dimanche 29 septembre 2019

Orléans

4 de couv' :
"Et je me promis qu'un jour, quand je saurais écrire la vérité dans sa simplicité nue, je la dirais dans un roman d'humiliation comme il existe des romans d'initiation."

Un chef d'oeuvre, vraiment. Les frileux du Goncourt ont dénaturé la sélection de cette année en le retirant de la liste.
Tant pis pour eux.

Contrairement à ce qui a été dit, il ne s'agit pas d'une énième diatribe contre ses parents, même si la première partie relate abondamment ce qu'il a subit.

Contrairement à ce que j'ai entendu ça et là, je trouve que la deuxième partie vaut autant que la première, les deux se complétant et se répondant parfaitement.

C'est avant tout un superbe hommage à la littérature, qu'on la lise ou l'écrive (et dans son cas, les deux à la fois), ce qu'elle peut nous apporter au quotidien, soutien, consolation, lumière, connaissance, simple plaisir de lecture. Une élévation de soi, de l'âme, de sa conscience.
Un enrichissement certain.

En tant que lecteur/lectrice, on ne peut que se retrouver dans ce qui y est dit.
C'est un lecteur qui parle à d'autre lecteurs de sa passion de la littérature, qui rend hommage non seulement à la littérature, mais aussi aux auteurs, à ses auteurs préférés, et indirectement, à nos auteurs préférés, qui ne sont pas forcément les siens, mais qu'importe.
Son amour de la littérature fait écho au nôtre.

Une belle écriture, un humour subtil, sous forme d'auto-dérision, un certain regard (attendri ?) de l'homme mûr de maintenant sur l'enfant et l'adolescent d'alors (et là aussi, on ne peut que se reconnaître dans ces portraits de l'enfance et de l'adolescence).

Cet hommage est une marque de reconnaissance, un remerciement pour tout ce que ces auteurs lui ont apporté.

Chapeau bas, vraiment.
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samedi 28 septembre 2019

Fallen Angel

4 de couv' :
Qui a tué Lucie Fersen, star incontesté de la musique contemporaine, qui avait le génie et la beauté d'un ange ?
Le soir du réveillon, Sybille, jeune journaliste, assiste au concert du prestigieux Fersen Orchestra et à l'effondrement de sa chef d'orchestre face au public. L'ex-enfant prodige, adulée et comparée à Mozart, est à 36 ans au faîte de la gloire et de la maturité. Tout le contraire de Sybille et de sa bande d'amis qui vont avoir 30 ans et peinent à s'émanciper. Mais ne serait-ce pas un atout pour découvrir la faille du personnage génial, paradoxal et déchirant qu'était Lucie ?


Si on retrouve ici avec bonheur l'agréable écriture de Stéphanie Janicot, ainsi que ce thème cher à ses romans qu'est la famille, force est de constater que j'ai été assez déçue par ce roman.

Je n'ai guère trouvé crédible la facilité avec laquelle Sybille, la journaliste, a pu avoir accès aux interrogatoire des suspects, guère crédible non plus le fait que la police française fasse venir des Etats-Unis les proches de la victime (j'aurais plutôt imaginé une coopération entre polices française et américaine, totalement inexistante ici), et que sur une affaire d'une telle ampleur médiatique, bien qu'elle travaille sur son article, elle mette autant de temps à le produire. Sans compter le personnage de Lucie, ex-enfant démesurément prodige.
Je n'ai pas non plus accroché au trio d'amis, pas assez consistant.
Et (je sais, je suis lourde avec ça) un chouïa trop de dialogues.

Sur l'intrigue en elle-même, c'est plutôt bien trouvé. Mais aurait pu faire mieux je trouve, dans le genre, j'avais bien plus aimé "L'oeil du cyclone".
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vendredi 27 septembre 2019

Lamentation

4 de couv':
Angleterre, 1546. Rien ne va plus au royaume des Tudors : alors qu'il s'apprête à pousser son dernier soupir, Henri VIII tente un ultime rapprochement avec le catholicisme. La chasse aux hérétiques protestants est de nouveau ouverte. Matthew Shardlake, le célèbre avocat, est alors contacté par Catherine Parr, sixième épouse du souverain, terrifiée : fervente protestante, elle vient de se faire dérober son journal intime, la menaçant d'une mort certaine. Et toute la dynastie des Tudors risquerait de tomber dans sa chute.
Pour Shardlake, le défi est de taille. Entre sombres machinations, passions dévastatrices et tensions religieuses, il est prêt à tout pour sauver sa fidèle protectrice...


Ce fut avec un réel plaisir que j'ai retrouvé cette série de polars dont j'avais déjà parlé ici. Et comme cela fait depuis 2011 que je n'avais rien lu de cet auteur, ce n'est qu'à la centième page du roman que je me suis demandé "au fait, je l'ai vraiment lu, le cinquième tome ?" Je n'en ai retrouvé trace nulle part... Je dirais que non...

Cela étant, j'ai particulièrement apprécié la qualité d'écriture, la galerie de personnages (qu'ils aient réellement existé ou non), les détails historiques, la très pédagogique et pas du tout rasante reconstitution du contexte historique, et une excellente maîtrise de l'intrigue. Beaucoup de narration, des dialogues en quantité bien dosée.

