit assez bien aussi un certain état d'esprit de cette époque (et traitez-moi de vieille peau si vous voulez, mais elle serait pas un peu chaudasse, la Jane ?).
Quand Jane comprend qui est l'auteur de ce manuscrit, on prend conscience à quel point il est d'une rare perversité. Ce serait d'ailleurs intéressant de développer dessus, mais ce serait vous dévoiler le dénouement et vous gâcher la lecture du roman. Et qu'en résulte-t'il ? Même réponse, lisez-le !
Je peux en tout cas vous dire ceci, puisque cela est évident tout le long du roman : ou comment quand une personne veut tout savoir de vous et s'en servir pour vous nuire, contrairement à ce qu'on nous ressasse, point besoin est d'utiliser Internet exclusivement puisque la "bulle Internet" n'avait pas encore vraiment explosé au moment de la rédaction du roman.
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Jane ne recevait jamais de paquet chez elle. Elle le ramassa. Solide, rectangulaire et plutôt lourd : sans doute un livre. L'écriture sur le paquet lui plut : rapide et vive, dansante et équilibrée. Elle se battit contre l'enveloppe rembourrée, agrafée et collée. Elle en sortit une chemise en carton jaune. Une disquette tomba sur le sol carrelé avec un bruit sec. La chemise contenait un manuscrit en feuilles détachées. Sur la première page, elle lut :
LE PROBLÈME AVEC JANE
ROMAN
Pas de nom d'auteur. D'après le timbre, le paquet avait été posté à New York cinq jours plus tôt. Elle parcourut rapidement les premières pages. Il s'agissait d'elle. Quelqu'un de bien informé Le manuscrit comptait trois cent soixante pages et s'achevait sur cette phrase : "En bas elle trouva le paquet avec le manuscrit". Jane tressaillit et leva les yeux. On ne voyait rien derrière le carreau sauf la pluie et les fleurs du magnolia dégoulinantes d'eau".Nous lisons en même temps que Jane le récit qui dévoile sa propre vie dans ses aspects les plus intimes, et nous participons à ses tentatives pour découvrir l'auteur du manuscrit anonyme. A travers ce thrilller psychologique, dans un style simple et tendu, c'est une radiographie des rapports amoureux et sociaux dans l'Amérique contemporaine que nous propose Catherine Cusset.
Pendant la lecture de ce roman, je ne voyais pas du tout le côté thriller. Je ne l'ai franchement bien compris que dans les derniers chapitres du roman, et en particulier sur le dénouement, en apprenant enfin qui est l'auteur du manuscrit.
Effectivement, on se demande avec Jane qui a pu lui envoyer ce manuscrit et dans quel but, on comprend sa tension et son agacement de recevoir un manuscrit qui, de plus, retrace toute sa vie d'adulte et dans de tels détails que seule une personne proche peut connaître. Donc à nouveau : qui et pourquoi ?
D'autant que le début du manuscrit décrit très bien la façon dont elle le reçoit et sa réaction à le découvrir. Et plus on avance dans ce roman, mieux on comprend son interrogation et son inquiétude. Et comme elle, on n'arrive pas à décrocher de la lecture. Un peu par voyeurisme il faut bien dire : comment ne pas résister à lire ce qui est presque comme un journal intime (dates mises à part) mais écrit par quelqu'un d'autre que la personne concernée ? Ce qui en relève le côté malsain du principe de base : un inconnu vous envoie le roman de votre vie, sous son propre angle de vue avec tous les détails dont seuls des proches, individuellement, n'en connaissent qu'une partie... Une biographie intime et non autorisée, en somme...
J'ai par ailleurs trouvé que ce roman était typique des romans des années 90. Il m'a fait penser à ceux de Mary Higgins Clark pour le côté "wonder woman" du personnage décrit dans Jane (brillante carrière, appréciée de ses élèves et collègues, un superbe mari, etc.).
On y retrouve donc une certaine façon de vivre dans l'Amérique des années 80-90 et le monde universitaire américain, côté enseignant, ce qui m'a bien intéressée car je ne connaissais pas. D'autant que Jane est prof de littérature française, même si elle est passionnée de "La Princesse de Clèves", que je n'ai jamais réussi à finir, et de Flaubert (jamais réussi à finir "Madame Bovary" non plus).
