Ce qui fait de ce livre grave et pudique un roman solaire, c'est d'abord le lieu : l'île aux citrons dans la mer intérieure du Japon, qu'il faut gagner en bateau ; et encore, l'image magnifique de l'union de la mer, du ciel et de la lumière : la mer scintillante, illuminée par un incroyable sourire, surplombée par la Maison du Lion, ce leu de paix où Shizuko a choisi de venir pour vivre pleinement ses derniers jours en attendant la mort.
Avec elle, nous faisons la connaissances des pensionnaires - ses camarades, ses alliés et pour tout dire, sa nouvelle famille - ainsi que de la chienne Rokka qui s'attache à elle pour son plus grand bonheur. En leur compagnie, il y aura aussi les goûters du dimanche où grandit peu à peu son amour de la vie qu'on savoure en même temps qu'un dessert d'enfance, une vie qui aurait le goût de la fleur de tofu, d'une tarte aux pommes ou des mochis-pivoines.
Avec la délicatesse d'écriture que nous lui connaissons dans ses précédents romans, Ogawa Ito entraîne peu à peu Shizuko sur un chemin de poésie dont la mélodie possède la voix grave et conciliante d'un violoncelle ; un chemin apaisé comme pour dire la gratitude d'exister.
Jamais le thème de la fin de vie n'aura été si brillamment et délicatement écrit qu'avec ce livre.
Ito Ogawa est maintenant bien connue pour sa facilité à aborder les sujets les plus délicats dans ses romans empreints de délicatesse et de douceur. Celui-ci est le meilleur qu'elle ait écrit et nous renvoie à nos propres interrogations et perceptions de notre mort.
J'ai eu la surprise de trouver dans ce roman tous es thèmes abordés dans les précédents, de façon plus ou moins poussée selon le thème : la saveur de chaque plat préparé et ce qu'il peut remuer en nous (le restaurant de l'amour retrouvé) ; l'affection pour un animal ("Le ruban", que je n'ai pas encore lu) ; l'adoption, la notion de famille, recomposée ou pas (Le jardin arc-en-ciel) ; et dans une certaine mesure, la calligraphie (La papeterie Tsubaki et La république du bonheur).
J'ai été très (agréablement) surprise de retrouver tous ces thèmes en un seul livre, à croire que ce roman est un lien entre eux tous.
L'apogée de son oeuvre en tout cas.
Une caresse apaisante sur une angoisse existentielle commune à tous.
Bravo.
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