Bref, 914 excellentes pages de polar (plus la trentaine de précisions historiques).

Un vrai ravissement que cette lecture !
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mercredi 25 septembre 2019

Les Chronolithes

4 de couv' :
La vie de Scott Warden bascule le jour où il est témoin de l'apparition du premier Chronolithe à Chumphon, en Thaïlande. Ce monument hors du commun célèbre la victoire du seigneur de guerre Kuin. Mais cette victoire n'aura lieu que dans vingt ans et trois mois.Qui peut bien être ce Kuin dont on ignore tout ? Et comment ce monument a-t-il pu venir quasi instantanément du futur ? Autant de questions auxquelles vont tenter de répondre Scott et son ancienne professeure de physique, Sulamith Chopra, pendant qu'autour d'eux le monde semble s'écrouler, dans l'attente de l'évènement de Kuin.


Je retrouve ici un peu de ce qui est décrit dans la trilogie "Spin", du même auteur : face à un évènement exceptionnel, comment va réagir l'humanité ?

Cette fois, l'évènement n'est rien de moins que connaître ce qui va se passer dans le futur, qui plus est un futur relativement proche. Sans trop en dévoiler ici, ce serait dommage, on en voit les conséquences sur les gouvernements, mais surtout les individus, leurs croyances, leurs ambitions...
Et dans la vie, la société, quelle est la part de volonté et de destin (soi-disant) tout tracé ?

Un excellent roman de science-fiction, avec comme toujours avec Robert Charles Wilson, un fin ouverte, pour que chacun laisse libre cours à sa propre compréhension.
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lundi 23 septembre 2019

Patte de velours, oeil de lynx

4 de couv' :
Sara et Björn ont quitté la vie citadine pour s'installer à la campagne dans la maison qu'ils viennent de rénover. A la clé, un grand jardin à défricher, paradis d'espace et de liberté pour eux comme pour leur chatte, Michka.
Le couple d'en face, uniques voisins, leur réserve un accueil plus que cordial, thermos de café et brioches maison en guise de cadeaux de bienvenue. Ils n'ont qu'un seul défaut, leur propre chat, Alexander, un animal belliqueux qui défend son territoire toutes griffes dehors.
Tel chat, tels maîtres ? Les cicatrices du passé et la fragilité des êtres révèlent parfois de biens sombres desseins. Au fond du jardin ou derrière les rideaux tirés, une guerre des nerfs s'engage.
Un conseil : ne sortez jamais sans votre sécateur.


Petit livre offert par mon homme pour mon anniversaire "parce qu'il y avait un chat sur la couverture" (non mais vous avez vu la gueule du félin en question ?). Ce fut une lecture sympathique entre deux romans.

Bon, pour ce qui est des histoires entre voisins, surtout des voisins inquiétants voire carrément flippants, rien ne surpasse pour moi l'excellent "Les Catilinaires" d'Amélie Nothomb.

Je regrette que l'histoire fut aussi courte (à peine plus de 100 pages), elle aurait pu être plus et mieux étoffée, mais je pense que l'envie de l'auteure était de s'amuser avec l'idée "on sait ce qu'on quitte, pas ce qu'on va trouver en arrivant".
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samedi 21 septembre 2019

La vie secrète des écrivains

4 de couv' :
En 1999, après avoir publié trois romans devenus cultes, le célèbre écrivain Nathan Fawles annonce qu'il arrête d'écrire et se retire à Beaumont, une île sauvage et sublime au large des côtes de la Méditerranée.
Automne 2018. Fawles n'a plus donné une seule interview depuis vingt ans. Alors que ses romans continuent de captiver les lecteurs, Mathilde Monney, une jeune journaliste suisse, débarque sur l'île, bien décidée à percer son secret.
Le même jour, un corps de femme est découvert sur une plage et l'île est bouclée par les autorités. Commence alors entre Mathilde et Nathan un dangereux face à face, où se heurtent vérités occultées et mensonges assumés, où se frôlent l'amour et la peur...


Je ne suis guère enthousiaste sur ce roman. Trop de dialogues, qui est le reproche habituel que je fais sur les romans de Guillaume Musso et Marc Lévy,. Et si beaucoup (trop) de dialogues peut être acceptable pour certains types de romans, je trouve sincèrement que cela ne correspond vraiment pas aux romans policiers, qui pour être crédibles ont besoin de davantage de narration, qui permet de mettre patiemment chaque pièce du puzzle en place, d'amener subtilement et logiquement chaque rebondissement et de progresser intelligemment jusqu'au dénouement.

Si l'histoire de départ (intrigues diverses et dénouement compris) était au départ une bonne idée, je trouve qu'elle aurait gagné en densité avec bien plus de narration, un roman plus long (et tant pis si on avait dû attendre un ou deux ans de plus la sortie de ce livre), bien plus de psychologie des personnages, et de détails sur leur passé qui aurait amené par petites touches les différents rebondissements et vers le dénouement. Qui, ici, étaient trop. Trop de rebondissements, trop mal amenés, trop gros surtout. Et sur la toute dernière révélation du roman : plagiat de la fin d'un film (dont j'ai oublié le titre) ? Cela m'a désagréablement troublée sur la fin.