Et on voit assez bien aussi un certain état d'esprit de cette époque (et traitez-moi de vieille peau si vous voulez, mais elle serait pas un peu chaudasse, la Jane ?).
Quand Jane comprend qui est l'auteur de ce manuscrit, on prend conscience à quel point il est d'une rare perversité. Ce serait d'ailleurs intéressant de développer dessus, mais ce serait vous dévoiler le dénouement et vous gâcher la lecture du roman. Et qu'en résulte-t'il ? Même réponse, lisez-le !
Je peux en tout cas vous dire ceci, puisque cela est évident tout le long du roman : ou comment quand une personne veut tout savoir de vous et s'en servir pour vous nuire, contrairement à ce qu'on nous ressasse, point besoin est d'utiliser Internet exclusivement puisque la "bulle Internet" n'avait pas encore vraiment explosé au moment de la rédaction du roman.
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samedi 7 avril 2012
Pompage
4 de couv' :
C'est d'abord l'histoire d'une rencontre, que seule la littérature rend possible, entre un écrivain magnifique, Karen Blixen, et une petite fille de onze ans qui lit La Ferme Africaine sous une tente. Le temps passant, la petite fille solitaire est devenue une jeune femme qui entreprend d'écrire la biographie de celle qui l'accompagne depuis toujours. Plus elle s'enfonce dans son récit et plus elle découvre que la Karen de ses rêves - qui étouffe dans les salons danois, embarque pour l'Afrique avec Bror, son mari, se consumme d'amour pour Denys, puis revient, dix-sept ans plus tard, à la maison familiale de Rungsteedlund, seule et brisée - la renvoie à sa propre existence et à ses aspirations enfouies.
Commence alors un long chemin intérieur, où le sentiment d'étrangeté au monde, les souvenirs douloureux et les désirs contenus sous les apparences d'une vie rangée sont autant de liens secrets qui réunissent les deux femmes. Karen et moi, ou comment se sauver par l'écriture.
Il s'agit ici d'un roman introspectif et je n'ai pas réussi à accrocher.
La narratrice alterne la vie de Karen Blixen et sa propre vie, faisant un parallèle entre les deux, ce qui était une très bonne idée de départ, et pouvait amener à un grand roman.
Que la narratrice ne se sente pas faite pour le milieu dont elle est issue, soit. Mais au lieu d'en tirer sa force, elle se contente de subir sa vie en silence et donc dans la douleur, toujours indécise sur les choix de sa vie, se contentant (plus confortable ?) de se conformer à ce qu'on attend d'elle. Ça, ça m'a un peu gonflée, mais je comprends aussi que pour d'autres que moi, il ne soit pas toujours facile d'avancer contre vents et marée.
Les personnages réels ou imaginaires qui m'ont toujours le plus intéressés sont justement ceux qui refusent d'entrer dans le moule qu'on leur prédestine et qui prenne (intelligemment) leur vie en main. J'ai donc eu un peu de mal à accorder concession et crédit à la narratrice.
Qui plus est, même si leurs vies respectives ont des similitudes, la comparaison s'arrêtera là : Karen Blixen semblait être une femme d'action, surtout pour son époque, que la narratrice, elle, subit les choses, y compris sa propre douleur et insatisfaction dont elle n'arrive pas à en faire le moteur de sa vie.
Autre point négatif : si vous avez lu "La Ferme Africaine" et/ou vu "Out of Africa", laissez tomber. Si ce n'est pas le cas et voulez un résumé, lisez ce livre. Out of Africa est un superbe film, Karen Blixen a su, paraît-il avec brio (car je ne l'ai pas lu moi-même) écrire dans "La Ferme africaine" sa vie au Kenya.
"Karen et moi" n'y apporte rien de plus. La narratrice a adoré "La Ferme africaine", très bien. Au point que c'est ce livre qui va la pousser à écrire le sien, tant mieux pour elle.
Mais je le répète, j'ai eu la désagréable impression d'un résumé de ce récit.
A cela s'ajoute un résumé de "L'appel de la forêt", un de mes livres préférés certes, mais du coup si vous ne l'avez jamais lu et ne voulez pas en connaître la fin, évitez ce livre-ci. En plus je ne suis pas tout à fait d'accord avec la narratrice sur son interprétation de la fin.
Par contre, elle a adoré ce roman de Jack London et son personnage principal, Buck, tout comme moi, et je dois reconnaître qu'elle sait le mettre en valeur.
Ajoutez encore beaucoup de citations littéraires, que ce livre ne fait que 146 pages et vous comprendrez alors ce qui fait le titre de ce mot de billet.
Entre la vie de Karen Blixen, "L'appel de la forêt" et ces citations, il y a beaucoup trop d'éléments extérieurs à l'introspection de la narratrice, on peut même dire qu'il y en a plus, et ceci est le gros défaut de ce très court roman.
J'aurais aimé plus de réflexions sur sa vie, plus de remises en question sur ses (plus ou moins bons) choix de sa vie, soit une vraie introspection. Et je n'y ai peut-être rien compris, mais cela m'a donné l'impression que tout comme (de son propre aveu) elle est spectatrice de sa propre vie, elle devient lectrice de son propre roman.
Cependant : j'ai beaucoup apprécié la fin du livre car enfin, comme elle le dit elle-même, "plus de triche". En approchant de la fin, elle devient enfin elle-même, l'écriture est plus intéressante, elle se prend en main et, enfin, sa vie avec. C'est sans doute cela qui en fait la force de ce roman et explique qu'il ait de si bonnes critiques.
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C'est d'abord l'histoire d'une rencontre, que seule la littérature rend possible, entre un écrivain magnifique, Karen Blixen, et une petite fille de onze ans qui lit La Ferme Africaine sous une tente. Le temps passant, la petite fille solitaire est devenue une jeune femme qui entreprend d'écrire la biographie de celle qui l'accompagne depuis toujours. Plus elle s'enfonce dans son récit et plus elle découvre que la Karen de ses rêves - qui étouffe dans les salons danois, embarque pour l'Afrique avec Bror, son mari, se consumme d'amour pour Denys, puis revient, dix-sept ans plus tard, à la maison familiale de Rungsteedlund, seule et brisée - la renvoie à sa propre existence et à ses aspirations enfouies.
Commence alors un long chemin intérieur, où le sentiment d'étrangeté au monde, les souvenirs douloureux et les désirs contenus sous les apparences d'une vie rangée sont autant de liens secrets qui réunissent les deux femmes. Karen et moi, ou comment se sauver par l'écriture.
Il s'agit ici d'un roman introspectif et je n'ai pas réussi à accrocher.
La narratrice alterne la vie de Karen Blixen et sa propre vie, faisant un parallèle entre les deux, ce qui était une très bonne idée de départ, et pouvait amener à un grand roman.
Que la narratrice ne se sente pas faite pour le milieu dont elle est issue, soit. Mais au lieu d'en tirer sa force, elle se contente de subir sa vie en silence et donc dans la douleur, toujours indécise sur les choix de sa vie, se contentant (plus confortable ?) de se conformer à ce qu'on attend d'elle. Ça, ça m'a un peu gonflée, mais je comprends aussi que pour d'autres que moi, il ne soit pas toujours facile d'avancer contre vents et marée.
Les personnages réels ou imaginaires qui m'ont toujours le plus intéressés sont justement ceux qui refusent d'entrer dans le moule qu'on leur prédestine et qui prenne (intelligemment) leur vie en main. J'ai donc eu un peu de mal à accorder concession et crédit à la narratrice.
Qui plus est, même si leurs vies respectives ont des similitudes, la comparaison s'arrêtera là : Karen Blixen semblait être une femme d'action, surtout pour son époque, que la narratrice, elle, subit les choses, y compris sa propre douleur et insatisfaction dont elle n'arrive pas à en faire le moteur de sa vie.
Autre point négatif : si vous avez lu "La Ferme Africaine" et/ou vu "Out of Africa", laissez tomber. Si ce n'est pas le cas et voulez un résumé, lisez ce livre. Out of Africa est un superbe film, Karen Blixen a su, paraît-il avec brio (car je ne l'ai pas lu moi-même) écrire dans "La Ferme africaine" sa vie au Kenya.
"Karen et moi" n'y apporte rien de plus. La narratrice a adoré "La Ferme africaine", très bien. Au point que c'est ce livre qui va la pousser à écrire le sien, tant mieux pour elle.
Mais je le répète, j'ai eu la désagréable impression d'un résumé de ce récit.