C'est la narration qui, pour moi, fait toute l'ossature d'un bon polar.

Donc même si j'ai apprécié l'originalité de l'histoire et que je reconnais que l'intrigue imaginée par l'auteur étaient bien trouvées, je regrette que ce dernier n'ait pas pris plus de temps pour étoffer son roman. Faut-il vraiment qu'il sorte un livre absolument tous les ans ?
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dimanche 8 septembre 2019

Bétibou

4 de couv' :
Dans un écrin de verdure à la périphérie de BuenosAires, un country club ultra-protégé, un homme est  trouvé la gorge tranchée. La presse s'empare de l'évènement et le journal El Tribuno dépêche sur place l'écrivain Nurit Iscar, qui va livrer des chroniques depuis l'intérieur du "sanctuaire". Au sein de la rédaction, l'affaire est suivie par un novice de la rubrique Faits divers, épaulé en sous-main par le vétéran du service récemment muté. Au rythme des meurtres qui s'accumulent, les trois comparses constatent que leurs propres déductions sont étrangement éloignées de celles de l'inspecteur en charge du dossier.
Les étapes de l'enquête, minutieusement concomitantes de choix de vie décisifs pour les protagonistes, donnent lieu à une critique féroce et enlevée des travers de la société argentine contemporaine : une presse inféodée au pouvoir, des forces de sécurité corrompues, une caste de privilégiés omnipotents.


Drôle de polar que celui-ci, qui m'a assez plu au final mais qui sort un peu de l'ordinaire par rapport à ceux que je lis habituellement (et c'est très bien comme ça). Déjà  parce que ceux qui mènent l'enquête sont journalistes ou romancier, ce qui change des traditionnels policiers/policiers à la retraite/détective privé/shérifs ou autres.

Moi qui ne raffole pas des romans remplis à outrance de dialogues, j'ai été gâtée, ceux-ci étant intégrés dans la narration. Ce qui était en fait plutôt perturbant (jamais contente !) car sans guillemets, retour à la ligne et tirets, il était parfois difficile au début de se rendre compte qu'on entrait parfois dans un dialogue et de savoir qui parlait à quel moment.
Et là je ne parle que de dialogues entre deux personnages, je vous laisse imaginer entre plusieurs, en particulier la scène où six des personnages, pour ma plus grande hilarité, essayent de maintenir une conversation raisonnable en se partageant un joint... Je vous laisse imaginer (ou lire).

Pour les amateurs de polars à action ou de thrillers, passez votre route.
Ici, point d'action, la mise en place est lente et l'ouvrage est plus concentré sur les personnages et leurs problèmes personnels (leur vie, le temps qui passe, etc.) car les personnages principaux sont proches de la cinquantaine ou l'ont atteinte - ce qui me convient vu que j'ai fêté jeudi mes 48 ans (48 ! J'en ai 35 dans la tête et à peine plus dans le miroir) - mais risque de rebuter des lecteurs franchement plus jeunes. Sans compter diverses digressions peu voire pas en rapport avec l'enquête.

Et cerise sur le gâteau, ce roman m'a permis de connaître un peu de l'Argentine actuelle.
Et l'histoire à l'origine de Betty Boop (surnom donné au personnage central et titre de ce roman) : ici et surtout ici.

Tout cela ma énormément plu, je pense lire d'autres romans de cette auteure.
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lundi 2 septembre 2019

Nulle autre voix

4 de couv' :
"Je suis ou je serai bientôt un personnage de roman.
Un roman qui aura pour mots clés : Femme. Meurtre. Prison. Violence. Silence."
Elle a tué. Elle a purgé sa peine. Elle se tait. Tout est dit. Jusqu'au jour où une femme vient frapper à saporte.
Pourquoi lui ouvre-t-elle ? Peut-être parce que celle qui se rpésente comme l'écrivaine a prononcé le mot "criminelle". Elle ne sait pas.
D'abord rétive, elle se (dé-)livrera peu à peu. Paroles nues, paroles crues, qui démaillent, point par point, une histoire ancestrale, qui ne se raconte pas.

Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu un roman de Maïssa Bey et c'est donc avec plaisir que j'ai retrouvé cette auteure, sa délicatesse, sa poésie et ses vérités bien senties apportées par petites touches subtiles.

J'ai particulièrement apprécié que l'accroche ait pour point de départ une auteure voulant écrire l'histoire d'une criminelle mais que tout le roman n'ait qu'une seule narratrice, la "criminelle". Et non son histoire, racontée par une écrivaine.

C'est donc elle qui raconte, par ses réflexions sous forme de pensée, de journal intime, de lettres adressées à l'écrivaine qui vient la rencontrer. Sur ce qu'elle a fait, sa vie passée et présente, son entourage, son regard sur elle-même, leurs entretiens et les pensées ou l'écho qu'ils ont suscités en elle.

Une façon très douce d'aborder de graves sujets.

Et pour en savoir un peu plus sur ce roman, c'est par ici.
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