A cela s'ajoute un résumé de "L'appel de la forêt", un de mes livres préférés certes, mais du coup si vous ne l'avez jamais lu et ne voulez pas en connaître la fin, évitez ce livre-ci. En plus je ne suis pas tout à fait d'accord avec la narratrice sur son interprétation de la fin.
Par contre, elle a adoré ce roman de Jack London et son personnage principal, Buck, tout comme moi, et je dois reconnaître qu'elle sait le mettre en valeur.
Ajoutez encore beaucoup de citations littéraires, que ce livre ne fait que 146 pages et vous comprendrez alors ce qui fait le titre de ce mot de billet.
Entre la vie de Karen Blixen, "L'appel de la forêt" et ces citations, il y a beaucoup trop d'éléments extérieurs à l'introspection de la narratrice, on peut même dire qu'il y en a plus, et ceci est le gros défaut de ce très court roman.
J'aurais aimé plus de réflexions sur sa vie, plus de remises en question sur ses (plus ou moins bons) choix de sa vie, soit une vraie introspection. Et je n'y ai peut-être rien compris, mais cela m'a donné l'impression que tout comme (de son propre aveu) elle est spectatrice de sa propre vie, elle devient lectrice de son propre roman.
Cependant : j'ai beaucoup apprécié la fin du livre car enfin, comme elle le dit elle-même, "plus de triche". En approchant de la fin, elle devient enfin elle-même, l'écriture est plus intéressante, elle se prend en main et, enfin, sa vie avec. C'est sans doute cela qui en fait la force de ce roman et explique qu'il ait de si bonnes critiques.
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vendredi 6 avril 2012
Retrouvailles
4 de couv' :
Résoudre des énigmes n'a jamais effrayé Mme Ramotswe, créatrice de l'Agence n° 1 des Dames Détectives de Gaborone. Tands que son assistante Mma Makutsi défend la cause des femmes du Botswana tout en préparant son mariage, Precious, armée de sa détermination coutumière, mène l'enquête sur un étrange carnage du bétail et les apparitions fantomatiques de sa regrettée camionnette !
Reprendre les aventures de Mma Ramotswe d'année en année, c'est comme retrouver de vieux amis après une longue absence : une douceur sucrée qu'on est sûrs d'apprécier, même si (ou parce que) on ressasse de vieux souvenirs.
Et un vrai réconfort, blottis dans le lit sous la couette le chat à vos côtés, quand vous y êtes cloués avec une bronchite asthmatiforme comme l'a qualifiée mon médecin (allez-y, plaignez-moi).
A l'année prochaine !
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Résoudre des énigmes n'a jamais effrayé Mme Ramotswe, créatrice de l'Agence n° 1 des Dames Détectives de Gaborone. Tands que son assistante Mma Makutsi défend la cause des femmes du Botswana tout en préparant son mariage, Precious, armée de sa détermination coutumière, mène l'enquête sur un étrange carnage du bétail et les apparitions fantomatiques de sa regrettée camionnette !
Reprendre les aventures de Mma Ramotswe d'année en année, c'est comme retrouver de vieux amis après une longue absence : une douceur sucrée qu'on est sûrs d'apprécier, même si (ou parce que) on ressasse de vieux souvenirs.
Et un vrai réconfort, blottis dans le lit sous la couette le chat à vos côtés, quand vous y êtes cloués avec une bronchite asthmatiforme comme l'a qualifiée mon médecin (allez-y, plaignez-moi).
A l'année prochaine !
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jeudi 5 avril 2012
Secrets
4 de couv' :
Quelque part dans un pays imaginaire d'Amérique du Sud, trois femmes d'une même lignée semblent promises à un destin similaire : enfanter une fille sans jamais pouvoir révéler le nom du père. Elles se nomment Rose, Violette et Vera Candida. Chacune à sa manière se bat pour faire honneur à ce qu'elles sont : des mères affranchies, bien décidées à se choisir elle-même leur destinée.
Dès sa quinzième année, Vera Candida décide de quitter l'île de son enfance pour la ville de Lahomeria. Son échappée belle sonne comme le symbole d'une vie nouvelle, où l'on peut abroger le passé et penser à l'amour...
J'avais découvert Véronique Ovaldé avec "Et mon coeur transparent", qui m'avait assez plu, et je m'étais promis de lire d'autres romans d'elle. Et je ne regrette pas, j'ai beaucoup aimé celui-ci.
Sur un style narratif qui m'a un peu fait penser à celui des contes (ou alors, ça fait vraiment longtemps que je n'en ai pas lu), on se sent tout de suite proche de ces femmes et on avance petit à petit dans leur histoire comme elles dans leur vie. On sourit souvent, on est ému. Avec simplicité, l'auteure a su évoquer sans jamais être larmoyante un sujet sombre dans une histoire qui laisse place à l'espoir.
Malgré les épreuves et les barrières qu'elle s'est forgée, Vera Candida continue d'avancer dans sa vie avec courage et détermination.
Un beau livre féminin, tout en finesse, légèreté et subtilité.
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Quelque part dans un pays imaginaire d'Amérique du Sud, trois femmes d'une même lignée semblent promises à un destin similaire : enfanter une fille sans jamais pouvoir révéler le nom du père. Elles se nomment Rose, Violette et Vera Candida. Chacune à sa manière se bat pour faire honneur à ce qu'elles sont : des mères affranchies, bien décidées à se choisir elle-même leur destinée.
Dès sa quinzième année, Vera Candida décide de quitter l'île de son enfance pour la ville de Lahomeria. Son échappée belle sonne comme le symbole d'une vie nouvelle, où l'on peut abroger le passé et penser à l'amour...
J'avais découvert Véronique Ovaldé avec "Et mon coeur transparent", qui m'avait assez plu, et je m'étais promis de lire d'autres romans d'elle. Et je ne regrette pas, j'ai beaucoup aimé celui-ci.
Sur un style narratif qui m'a un peu fait penser à celui des contes (ou alors, ça fait vraiment longtemps que je n'en ai pas lu), on se sent tout de suite proche de ces femmes et on avance petit à petit dans leur histoire comme elles dans leur vie. On sourit souvent, on est ému. Avec simplicité, l'auteure a su évoquer sans jamais être larmoyante un sujet sombre dans une histoire qui laisse place à l'espoir.
Malgré les épreuves et les barrières qu'elle s'est forgée, Vera Candida continue d'avancer dans sa vie avec courage et détermination.
Un beau livre féminin, tout en finesse, légèreté et subtilité.
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dimanche 1 avril 2012
Veilleurs
4 de couv' :
Oscar Nexus, veilleur de nuit marginal, tue trois personnes dans la rue, puis s'endort sur les cadavres. Interné dans une clinique, il affirme avoir sauvé le monde. Son médecin, Joachim Traumfreund, fait une surprenante découverte : chaque nuit, Oscar reprend le même Grand Rêve. Pour comprendre le mobile des crimes, il s'immerge dans cet univers onirique où Nexus mène une véritable vie parallèle.
Sur le quatrième de couverture, seule la première phrase (à la rigueur, la deuxième) est correcte. Le reste est inexact : Nexus et Traumfreund ne sont pas les seuls personnages principaux du roman, il y a aussi et avant tout Rilviero, un policier. C'est lui qui est chargé de mener l'enquête. Il s'agit ici d'un trio, non d'un affrontement entre deux protagonistes. Je reconnais cependant qu'il ne doit être guère aisé de synthétiser 760 pages en quelques lignes.
Ce n'est d'ailleurs pas seulement à cause de la longueur de ce roman que j'ai mis autant de temps à le lire : j'avais du mal à m'immerger dans un livre le soir en rentrant du boulot, et pas tant que ça de temps (ou pas plus de volonté) le week-end. J'en ai donc eu une lecture assez fractionnée, ne facilitant guère cette immersion.
Alors, sur ce roman : en cours de lecture, j'étais assez perplexe sur son genre.
Il est vendu au rayon polar, mais puisqu'on connaît le coupable et qu'il a déjà été condamné avant le début de l'histoire, l'enquête porte sur ses motivations, ce qui est une approche assez originale pour un polar.
Et puisque Nexus raconte ses rêves se déroulant dans un monde parallèle, cela m'a fait penser à de la fantasy, jusqu'à ce que je réalise que ce monde est un peu similaire au nôtre ce qui n'était pas évident à réaliser au début. C'est un monde entier à découvrir au fil des chapitres.
La construction alterne donc le réel et les rêves de Nexus, avec une frontière parfois fragile entre les deux ce qui fait que comme Nexus, on finit par ne plus savoir ce qui est réel dans un premier temps puis à croire en l'existence de ce monde. Là-dessus, c'est très bien amené.
Désolée de ne pas en dire plus, mais ce serait tout dire du roman, et je trouve que ce que je viens de développer est déjà beaucoup.
Cette alternance entre les deux monde suscite des discussions entre les différents protagonistes dans chacun des deux mondes (précision : pas entre les protagonistes d'un monde à l'autre. Chacun reste dans le sien). Discussions sur des sujets aussi varié que le mal, le bien, la guerre, la paix, la société (celle qu'on a, celle qu'on veut), la démocratie, la dictature, la liberté et autres.
Cela pourrait inciter certains lecteurs à amorcer une réflexion sur les sujets abordés, pour ma part je me suis beaucoup retrouvée dans certains commentaires ou argumentations. Un genre de conte philosophique ?
Sur l'écriture : un vrai bonheur.
L'auteur aime les mots, la langue française, il aime jouer avec et ça tombe juste. Parfois, il fait des néologismes, détourne certaines expressions ou tournure de phrase et ça tombe toujours juste.
J'ai déjà lu des auteurs dont les descriptions sont tellement longues qu'elles finissent par perdre et ennuyer le lecteur, ils ne font que se faire plaisir et oublient que le lecteur doit avoir du plaisir à les lire. Et ne sont finalement que des phraseurs. Vincent Message, lui, manie tellement bien la langue que c'en est un vrai bonheur de le suivre. Je pense en particulier à une course effrénée à dos de cheval, on a l'impression d'y être, on ressent l'accélération et l'emballement de la course rien qu'au rythme soutenu des phrases, on en oublierait presque qu'on est confortablement assis dans son fauteuil.
J'ai d'ailleurs failli plusieurs fois (ah, la description d'une certaine nuance de la couleur bleue !) le citer dans ce blog pour vous mettre l'eau à la bouche.
C'est un beau travail de maîtrise de l'écriture et un auteur à suivre car prometteur.
Par contre, même si c'est un vrai bonheur de le lire, il est un peu trop long (ou alors c'est mon ressenti en raison de ma difficulté ces dernières semaines à mettre le nez dans un bouquin). J'ai failli laisser tomber car je ne voyais plus où tout cela nous menait. A un moment, dans cette description-découverte d'un nouveau monde, j'avais l'impression de faire du sur-place.
Mais tant qu'à être arrivée aux deux tiers du roman, je me suis dis que ce serait bête d'abandonner. Qui plus est, considérant ce que j'avais déjà lu et que l'auteur avait réussi à nous amener jusqu'à un certain point de son récit, je me suis dit que les 250 dernières pages devaient sûrement nous amener des surprises.
Et en effet, je n'ai pas regretté d'avoir poursuivi, j'ai bien aimé le dénouement et n'ai pas pu lâcher les 150 dernières pages, trop prise par les dernières révélations.
De ce (décidément long) premier roman, je retiens donc un style d'écriture qui m'a vraiment beaucoup plu et son originalité (d'autant que j'ai toujours aimé les histoires de monde parallèle) bien qu'il aurait peut-être gagné à être un peu plus court.
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Oscar Nexus, veilleur de nuit marginal, tue trois personnes dans la rue, puis s'endort sur les cadavres. Interné dans une clinique, il affirme avoir sauvé le monde. Son médecin, Joachim Traumfreund, fait une surprenante découverte : chaque nuit, Oscar reprend le même Grand Rêve. Pour comprendre le mobile des crimes, il s'immerge dans cet univers onirique où Nexus mène une véritable vie parallèle.
Sur le quatrième de couverture, seule la première phrase (à la rigueur, la deuxième) est correcte. Le reste est inexact : Nexus et Traumfreund ne sont pas les seuls personnages principaux du roman, il y a aussi et avant tout Rilviero, un policier. C'est lui qui est chargé de mener l'enquête. Il s'agit ici d'un trio, non d'un affrontement entre deux protagonistes. Je reconnais cependant qu'il ne doit être guère aisé de synthétiser 760 pages en quelques lignes.
Ce n'est d'ailleurs pas seulement à cause de la longueur de ce roman que j'ai mis autant de temps à le lire : j'avais du mal à m'immerger dans un livre le soir en rentrant du boulot, et pas tant que ça de temps (ou pas plus de volonté) le week-end. J'en ai donc eu une lecture assez fractionnée, ne facilitant guère cette immersion.
Alors, sur ce roman : en cours de lecture, j'étais assez perplexe sur son genre.
Il est vendu au rayon polar, mais puisqu'on connaît le coupable et qu'il a déjà été condamné avant le début de l'histoire, l'enquête porte sur ses motivations, ce qui est une approche assez originale pour un polar.
Et puisque Nexus raconte ses rêves se déroulant dans un monde parallèle, cela m'a fait penser à de la fantasy, jusqu'à ce que je réalise que ce monde est un peu similaire au nôtre ce qui n'était pas évident à réaliser au début. C'est un monde entier à découvrir au fil des chapitres.
La construction alterne donc le réel et les rêves de Nexus, avec une frontière parfois fragile entre les deux ce qui fait que comme Nexus, on finit par ne plus savoir ce qui est réel dans un premier temps puis à croire en l'existence de ce monde. Là-dessus, c'est très bien amené.
Désolée de ne pas en dire plus, mais ce serait tout dire du roman, et je trouve que ce que je viens de développer est déjà beaucoup.
Cette alternance entre les deux monde suscite des discussions entre les différents protagonistes dans chacun des deux mondes (précision : pas entre les protagonistes d'un monde à l'autre. Chacun reste dans le sien). Discussions sur des sujets aussi varié que le mal, le bien, la guerre, la paix, la société (celle qu'on a, celle qu'on veut), la démocratie, la dictature, la liberté et autres.
Cela pourrait inciter certains lecteurs à amorcer une réflexion sur les sujets abordés, pour ma part je me suis beaucoup retrouvée dans certains commentaires ou argumentations. Un genre de conte philosophique ?
Sur l'écriture : un vrai bonheur.
L'auteur aime les mots, la langue française, il aime jouer avec et ça tombe juste. Parfois, il fait des néologismes, détourne certaines expressions ou tournure de phrase et ça tombe toujours juste.
J'ai déjà lu des auteurs dont les descriptions sont tellement longues qu'elles finissent par perdre et ennuyer le lecteur, ils ne font que se faire plaisir et oublient que le lecteur doit avoir du plaisir à les lire. Et ne sont finalement que des phraseurs. Vincent Message, lui, manie tellement bien la langue que c'en est un vrai bonheur de le suivre. Je pense en particulier à une course effrénée à dos de cheval, on a l'impression d'y être, on ressent l'accélération et l'emballement de la course rien qu'au rythme soutenu des phrases, on en oublierait presque qu'on est confortablement assis dans son fauteuil.
J'ai d'ailleurs failli plusieurs fois (ah, la description d'une certaine nuance de la couleur bleue !) le citer dans ce blog pour vous mettre l'eau à la bouche.
C'est un beau travail de maîtrise de l'écriture et un auteur à suivre car prometteur.
Par contre, même si c'est un vrai bonheur de le lire, il est un peu trop long (ou alors c'est mon ressenti en raison de ma difficulté ces dernières semaines à mettre le nez dans un bouquin). J'ai failli laisser tomber car je ne voyais plus où tout cela nous menait. A un moment, dans cette description-découverte d'un nouveau monde, j'avais l'impression de faire du sur-place.
Mais tant qu'à être arrivée aux deux tiers du roman, je me suis dis que ce serait bête d'abandonner. Qui plus est, considérant ce que j'avais déjà lu et que l'auteur avait réussi à nous amener jusqu'à un certain point de son récit, je me suis dit que les 250 dernières pages devaient sûrement nous amener des surprises.
Et en effet, je n'ai pas regretté d'avoir poursuivi, j'ai bien aimé le dénouement et n'ai pas pu lâcher les 150 dernières pages, trop prise par les dernières révélations.
De ce (décidément long) premier roman, je retiens donc un style d'écriture qui m'a vraiment beaucoup plu et son originalité (d'autant que j'ai toujours aimé les histoires de monde parallèle) bien qu'il aurait peut-être gagné à être un peu plus court.
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